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Tout a débuté en septembre 2018, alors qu'une femme de 58 ans était hospitalisée pour une fièvre isolée. "Elle avait des antécédents de rémission complète de lymphome non hodgkinien, de cirrhose décompensée liée à une hépatite auto-immune et d'épisodes de voies respiratoires inférieures et d'infections digestives dans les années précédant son admission", décrivent des chercheurs Français.

Si sa fièvre a fini par diminuer avec l'ofloxacine (antibiotique de synthèse appartenant à la famille des fluoroquinolones), la patiente avait dû être à nouveau admise à l'hôpital en octobre 2018. Son état avait dégenré : les scientifiques évoquent une anorexie et un retard psychomoteur.

Ses symptômes neurologiques se sont aggravés au cours des six mois suivants. L'état de la patiente s'est détérioré au point de provoquer son décès dans l'unité de soins intensifs de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil dans le Val-de-Marne - d'où le nom "Cristoli") le 27 mars 2019, poursuivent les chercheurs. Une biopsie cérébrale avait été réalisée en mars 2019.

Cristoli : le virus aurait été transmis par un moustique

Ce prélèvement a permis aux scientifiques d’observer un nouveau virus nommé "Cristoli" par les chercheurs, et qui appartient à la famille des orthobunyavirus.

"Ils sont transmis par des insectes, souvent des moustiques mais sont rarement responsables de maladies graves. La plupart des transmissions sont asymptomatiques", explique le Pr Jean-Michel Pawlotsky, chef du pôle de biologie médicale à Mondor, interviewé par le Parisien.

Pour parvenir à identifier le virus Cristoli, les chercheurs ont utilisé le même procédé qui a permis aux équipes chinoises de découvrir le Covid-19 : la métagénomique.

"Elle est fondée sur ce qu'on appelle le séquençage de nouvelle génération. En clair, nous prenons des prélèvements — de sang, d'urine, de selles, de crachats, ou donc dans ce cas précis la biopsie cérébrale — puis on en extrait les acides nucléiques pour les séquencer entièrement. Dans cette immense botte de foin, la technologie permet d'identifier des morceaux appartenant soit à des agents infectieux déjà connus, soit étrangers", détaille le Pr Jean-Michel Pawlotsky. C'est de cette manière que le virus Cristoli a été observé et référencé pour la première fois.

De telles transmissions pourraient être plus fréquentes à l'avenir

"Parce que la patiente n'avait pas voyagé au cours de l'année précédant le début de ses symptômes, nos résultats suggèrent que le virus Cristoli est endémique en France", suggèrent les scientifiques.

Chez la patiente de 58 ans, il aurait été transmis par une piqûre de moustique.

"Les changements dans la distribution des espèces de moustiques liés au changement climatique pourraient rendre de telles transmissions plus fréquentes à l'avenir", préviennent les chercheurs dans leur étude.

Néanmoins, si ce virus a pu être découvert via la méthode que le Covid-19, on ne peut pas les comparer, semble-t-il. "On ne décrit pas une nouvelle épidémie. Il s'agit là d'un seul cas, isolé, sans la moindre mesure avec le coronavirus. Pour l'instant, rien n'indique qu'il circule sur le territoire", affirme Pr Jean-Michel Pawlotsky.

Sources

Encéphalite mortelle causée par le virus Cristoli, un orthobunyavirus émergent, France, Centers for Disease Control and Prevention, juin 2020

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