Vous avez tendance à suivre l’avis des gens pour prendre des décisions, ou au contraire, c’est de vous que les décisions collectives découlent ? Une idée reçue consiste à se dire que certaines personnes sont des leaders nés, et que d’autres ne sauront rien faire d’autre que de suivre l’avis de leur entourage. Ces aprioris ont la vie dure, pourtant, il est possible de changer d’état d’esprit en fournissant un travail sur soi, estime Bernard Anselem, neuropsychologue, que nous avons interviewé.
L’estime de soi, un facteur prédominant
Il est difficile de lutter contre soi-même, et de se faire violence pour faire fi des commentaires de son entourage, du moins pour les personnes dites “influençables”. Qu'est ce qui différencie vraiment ces derniers des personnes dites “influentes” ? Il pourrait s’agir de sa propre perception, selon Bernard Anselem : "l’estime de soi, d’après les psychologues, reflète l'évaluation personnelle de sa propre valeur. L’estime de soi dépend de deux sources, d’une part la confiance en soi provenant de l’évaluation consciente de nos réussites et échecs, d’autre part une estime “inconditionnelle”, perception instinctive de soi non consciente : je me sens digne (ou pas) d’estime quelles que soient les circonstances."
Il s’agirait donc d’une confiance en soi refoulée, des qualités que l’on remet sans cesse en doute, qui ne pourront pas - d’après nous - égaler celles de nos collègues ou amis. La confiance en soi est un sentiment qui varie énormément, pour le Dr Anselem : "Elle dépend directement des événements extérieurs, elle varie donc en fonction des résultats (réussites, échecs, avis des autres, acquisition de compétences) et reste vulnérable aux difficultés, réelles ou imaginaires, aux émotions négatives (craintes, anxiété, culpabilité, etc.). La confiance en soi est instable et obéit aux montagnes russes de l’existence." Alors que l’estime inconditionnelle est stable, indépendante des événements extérieurs.
La famille, vectrice d’influence de la personnalité
Les profils d’individus influençables sont nombreux et variés. Un élément paraît commun à l’ensemble des personnes influençables, c’est une estime inconditionnelle basse souvent en rapport avec une histoire familiale vécue pendant la petite enfance, d’après Bernard Anselem.
"L’enfance joue un rôle énorme, les modèles de vision du monde se mettent en place à cette époque. Ces personnes qui ont pu avoir des difficultés durant l’enfance vont avoir une estime basse quels que soient leurs résultats, car elles avaient déjà une image d’elles-mêmes dégradée durant l’enfance.” Heureusement cette estime basse peut s’améliorer en travaillant son autocompassion.
Personnes influençables : différents profils
Bien que les bases des individus se laissant influencer demeurent semblables, les profils sont très variables. Leurs motivations et peurs sont issues d’expériences de vie différentes, explique le neuropsychologue. "Les sujets peu sûrs d’eux ont en tête un schéma mental qui se résume à une phrase : “je dois plaire aux autres”. Certains individus vont se projeter par rapport à un modèle professionnel ou sportif, chercher à lui ressembler."
D’autres profils, les personnalités perfectionnistes sont, elles aussi, sensibles à l’avis des autres. “Leur quête, qui semble être de vouloir tout réussir, ne peut être validée qu’après l’approbation complète de leurs proches, elles seront perturbées par les critiques négatives”.
Un autre profil de personne influençable se distingue, celui qui veut absolument aider les autres, versée dans l’empathie et l’altruisme, mais de façon excessive. "Elles filtrent le monde à travers ce prisme. Elles dépendent des autres, vont être perturbées si les autres ne répondent pas."
Prendre conscience de sa nature pour s’en sortir
En fonction de nos ressentis, c’est à nous de décider si nous voulons changer de nature et résister aux jugements extérieurs qui polluent notre esprit.
“Il est tout à fait possible de sortir de cet état d’influence” note Bernard Anselem. "Il va s’agir d’améliorer son estime inconditionnelle de soi par la pratique de l’autocompassion : être bienveillant et compréhensif avec nos défauts, cesser de se comporter en bourreau de soi-même, cesser de se comparer (il y a toujours quelqu’un de plus brillant que soi) se traiter comme son meilleur ami, “je mérite de me traiter aussi bien que les autres” afin de renforcer sa résistance aux personnes influentes. Ça ne vous changera pas du tout au tout, si vous êtes timide et manquez de confiance en vous, vous n’allez pas devenir extraverti et dominant, mais vous résisterez mieux aux personnes qui essayeront de vous influencer.”
Le neuropsychologue met en exergue une phrase qui résume assez bien le courant de pensée actuel : comprendre aussi que tout le monde est insatisfait, c’est l’universalité de l’insatisfaction, qui touche même les gens les plus sûrs d’eux, qui ont tous des doutes et des échecs.
Remerciement au Dr Bernard Anselem, neurochirurgien et auteur du livre "Ces émotions qui nous dirigent". https://www.alpen.mc/forme-et-bien-etre/355-le-cerveau-ces-emotions-qui-nous-dirigent-9782359344615.html
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