
Le pangolin pourrait être innocenté, cinq ans après le début de la pandémie de Covid-19. Dans un communiqué publié samedi 25 janvier par l’agence de renseignement américaine (CIA), son nouveau directeur, John Ratcliffe, fraîchement élu par le président des États-Unis, Donald Trump, annonçait à la presse américaine que sa priorité était de mettre en lumière les informations détenues par l’agence sur l’origine du SARS-CoV-2. Il parle d’une fuite de laboratoire avec un “niveau de faible confiance”, c'est-à-dire sans preuves réellement solides.
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Covid-19 : symptômes, causes, traitements, transmissionAlors que, depuis cinq ans, l’agence affirmait ne pas avoir suffisamment d’informations pour déterminer si la pandémie est due à une cause naturelle ou à un accident de laboratoire, qu’est-ce qui a fait changer son point de vue ?
D'où vient le Covid 19 ?
Selon un article du New York Times publié le 25 janvier, ce changement d'évaluation n’est pas lié à une nouvelle découverte, mais traduit une recherche approfondie des données déjà en leur possession.
Les origines du Covid 19 continuent aujourd’hui de diviser la communauté scientifique et les différents services de renseignement. Aux États-Unis, le FBI fait partie des premiers à avoir émis l’hypothèse d’une fuite de laboratoire avec une “certitude relative”. Cependant, le National Intelligence Council et la Defense Intelligence Agency estiment cette théorie “sans certitude”. En réalité, il est difficile d’affirmer cette possibilité alors que le gouvernement chinois n’a pas coopéré avec les enquêtes internationales.
L’origine géographique du virus diverge selon les institutions. Le FBI avait parlé d’une fuite de l’Institut de virologie de Wuhan, alors que le Département de l’Énergie favorisait le Centre de contrôle des maladies de Wuhan. Quant à la CIA, elle n’a pas communiqué cette information.
Le SARS-CoV-2
Selon Florence Débarre, directrice de recherche au CNRS et chercheuse en biologie évolutive, la nature du virus fait également débat. “Un virus naturel contracté lors d’une campagne d’échantillonnage ? Un virus cultivé en laboratoire, transféré sur des cellules ou des animaux, ou bien même un virus directement génétiquement modifié ? Encore une fois, le SARS-CoV-2 ne peut être à la fois un virus naturel et le produit d’expériences. Accumuler les arguments sur des points divergents ne donne pas plus de poids à l’hypothèse d’une origine liée à des travaux de recherche”, explique-t-elle dans un article publié dans la revue scientifique The Conversation.
La question de l’origine de ce virus reste en réalité encore floue. Le porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington, Liu Pengyu, a réagi samedi aux déclarations de la CIA. Il dénonce "une manipulation politique" : “Nous nous opposons fermement à la politisation et à la stigmatisation de l’origine du virus. Nous appelons tout le monde, une fois de plus, à respecter la science et à se tenir à l’écart des théories du complot.”