- 1 - L’équilibre alimentaire, un des piliers de la santé globale
- 2 - La plus grande expérimentation réalisée à ce jour
- 3 - Une incitation à manger plus de fruits et légumes qui fonctionne
- 4 - Plus de 6 adultes sur 10 se sont dits en meilleure santé
- 5 - Prescrire des fruits et légumes pour protéger la santé cardiovasculaire
- 6 - Une mesure utile aussi contre l’insécurité alimentaire
- 7 - Des légumes sur ordonnance : l'avis d'un nutritionniste
En France, depuis 2017, les médecins sont habilités à prescrire de l’activité physique adaptée, sur ordonnance à leurs patients. Sont concernés en particulier ceux souffrant de maladie chronique ou d’affection de longue durée, ou encore ceux "présentant des facteurs de risques et des personnes en perte d'autonomie", précise le texte de loi en vigueur du 2 mars 2022, visant à démocratiser le sport en France.
Dans ce cadre, "le médecin intervenant dans la prise en charge peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient".
Cette mesure, qui s’appuie sur les bienfaits avérés de l’activité physique régulière, vise à améliorer la santé des patients concernés en incitant à adopter un "mode de vie physiquement actif".
L’équilibre alimentaire, un des piliers de la santé globale
Si l’activité physique est considérée comme un pilier de la santé et du bien-être par la Haute Autorité de Santé, une alimentation équilibrée n’en constitue pas moins une clé essentielle. Dès lors, pourrait-on un jour envisager d’élargir cette mesure du sport sur ordonnance au panier de fruits et légumes ? Aux Etats-Unis, cette idée est défendue becs et ongles par des chercheurs américains, qui viennent de prouver le bien-fondé des fruits et légumes sur ordonnance auprès sur un vaste panel d’Américains.
La plus grande expérimentation réalisée à ce jour
Leur recherche, parue dans la revue Circulation, n’est pas la première à examiner l’impact de programmes individuels de prescription de végétaux sur la santé de la population. Mais elle constitue à ce jour la plus grande étude de prescription de fruits et légumes jamais réalisée, en se basant sur les données de neuf programmes conduits à travers les États-Unis, après 4 à 10 mois d’expérimentation.
Les résultats de cette vaste expérience ont démontré l’intérêt thérapeutique de prescrire des fruits et légumes aux participants présentant un risque accru de maladie cardiovasculaire.
Une incitation à manger plus de fruits et légumes qui fonctionne
Les chercheurs ont réalisé leur analyse sur 1 817 enfants et 2 064 adultes. Ceux-ci se sont inscrits à l'un des neuf programmes de prescription de fruits et légumes gérés par l'organisation à but non lucratif Wholesome Wave, entre 2014 et 2020, et proposés dans des communautés à faible revenu dans douze États américains.
Pour observer dans quelle mesure la prescription de fruits et légumes peut améliorer la santé et le bien-être globale, les participants à l'étude ont reçu un montant médian de 63 dollars par mois (58,72 euros) afin d’acheter des fruits et légumes chez les producteurs et les magasins locaux. Ils ont en parallèle suivi des cours de nutrition.
Au début et à la fin du programme, qui a duré de 4 à 10 mois, les participants ont rempli des questionnaires sur leurs habitudes de consommation de fruits et légumes, mais aussi des questions ayant trait à l'insécurité alimentaire et à leur état de santé.
Plus de 6 adultes sur 10 se sont dits en meilleure santé
Différentes mesures ont été enregistrées sur les participants en début et en fin de programme, comme la tension artérielle, le poids, la taille ou encore la mesure du taux de sucre dans le sang.
Verdict à l’issue de l’expérience : l’ensemble des participants a augmenté sa consommation de végétaux (de près d’une tasse par jour pour les adultes et d’un quart de tasse par jour), et l’état de santé global s’est embelli : 62 % des adultes ont déclaré se sentir en meilleure santé à la fin du programme. La moitié des enfants a déclaré un meilleur état de santé.
Cette amélioration de la santé globale a été constatée également à travers différents marqueurs, tels que l'indice de masse corporelle (IMC), la glycémie (niveau de glucose dans le sang) et la pression artérielle.
Prescrire des fruits et légumes pour protéger la santé cardiovasculaire
Dans le détail, chez les adultes souffrant d’hypertension artérielle, la pression artérielle systolique (quand le cœur se contracte, pousse et vide le sang dans les artères) a diminué de plus de 8 millimètres de mercure (mm Hg), tout comme la pression artérielle diastolique (la pression artérielle entre les battements de cœur ), qui elle, s’est infléchie de près de 5 mm Hg.
Chez les participants adultes atteints de diabète, la glycémie a diminué.
Quant à l’indice de masse corporel (IMC), outil de mesure de surpoids et d’obésité, il s'est amélioré considérablement chez les adultes en situation d’obésité, avec une réduction de 0,52 kilogramme par mètre carré (kg/m2).
Ces résultats illustrent l’efficacité d’une mesure destinée à encourager la consommation de végétaux, à l’heure où les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 parmi d’autres maladies chroniques, liées à une mauvaise alimentation, explosent aux Etats-Unis. En 2019, la malbouffe a causé près de 8 millions de décès dans le pays, rappelle l’association Wholesome wave.
Une mesure utile aussi contre l’insécurité alimentaire
Autre enseignement intéressant, cette prescription de fruits et légumes aiderait aussi à lutter contre la précarité alimentaire, puisque les participants ont réduit d’un tiers leur risque de souffrir d’insécurité alimentaire, à la sortie du programme.
L’insécurité alimentaire, définie par le manque d’accessibilité aux aliments sains et nutritifs pour la santé, est un fléau qui affecte de plus en plus d’Américains. Un phénomène qui n’épargne pas la France, dans un contexte de spirale inflationniste sur les produits alimentaires. 16 % des Français ne mangent pas à leur faim, selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) parue en mai 2023.
Des légumes sur ordonnance : l'avis d'un nutritionniste
Interrogé par Medisite, Raphaël Gruman, nutritionniste et ambassadeur Medisite, salue cette initiative américaine. "C’est une bonne chose, même si c’est inquiétant d’avoir à prescrire des fruits et des légumes pour qu’ils soient consommés… Cela devrait être normal, quotidien d’en consommer à chaque repas". Et d'ajouter : "Il est vrai qu’aux Etats-Unis, l’équilibre alimentaire est déplorable pour la majorité de la population qui n’a aucune idée de quoi manger pour être en bonne santé".
L'expert rappelle l'intérêt de consommer des fruits et légumes au quotidien : "La consommation de fruits et légumes permet d’une part d’augmenter les apports de fibres, cela permet notamment de réduire les risques métaboliques (AVC, infarctus du myocarde…), mais aussi d'obésité et de diabète."
Pourrait-on imaginer les médecins prescrire des fruits et légumes en France ? Le nutritionniste se montre moins convaincu : "En France, nous avons un autre équilibre alimentaire et même si les proportions de fruits et légumes sont encore trop faibles, nous ne sommes pas arrivés au niveau des Etats-Unis heureusement… En revanche, il pourrait être intéressant d’investir dans l’éducation faite aux jeunes enfants (à l’école) sur l’équilibre alimentaire".
Du côté des Français, en tout cas, on plaide pour davantage de mesures en faveur d'une plus grande consommation de fruits et légumes, à en juger l’enquête Ifop/interfel (interprofession des fruits et légumes frais) menée en 2022 : "65% des Français estiment que les pouvoirs publics n’en font pas assez pour favoriser la consommation de fruits et légumes frais en France".
Cette enquête révélait encore que 79 % des Français aimeraient consommer plus de fruits et légumes au quotidien. Un souhait difficile à concrétiser dans l’assiette, face à l’amenuisement du pouvoir d’achat : 41% des Français déclarent ne pas avoir les moyens financiers d’augmenter leur consommation de végétaux.
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