On le sait : les microplastiques peuvent contaminer notre alimentation. En mars dernier, par exemple, on apprenait que les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) présentes dans certains emballages alimentaires pouvaient être ingérées par l’humain. Le 19 avril 2023, une nouvelle étude menée sur des souris et publiée dans la revue scientifique Nanomaterials a quant à elle révélé que les micro et nanoparticules de polystyrène présentes dans les emballages peuvent également être ingérées, et atteindre le cerveau en seulement 2 heures.
Pour rappel :
- les microparticules (particules fines) sont des particules dont la taille est comprise entre 0,1 et 100 μm
- les nanoparticules (particules ultrafines) sont quant à elles des particules de plastique dont le diamètre nominal est inférieur à environ 100 nm
Les nano et microparticules passent la barrière du cerveau
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont étudié les effets des micro et nanoparticules de polystyrène sur plusieurs souris nourries avec des aliments contaminés. D’autres continuaient en parallèle à manger normalement. Les chercheurs ont ainsi pu comparer les résultats de l’expérience sur les 2 groupes de souris.
“À l’aide de modèles informatisés, nous avons découvert qu’un certain type de surface (la couronne biomoléculaire) est cruciale pour permettre aux particules de plastique de pénétrer le cerveau”, a réagi dans un communiqué le professeur Oldamur Hollóczki, spécialiste des effets des nanoplastiques sur l’environnement.
Celui-ci a mené son étude avec le professeur Lukas Kenner, spécialiste du cancer. Le mécanisme qui permet aux plastiques d’atteindre le cerveau était jusqu’à présent inconnu.
Plastique : plus de risques d’Alzheimer et de Parkinson ?
Les chercheurs se sont intéressés, chez les souris, à la barrière hémato-encéphalique, la séparation physique et métabolique qui isole le cerveau du reste de l'organisme. Son rôle est de bloquer les substances indésirables qui peuvent se trouver dans la circulation sanguine, tout en permettant le passage de nutriments indispensables au bon fonctionnement du cerveau. “Dans le cerveau, les particules de plastique peuvent accroître le risque d’inflammation, de troubles neurologiques, voire de maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson”, indique Lukas Kenner. Selon lui, davantage de recherche est donc nécessaire sur le sujet.
À noter : les intestins ont une barrière similaire qui agit comme un mur protecteur. Celle-ci peut également être franchie par les micro et nanoplastiques (MNP), d’après plusieurs études.
Plastique : la nourriture et l’eau en bouteille contaminées
Les MNP pénètrent dans l’organisme grâce, notamment, à la contamination de l’alimentation par des emballages alimentaires. La nourriture solide n’est pas la seule concernée : l’eau en bouteille, par exemple, peut vous conduire à ingérer des particules de plastique. En juillet 2022, un rapport de l’association Agir pour l’environnement a analysé plusieurs références de bouteilles d’eau en plastique parmi les plus consommées par les Français. Ces recherches ont révélé que l’eau analysée était contaminée à 78% par des microplastiques.
Au total, le laboratoire a mis en évidence 4 types de microplastiques différents :
- le polypropylène (PP)
- le polyéthylène (PE)
- le polyuréthane (PU)
- le polyéthylène téréphtalate (PET)
“Afin de minimiser le danger potentiel des MNP pour les humains et l’environnement, il est crucial de limiter l’exposition à ces MNP et de restreindre leur utilisation. D’autres études sont également nécessaires pour mieux comprendre les effets des MNP”, conclut le professeur Kenner.
“Micro- and Nanoplastics Breach the Blood–Brain Barrier (BBB): Biomolecular Corona’s Role Revealed”, une étude publiée le 19 avril 2023 dans la revue Nanomaterials.
https://www.mdpi.com/2079-4991/13/8/1404
“ÉTUDE EXCLUSIVE : 78% DES EAUX EN BOUTEILLE ANALYSÉES CONTAMINÉES PAR DES MICROPLASTIQUES”, un communiqué de Agir pour l’environnement.
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