On insiste souvent sur les méfaits de l’alcool qui, en excès, peut entraîner des cancers digestifs, des cirrhoses, des troubles cardiovasculaires, mais aussi diminuer les réflexes en voiture, rendre agressif et favoriser les comportements à risque. Mais c’est sur les possibles bénéfices de la boisson sur les fonctions cognitives que s’est penchée une nouvelle étude, publié dans la revue JAMA Network Open.

Un verre d’alcool par jour pourrait améliorer les performances cognitives

Des chercheurs américains ont analysé les données de près de 20 000 participants à la Health and Retirement Study de l'Université du Michigan, une étude longitudinale qui examine un échantillon représentatif d'Américains sur une variété de problèmes de santé.

Les sujets étudiés étaient principalement de type caucasien, âgés en moyenne de 61,8 ans et à prédominance féminine. Entre 1996 et 2008, ils ont subi une série de tests cognitifs, et ont été interrogés tous les deux ans pendant environ neuf ans.

Par rapport aux personnes qui ont déclaré ne jamais avoir bu, celles qui avaient eu une consommation d’alcool faible à modérée (moins de 8 verres/semaine pour les femmes et moins de 15 verres/semaine pour les hommes) ont enregistré des scores cognitifs significativement plus élevés, dans différents domaines : état mental, mémoire des mots et vocabulaire. En outre, leur déclin cognitif durant la période de suivi s’est avéré plus faible.

Des recherches antérieures sur le sujet avaient déjà montré que consommer un verre d’alcool standard par jour chez les femmes, et deux pour les hommes, pouvait apporter certains bénéfices cognitifs. Les nouvelles conclusions semblent donc les corroborer.

Alcool : des bénéfices cognitifs observés uniquement chez les populations blanches

Néanmoins ces résultats n’ont pu s’observer que chez les populations blanches, d’âge moyen ou plus âgés. Aucun bénéfice cognitif lié à la consommation d’alcool n’a été enregistré chez les Afro-Américains.

“Peu d'études ont évalué si les effets sont similaires dans différents groupes raciaux ou ethniques", souligne Kaarin Anstey, directeur du NHMRC Dementia Centre for Research Collaboration en Australie, qui n'a pas participé à l'étude. "Cette [conclusion] soulève la possibilité que les groupes ethniques aient une vulnérabilité différente aux effets cognitifs de l’alcool”. D’autant que le risque de comorbidités, comme le diabète, est aussi plus important chez les Afro-Américains.

La scientifique met cependant en garde : d’autres facteurs doivent être pris en compte avant d’établir que les effets de l’alcool varient selon la couleur de la peau. "Les modèles de consommation d'alcool sont associés au statut socio-économique et à d'autres facteurs culturels. Il est donc très difficile de démêler les mécanismes biologiques des mécanismes sociaux, qui entrent en jeu ici".

Aucune quantité d’alcool n’est sans danger pour votre santé

Attention cependant : les résultats de cette étude ne doivent pas vous inciter à commencer à boire de l’alcool si vous ne le faisiez pas, ni à boire davantage. En effet, une étude majeure publiée en 2018 dans The Lancet a prouvé qu’aucune quantité d’alcool n’est sans danger pour votre santé. Et ce, qu’il s’agisse de vin, de bière ou de spiritueux.

Au contraire, ces travaux ont révélé que l'alcool était le principal facteur de risque de maladie et de décès prématuré, chez les hommes et les femmes âgés de 15 à 49 ans, dans le monde en 2016. Il serait donc à l’origine de presque un décès sur dix.

Sources

Association of Low to Moderate Alcohol Drinking With Cognitive Functions From Middle to Older Age Among US Adults, JAMA Network, Open, 29 juin 2020. 

Alcohol use and burden for 195 countries and territories, 1990–2016: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2016, The Lancet, 23 août 2018.