L'amiante est connu pour être à l’origine de plusieurs cancers comme celui du poumon et de la plèvre (la double membrane qui enveloppe les poumons et tapisse l’intérieur de la cavité thoracique). Si bien qu'il est aujourd’hui avéré que l’amiante cause des cancers du larynx et de l’ovaire. Des faits reconnus, mais encore trop sous-estimés.
Qu’est-ce que l’amiante ?
L’amiante est un terme générique qui désigne 6 minéraux naturels. "Selon leurs propriétés physiques et chimiques, les fibres d'amiante se distinguent en 2 principaux groupes : la serpentine et les amphiboles", indique sur son site le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST).
Avant d’être interdit en France en 1997, l'amiante était principalement utilisé pour l'isolation thermique et l'insonorisation des immeubles et des maisons. On se servait aussi de ce composant dans les secteurs industriels, commerciaux et dans le domaine de la construction (isolants ou emballages thermiques, joints d'étanchéité, revêtements et enduits ou dans les vêtements de protection thermique et les matériaux d'emballage).
Un produit dangereux, encore sous-estimé par les professionnels de santé
Or, si l'amiante s'avère particulièrement utile, il est très toxique. Pourtant, ses effets sur la santé sont encore sous-estimés, notamment par les professionnels de santé.
En effet, l’Anses confirmait, dans un rapport publié en septembre 2022, un lien entre l’exposition professionnelle à l’amiante et la survenue de cancers de l’ovaire et du larynx. Néanmoins, les médecins et les malades sont toujours mal informés sur cette découverte. "Cela entraîne une sous-déclaration et la sous-reconnaissance de ces cancers en maladies professionnelles", alerte auprès de The Conversation l'épidémiologiste Alexandra Papadopoulos.
"Lorsque des médecins spécialistes du cancer de l’ovaire ont été auditionnés dans le cadre de cette expertise [...], il est apparu que ce cancer était très peu connu comme pouvant être associé à des facteurs de risque professionnels", précise-t-elle. Alors, pour pouvoir inverser cette tendance, "l’Anses recommande une meilleure information des médecins et un meilleur accompagnement social, médical et administratif des travailleurs et travailleuses exposés à l’amiante", indique la spécialiste.
Selon Alexandra Papadopoulos, il est également conseillé pour les patients atteints d’un cancer du larynx ou de l’ovaire d'être guidé pour connaître ses ayants droit, ses démarches de déclaration et de reconnaissance en maladie professionnelle. En effet, beaucoup d’entre eux ignorent que l’amiante est un facteur de risque.
Amiante : un produit toujours présent dans les matériaux du quotidien
Pour l’épidémiologiste, cette méconnaissance des dangers de l'amiante par le grand public est tout aussi inquiétant : "Les malades eux-mêmes ne font pas le lien entre leur travail et leur maladie." Pourtant, il existe encore des risques d’exposition à l’amiante, malgré son interdiction. "L’amiante est toujours présent dans de nombreux produits et matériaux de notre environnement (bâtiments anciens, murs, sols avec des dalles en vinyle-amiante)", affirme Alexandra Papadopoulos. "Les professionnels en contact avec de tels matériaux anciens se trouvent, de fait, exposés à l’amiante."
Par ailleurs, les secteurs comme le BTP, la métallurgie ou la construction automobile sont déjà connus pour être exposés à l'amiante. Beaucoup de rapports ont été publiés sur le sujet, notamment celui de l'Anses. "Mais de très nombreux autres secteurs comme l’administration, l’entretien, l’enseignement, la santé, mais aussi le textile sont affectés", assure Alexandra Papadopoulos. Or, ce sont majoritairement des domaines féminins.
Dangers de l’amiante : un manque de données chez les femmes
Étant donné que les femmes sont beaucoup moins représentées dans les métiers connus pour être exposés à l’amiante, "cela limite l’évaluation des expositions à l’amiante chez ces dernières et les risques encourus", note l’épidémiologiste.
"C’est pourquoi les travaux menés par l’Anses ont conduit à la formulation de recommandations en faveur d’une meilleure identification et caractérisation de l’exposition des femmes à l’amiante", complète la spécialiste auprès de The Conversation. "Il est, en effet, nécessaire de disposer de davantage de données sur les secteurs, professions et travaux exposant ces dernières à ce risque, ainsi que de données quantitatives permettant de mieux caractériser leur exposition."
https://theconversation.com/cancers-de-lovaire-et-du-larynx-les-victimes-oubliees-de-lamiante-201405
https://www.anses.fr/fr/amiante-cancers-ovaires-larynx
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F176
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