D’un point de vue mondial, 4,9 millions de personnes vivaient avec une maladie inflammatoire de l'intestin en 2019. Très handicapante, cette affection impact la vie professionnelle et intime des personnes touchées. Alors que peu d'informations sont aujourd’hui disponibles pour comprendre son origine, des chercheurs israéliens ont fait un lien entre la prise de certains antibiotiques et l’apparition de cette pathologie.
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Résistance aux antibiotiques : la prochaine pandémiePlus précisément, des chercheurs de l'université Bar-Ilan, en Israël, ont découvert dans une nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances, que les antibiotiques peuvent endommager la couche de mucus protectrice de l'intestin, ce qui pourrait augmenter le risque de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).
"Contrairement à de nombreux autres facteurs environnementaux, il s'agit d'un facteur qui peut être testé en laboratoire de manière bien contrôlée", a déclaré au média américain Medical News Today, le professeur Shai Bel, chercheur à la faculté de médecine de l’université Bar-Ilan et auteur de l’étude.
"Nous avons toujours pensé que les antibiotiques ne nuisaient qu'aux bactéries, mais notre nouvelle recherche a révélé que ce type de traitement affecte directement les cellules de notre intestin"
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont utilisé un modèle de MICI avec des techniques avancées telles que le séquençage de l'ARN, l'apprentissage automatique, et la mesure de la sécrétion de mucus pour voir comment les antibiotiques les affectent.
Les scientifiques ont alors constaté que les antibiotiques tels que l'ampicilline, le métronidazole, la néomycine et la vancomycine endommageant la couche de mucus protectrice du tube digestif, permettant aux bactéries de pénétrer et augmentant potentiellement le risque d'inflammation de l'intestin.
"Nous avons toujours pensé que les antibiotiques ne nuisaient qu'aux bactéries, mais notre nouvelle recherche a révélé que ce type de traitement affecte directement les cellules de notre intestin", a déclaré le professeur Bel. "Cet effet empêche nos cellules de sécréter du mucus protecteur, ce qui peut conduire à la pénétration des bactéries dans nos tissus. À terme, cette persistance de bactéries là où elles ne sont pas censées se trouver déclenchera dans l'organisme une réponse inflammatoire, qui est la caractéristique des MICI", précise le professeur Bel au média américain.
Les scientifiques ont également constaté que l'impact des antibiotiques sur la barrière de mucus de l'intestin n'était pas dû à des modifications du microbiome intestinal, mais plutôt à des altérations directes des cellules de la paroi de l’intestin responsables de la production de mucus.
L'antibiorésistance responsable de la mort de 39 millions de personnes en 2050
"Les antibiotiques doivent absolument être utilisés en cas de besoin, mais de nos jours, ils sont également prescrits de manière excessive", a-t-il poursuivi. “Peut-être qu'avec ces nouvelles connaissances, l'utilisation des antibiotiques sera limitée aux cas où il est prouvé qu'ils sont utiles. La principale conclusion est que les antibiotiques peuvent nous affecter directement, indépendamment de leurs effets sur nos bactéries. Nous allons maintenant vérifier si d'autres facteurs prédisposants sont liés à l'utilisation d'antibiotiques chez les patients souffrant de MICI”, conclut-il.
Cette étude vient appuyer un récent rapport The Lancet publié le 16 septembre sur l’impact des antibiotiques sur notre santé. Selon cette dernière publication, l’antibiorésistance serait responsable de la mort de plus de 39 millions de personnes d’ici 2050.
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