A Bordeaux, un homme retrouve l'usage de son pouce grâce à son orteil 

L’équipe de chirurgiens de l’Institut Aquitain de la Mai n de l’Hôpital Privé Saint-Martin de Pessac (33) près de Bordeaux a de quoi être satisfaite.

Le 11 septembre 2024, elle a réalisé une opération peu banale et particulièrement délicate : remplacer un pouce manquant par un orteil.

L’enjeu était grand car l’homme ayant eu son pouce complètement arraché était de fait handicapé : ce doigt est indispensable pour accomplir de nombreux gestes fins, de plus, sans pouce, on perd la faculté de pince de notre main (en d’autres mots, on ne peut plus attraper un objet et le poser). La seule solution pour retrouver l’usage complet de la main : greffer un nouveau pouce. Et c’est du côté du pied que les chirurgiens ont trouvé leur greffon.

Une technique d’experts

Depuis quelques années, la chirurgie de la main est devenue une spécialité à part entière (elle s’intègre dans le champ plus large de la chirurgie orthopédique), tant elle demande une expertise pointue. Dans le cas présent, la technique opératoire n’est pas récente, mais elle reste peu pratiquée car délicate. “Cette technique, bien que peu souvent pratiquée, est pourtant relativement ancienne, puisque réalisée pour la première fois en 1980 à Strasbourg, par le Professeur Guy Foucher, un des pères de la microchirurgie de la main,” précise le communiqué de presse de l’Institut Aquitain de la Main.

Un orteil au pied… un autre à la main !

“Après avoir prélevé le squelette du 2ème orteil gauche du pied du patient, ainsi que la peau et l’ongle de son gros orteil, les spécialistes ont greffé l’ensemble à l’emplacement du pouce manquant. Une fois l’os et l’articulation enrobés par le transplant de peau, les vaisseaux, nerfs et tendons sont alors raccordés à la main”, détaille l’Hôpital Privé Saint-Martin qui a réalisé l’opération.

En réalité, l’orteil prélevé ne disparaît pas du pied (la marche deviendrait compliquée sans orteil) mais être en quelque sorte dupliqué. “Un des grands avantages de cette procédure est de laisser en place le squelette du gros orteil (à son tour enrobé par la peau du 2ème orteil), indispensable pour la stabilité du pied donneur”, conclut l’hôpital.

Des suites opératoires encourageantes

« A ce jour le suivi post-opératoire est très satisfaisant avec une bonne vascularisation du nouveau pouce », explique l’un des chirurgiens qui a opéré l’homme au pouce arraché. « Ce qui laisse présager une bonne récupération sachant que les 72 premières heures sont cruciales dans ce genre de chirurgie. »

Après une hospitalisation d’une semaine, le patient est rentré chez lui mais il faudra compter trois mois pour que l’os se soude correctement. S’ensuivra une longue période de rééducation obligatoire, d’au minimum 6 mois pour récupérer l’ensemble des gestes et capacités de préemption de la main.