Xénogreffe : les organes d'animaux, une réponse efficace à la pénurie de don ?Image d'illustrationIstock
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Chaque année en France environ 1 000 personnes meurent en attente de greffes. Un chiffre qui pourrait augmenter face à l’inquiétante pénurie d’organes à greffer.Une pénurie qui pourrait s’accentuer. En effet, après qu’un média américain a rapporté le 20 octobre dernier qu’un patient américain, considéré comme en état de mort cérébrale, s’était réveillé avant d’être prélevé en 2021, les refus de dons d’organes ont bondi en France ces derniers jours.

"Nous avons relevé une augmentation nette du nombre d'inscriptions sur le registre national des refus", a signalé l'Agence de la biomédecine. Pourtant, la situation du patient américain "serait impossible en France", souligne-t-elle à l’AFP. Pour déclarer un patient en mort cérébrale, de nombreux examens sont nécessaires dont une imagerie du cerveau qui ne laisse aucune place au doute. "Le fait de véhiculer cette information est très préjudiciable et jette l'opprobre sur le don et la greffe d'organes en France", a également regretté l'Agence de don d'organes.

"La xénogreffe est une des solutions qui semble actuellement la plus prometteuse pour pallier la pénurie mondiale d'organes", souligne le Dr Valentin Goutaudier

"Des milliers de personnes sont en attente d'une greffe vitale en France, nous ne pouvons pas laisser circuler une information non vérifiée et si préjudiciable pour ces patients", conclut l'agence de Biomédecine. Cœur, foie, rein, poumon… En 2023 en France, plus de 20 000 personnes attendaient une greffe d’organe, mais seulement 5 636 d’entre elles ont pu en bénéficier, rapporte l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les organes disponibles sont bien trop rares pour répondre au besoin.

Se faire transplanter le rein d’un animal est bien plus vieux qu’on ne l’imagine

Face à ce problème, la xénotransplantation (la greffe d'organes d'animaux sur les humains) semble être une solution. Une idée qui ne date pas d’hier. Des premières tentatives sont réalisées au 19ème siècle. Mais cette approche s’est longtemps confrontée à la méconnaissance de la science face à l’incompatibilité des organes des autres espèces et notre système immunitaire.

Mais aujourd’hui nous rentrons sûrement dans une nouvelle ère. L’avancée dans l’édition des génomes ces deux dernières décennies nous permet de revoir cette technique de transplantation. Et c’est une bonne nouvelle.

Trois freins à la xénogreffe

Il existe trois barrières à la greffe d’organes d’animaux : la barrière immunologique, infectieuse et éthique. "Aujourd’hui ce qui a révolutionné la xénotransplantation ce sont les technologies d’édition du génome du porc sain qui permettent en théorie de lever la barrière immunologique et infectieuse", explique sur France Culture, Valentin Goutaudier Néphrologue et chercheur à l’Institut de Transplantation et Régénération d’Organes de l’Université Paris-Cité (PITOR).

Cette nouvelle technologie permet de rendre l’organe moins immunogène, c’est-à-dire plus compatible avec notre système immunitaire et de supprimer les rétrovirus qui pourraient être transmis par l’animal.

Parmi les millions d'espèces animales répertoriées sur Terre, c’est le porc qui semble correspondre le mieux à l’être humain.

Les tentatives réalisées sur l’homme avancent

La première expérience de xénotransplantation avec un rein de porc a été réalisée en 2021. Suite à l’accord du comité d’éthique et de la famille, un patient en état de mort encéphalique a été transplanté d’un rein de porc génétiquement modifié pendant 54 heures par des médecins à New York.

Lors de cette expérience, les réactions immunitaires en jeu après ce type de xénotransplantations ont été décryptées par les scientifiques. Les études publiées dans The Lancet en 2023, ont permis d'avoir des pistes pour améliorer leur modèle et de faire une nouvelle tentative sur un temps plus long de deux mois.

"Le nombre de tentatives à ce jour se comptent sur les doigts des mains mais nous sommes bien entrés dans une nouvelle ère. Elles ont été réalisées principalement aux États-Unis et un peu en Chine", indique à Medscape le Dr Valentin Goutaudier. Reins, cœur et foie sont actuellement les organes qui ont été greffés.

"L'objectif actuellement, c'est de faire des xénogreffes chez des patients vivants en France à l'horizon 2027/28", précise au média Medscape le Dr Alexandre Loupy, professeur de néphrologie à l’Hôpital Necker à Paris et directeur de l’Institut Transplantation et Régénération d’Organes PITOR de l’Université Paris Cité.

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