On se souvient de You, le thriller romantique de Netflix qui mettait en scène un stalker, Joe, prêt à tout pour épier, depuis le trottoir d'en face mais surtout sur les réseaux sociaux, celle qui l'obsédait, Beck, jeune écrivaine en herbe.
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Manipulateur : les étapes de la manipulation mentaleSuccès de la plateforme de streaming, la série You plonge le téléspectateur dans la tête du parfait stalker, ce harceleur obsessionnel et dangereux. Le stalking, qu'est-ce que c'est ? Le terme serait apparu aux États-Unis au début des années 90 après le meurtre l'actrice Rebecca Schaeffer par un stalker qui l'a harcelée – traquée – durant près de deux ans. C'est à la suite de ce fait divers que la première loi anti-stalking a été promulguée aux États-Unis, d'abord en Californie et dans plusieurs autres États américains, puis en Grande-Bretagne ou encore en Australie. En France, à ce jour, il n'y est pas fait référence dans les articles du Code pénal consacrés au harcèlement.
"Le stalking est une forme aggravée de harcèlement"
"Il s'agit d'un terme anglais employé à la base dans le monde de la chasse et qu'on peut traduire par 'traque furtive' littéralement. Le stalking est une forme aggravée de harcèlement, consistant en des comportements intrusifs du stalker dans la vie de sa victime. C’est un harcèlement pluridimensionnel, dans le sens où il comporte plusieurs types d’actes qui permettent au stalker de mettre en place son harcèlement. La/le stalker se met en quête d’informations sur une personne qu’il cible en particulier. Il/elle focalise sa traque et sa surveillance, de façon répétée, sur cette personne et sans répit. En plus de l’épier, il/elle peut entrer directement en contact avec sa victime de manière obsessionnelle, tout ceci évidemment sans son consentement. En bref, le stalking est un harcèlement doublé d’espionnage", développe Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris, contactée par Medisite.
C'est précisément cette notion de traque qui fait du stalking une forme aggravée de harcèlement ; le stalker traque une proie.
Les réseaux sociaux, une aubaine pour le stalker
Le stalker de la série You traque sa proie sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram. Grâce à eux, il réussit facilement à trouver son adresse, à identifier ses amis, les membres de sa famille, à connaître ses habitudes, les endroits qu'elle aime... Il finit par tout savoir de sa victime, via les réseaux sociaux. Simple fiction ? Si la figure du stalker a émergé ces dix dernières années, bien que cette forme de harcèlement existait avant, c'est parce qu'il est devenu très facile pour un harceleur d'espionner sa victime.
"Avec l'avènement des réseaux sociaux, le stalker a à sa disposition de nombreux outils numériques qui peuvent s'ajouter à la traque dite 'classique', quand le harceleur entre en contact direct avec sa victime. Il cherche en usant de tous ces moyens dont il dispose, à la contraindre, la soumettre, la séduire, lui faire payer une séparation ou encore chercher des preuves qui valideront un scénario paranoïaque", poursuit Johanna Rozenblum.
Stalking : 4 signes qui doivent alerter
Concrètement, à quels signes doit-on rester attentif ? Quels comportements peuvent éventuellement évoquer ceux d'un stalker ? Johanna Rozenblum dresse pour Medisite une liste des signes qui doivent alerter :
- Si vous êtes suivi.e physiquement : il s'agit là d'un comportement très révélateur qui peut toutefois être difficile à repérer.
- Si vous êtes espionné.e sur les réseaux sociaux : cela se traduit par des contacts via la messagerie, des likes, des reposts, des commentaires... répétés.
- Si vos collègues, proches, amis sont contactés par un individu dans le but d'obtenir des informations sur vous, vos habitudes, votre emploi du temps.
- Si vous êtes menacé.e ou victime d'une intrusion dans votre domicile, à votre bureau, dans votre voiture.
Ces comportements intrusifs, ces contacts directs, répétés relèvent de l'obsession. Pour la victime, cette attention obsessionnelle et non-consentie sont à l'origine d'une grande anxiété, une dépression, un syndrome de stress post-traumatique et les symptômes physiques qui vont avec comme l'insomnie.
Les profils type des stalkers
Entre la simple recherche sur Internet menée pour en savoir davantage sur quelqu'un et le stalking, quelles différences ? Comment passe-t-on de la curiosité à l'obsession ? Il existe divers profils de harceleurs obsessionnels.
Deux catégories de stalkers
"Les psychologues regroupent souvent les stalkers en deux catégories : les profils psychotiques, et ceux qui sont atteints de troubles de la personnalité. Les stalkers peuvent avoir des troubles psychotiques préexistants tels que des troubles délirant, des troubles schizo-affectif ou la schizophrénie, mais la plupart des stalkers n'ont pas ce profil pathologique, analyse la spécialiste. "Ils peuvent présenter des troubles ou des névroses telles que la dépression majeure, des troubles de l'adaptation ou la dépendance à des substances, ainsi qu'une variété de troubles de la personnalité (obsessionnelle, dépendante, narcissique ou paranoïaque)".
Pourquoi des individus au profil non-psychotiques peuvent-ils basculer dans le harcèlement obsessionnel ? "Le stalking chez ces personnes non-psychotiques peut être déclenché par différents facteurs psychologiques, comme la colère, l'hostilité, le blâme, l'obsession, la dépendance, la minimisation, le déni ou la jalousie", énumère Johanna Rozenblum.
Stalking : y a-t-il des personnes à risque ?
S'il existe un éventail de profils de potentiels stalkers, est-il également possible de dresser un profil type des victimes ? Certaines personnes risquent-elles, plus que d'autres, de devenir la proie d'un harceleur obsessionnel ?
"Il n'y a pas de profil type de victime, chacun peut un jour être confronté à une personnalité toxique, dans une situation problématique. On peut néanmoins garder en tête que lorsque l'on traverse une période difficile comme le deuil, des difficultés au travail, une souffrance psychologique pour telle ou telle raison... notre état émotionnel peut nous rendre davantage vulnérable et moins en capacité de repérer une relation toxique ou un mécanisme de harcèlement", précise Johanna Rozenblum.
Le stalking doit être pris au sérieux. D'intrusion non-consentie dans l'intimité et la sphère privée, il peut se muer en agression physique et/ou sexuelle. Et même sans en arriver là, il est pour la victime, source d'angoisse, d'épuisement, de dépression. Ainsi, il ne faut pas hésiter à demander de l'aide, un appui psychologique ou des conseils juridiques. L'association dédiée au stalking asso-protects.org fournit des informations et liens vers des numéros d'écoute et des associations.
Stalking : ce qu'il faut faire si vous vous sentez en danger
Si le stalking en tant que tel n'est pas puni par la loi française, les actes qui le constituent le sont, comme l'atteinte à la vie privée, le harcèlement en ligne ou téléphonique, le droit à l'image ou l'usurpation d'identité. Le stalking constitue enfin une forme de harcèlement moral, qui lui est bien puni par la loi. "La situation nécessite parfois d'alerter la police, cela dépend du profil psychologique du stalker. Et surtout, si vous vous sentez en danger", conclut Johanna Rozenblum.
Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris
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