![Insomnie : 8 causes auxquelles vous ne pensez pas](/files/styles/pano_m/public/images/article/2/0/0/5511002/vignette-focus.jpg?itok=Dx2r8rTe)
- 1 - Medisite : Sous-estime-t-on souvent l'impact délétère d'un logement humide sur la santé respiratoire ?
- 2 - Comment expliquer ce manque d’information ?
- 3 - Quelles sont les conséquences de l’humidité pour les malades atteints de pathologies respiratoires ?
- 4 - Quelles sont les maladies induites par un logement trop humide ?
- 5 - Les symptômes liés à la pollution intérieure sont-ils spécifiques ou ressemblent-ils à ceux d’un rhume ?
- 6 - Certaines personnes sont-elles plus à risque dans un logement humide ?
- 7 - Que faire si on constate des signes évocateurs ?
Votre logement peut être trop humide sans même que vous vous en rendiez compte. Nous vous détaillions il y a quelques jours (à retrouver ici) les signes, parfois peu visibles, à repérer dans votre maison et qui peuvent indiquer un taux d’humidité trop élevé. Au-delà de l’inconfort provoqué par un intérieur trop humide, la Dre Elise Antone, pneumologue et membre de l’association Santé respiratoire France alerte sur les conséquences de l’humidité sur votre santé en général et votre santé respiratoire en particulier.
Medisite : Sous-estime-t-on souvent l'impact délétère d'un logement humide sur la santé respiratoire ?
Dre Elise Antone : On sous-estime globalement les pathologies respiratoires ! Et pourtant 10 millions de Français sont touchés par une maladie respiratoire dont 5 millions par une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Il est étonnant en effet que l’on parle si peu des problèmes respiratoires et plus encore de leur lien avec le logement. Car la qualité de l’air intérieur est un élément déterminant pour ces pathologies : on sait que l’on peut imputer 20 000 décès prématurés par an à la pollution intérieure.
“De plus en plus de personnes ont des problèmes respiratoires à cause de leur logement !”
Les pathologies respiratoires peuvent être aggravées par une mauvaise qualité de l’air intérieur, il ne faut jamais négliger ce lien direct. Il y a clairement un manque d’information des patients sur les liens entre les polluants intérieurs et la santé respiratoire et nous voyons en cabinet de plus en plus de patients avec ces types de problématiques santé liées au logement.
Comment expliquer ce manque d’information ?
On n'en parle finalement que depuis peu de temps, une vingtaine d’années tout au plus. On a beaucoup d’études qui prouvent les liens, mais l’information en direction du grand public pêche encore. Nous avons mené une grande enquête avec Santé Respiratoire France qui montre que les malades sont plutôt bien informés mais que le grand public reste dans l’ignorance.
Quelles sont les conséquences de l’humidité pour les malades atteints de pathologies respiratoires ?
Pour les 4 millions d’asthmatiques que compte la France, les moisissures et l’humidité peuvent être un facteur déclenchant des crises, au même titre que les polluants contenus dans les détergents ou les bougies. Les malades atteints de BPCO sont plus susceptibles de souffrir d’une surinfection dans un environnement humide, et pour les 18 millions d’allergiques, l’humidité peut être un facteur d’apparition d’allergies respiratoires. Pour tous les autres, même les personnes qui ne présentent aucune pathologie respiratoire, un logement humide peut être à l’origine de diverses affections.
Quelles sont les maladies induites par un logement trop humide ?
Les moisissures sont des champignons qui contiennent des spores hautement irritantes qui s’attaquent en premier lieu à la sphère ORL, on peut avoir le nez qui coule et les yeux qui piquent par exemple. En général, le nez, les bronches puis les poumons sont touchés, on est alors plus susceptibles de faire une infection respiratoire ou de déclencher une allergie respiratoire. Les personnes qui ont déjà une maladie respiratoire peuvent voir leur pathologie s’aggraver, les crises devenir plus fréquentes, plus fortes. Les asthmatiques peuvent expérimenter une sensation d’inconfort respiratoire plus prononcée, couplée à de la toux, des sifflements, une oppression au niveau de la poitrine.
Les symptômes liés à la pollution intérieure sont-ils spécifiques ou ressemblent-ils à ceux d’un rhume ?
L’irritation touche le nez et la gorge, et le nez coule, mais en permanence et toujours clair. On peut aussi avoir les yeux qui démangent. Ce sont les symptômes de l’allergie, comme une allergie aux pollens. C’est différent du rhume ou de la grippe. De plus, les signes se déclenchent généralement dans le lieu contaminé et disparaissent quand on le quitte. Chez les insuffisants respiratoires toutefois, les symptômes peuvent survenir à distance, il faut parfois une enquête plus approfondie pour débusquer le lieu où logent les moisissures.
Certaines personnes sont-elles plus à risque dans un logement humide ?
Tous les patients suivis pour une affection respiratoire comme je l’ai dit car un taux d’humidité élevé dans un lieu clos déséquilibre la pathologie respiratoire. Mais ce ne sont pas les seules victimes, les malades immunodéprimés ou qui sont sous traitement anti cancer par exemple, et les personnes les plus fragiles, celles qui ont une pathologie chronique, les personnes âgées, les enfants… sont plus sensibles. Mais n’oublions pas qu’en réalité, n'importe qui, y compris un adulte en excellente santé, peut développer une maladie respiratoire à cause d’une maison humide et parfois une pneumopathie d’hypersensibilité.
Que faire si on constate des signes évocateurs ?
Il faut consulter sans tarder, même si on n’a remarqué aucune moisissure chez soi. Les médecins traitants sont sensibilisés aux maladies respiratoires, ils peuvent orienter vers un pneumologue si besoin pour effectuer un test du souffle ou d’autres examens complémentaires. Le médecin peut également demander à ce qu’un Conseiller médical en environnement intérieur (CMEI) vienne faire un diagnostic de votre logement.
Interview de la Dre Elise Antone, pneumologue.