Ces dernières années, de nombreuses études ont mis en évidence l’influence des facteurs nutritionnels sur le risque de développer un cancer.
"S'il est logique de penser que les substances cancérigènes présentes dans les aliments sont responsables de l'apparition des cancers, cela n'est vrai qu'en partie, tempère la Fondation contre le cancer. Un cancer est le résultat de diverses modifications à l’échelle d’une cellule, certaines liées à notre mode de vie, d’autres dépendant de prédispositions génétiques".
"Parmi les facteurs liés au mode de vie notons que le tabac arrive en tête avec 20% des cancers attribuables, puis l’alcool avec 8%, et l’alimentation déséquilibrée ainsi que le surpoids et l’obésité avec 5,4% chacun", nous rappelle Julien Carretier, Docteur et chercheur en Santé Publique au Département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon Bérard.
Autrement dit, l'alimentation n'est que l'un des facteurs déterminants dans l'apparition de la maladie. Nous sommes en mesure d’affirmer aujourd’hui que le poids, l'activité physique et l'alimentation peuvent influencer le risque pour environ 30% de tous les cancers.
"La fourchette des décès par cancer dans lesquels l'alimentation joue un rôle oscille, suivant les études, entre 10 et 70 %, ce qui n'a rien d'étonnant car l'alimentation n'est pas le seul facteur qui influence le risque de cancer", poursuit la Fondation.
Même s’il reste des incertitudes sur son rôle exact, le pain pourrait bien faire partie des aliments potentiellement cancérigènes. En effet, certains types de pains contiendraient des substances pouvant jouer un rôle dans l'apparition d'un cancer.
Attention néanmoins, ces liens sont complexes et un grand nombre d'hypothèses restent à confirmer. "Le lien possiblement identifié chez la souris doit être confirmé par d'autres études et la transposition des conclusions chez l'homme n'est pas encore avérée", note Julien Carretier. Ces recherches scientifiques sont donc à prendre avec prudence. On les passe en revue dans notre diaporama et on les décrypte avec notre expert.
Cancer et alimentation : y a-t-il un réel lien ?
Le développement de certains cancers est lié à des facteurs alimentaires. Cela signifie qu’une consommation importante et régulière de certains aliments peut augmenter le risque de développement de ces cancers. "Il est par exemple prouvé que la consommation d’alcool augmente le risque de développement des cancers de la bouche, du pharynx et du larynx, de l’œsophage, de l’estomac, du foie, du sein (femmes) et du gros intestin...", note la Fondation contre le Cancer.
En limitant ces aliments, on peut espérer une réduction du risque de développer un cancer. "Mais cela ne signifie pas qu’il est possible d’éviter un cancer de manière certaine. Le développement d’un cancer est en effet lié à de nombreux facteurs externes (mode de vie, facteurs environnementaux ou professionnels, infections) ou internes (mutations héréditaires, hormones, dérèglement du système immunitaire, etc.)", ajoute la Fondation.
Parmi les aliments classés comme cancérigènes ou potentiellement cancérigènes, on retrouve notamment :
- Les viandes rouges (qui regroupent le bœuf, le porc, le veau, l’agneau, le cheval et le mouton) ;
- La charcuterie (ou viande transformée) ;
- Compléments alimentaires / suppléments de bêta-carotène
- Les aliments ultra-transformés (plats préparés, gâteau apéritifs, conserves de légumes, légumes industriels, barres chocolatées, sodas et boissons sucrées…) ;
- Sel ;
- Boissons chaudes.
Y a-t ’il des aliments anticancer ?
"L'expression anticancer, largement utilisée dans les médias et dans certains ouvrages, peut laisser croire que la consommation d'un aliment en particulier peut empêcher le développement d'un cancer, voire le guérir, ce qui est totalement faux et infondé, voire dangereux", met en garde l’Institut National du Cancer.
Cette expression fait souvent référence à une étude scientifique qui, dans la plupart des cas, observe l’effet d'un aliment dans un modèle d'expérimentation non directement extrapolable à l'homme (cellules en culture, modèles animaux).
"Pour réduire le risque de cancer, il est important d’équilibrer globalement ses consommations, en privilégiant ce qui protège et en réduisant ce qui peut contribuer à l’apparition d’un cancer", préconise l’Institut.
Néanmoins, certains aliments sont associés à une diminution du risque de certains cancers. On note les légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots rouges), fruits et légumes riches en fibres, ainsi que les féculents complets (pâtes complètes, riz complet).
"La consommation d’aliments riches en fibres est associée à une diminution du risque de cancer colorectal. Les fruits et légumes permettent de prévenir la survenue des cancers aérodigestifs dans leur ensemble (bouche, pharynx, larynx, nasopharynx, œsophage, poumon, estomac et côlon-rectum)", précise l’Institut National du Cancer.
Pain de mie : il favoriserait le cancer des intestins et du poumon
Des chercheurs en physiologie de la Georgia State University, aux Etats-Unis, ont alerté en 2016 sur l’existence d’un lien entre la consommation quotidienne de pain de mie et le cancer des intestins, notamment le cancer colorectal. Leur étude, publiée dans le journal scientifique Cancer Research, a été menée sur des souris et démontre que chez ces rongeurs, le pain de mie pourrait altérer la barrière intestinale. Ce phénomène pourrait générer une inflammation intestinale, propice au développement de tumeurs colorectales, selon les chercheurs.
En cause ? Les émulsifiants ajoutés par les fabricants de pain de mie, pour améliorer sa texture et augmenter sa durée de conservation.
"L’incidence du cancer colorectal a nettement augmenté depuis le milieu du 20e siècle. Une particularité de cette maladie étant la présence d’un microbiote intestinal altéré qui crée une niche favorable à l’apparition de tumeurs", explique le docteur Emilie Viennois, principale auteur de l’étude, dans un communiqué de l’université. Une hausse parallèle à celle des additifs dans la nourriture industrielle, non seulement dans le pain de mie, mais aussi dans les margarines et les sucreries.
"Attention, il faut noter que les conclusions de cette étude menée chez la souris ne sont pas transposables chez l’homme en l’état actuel des connaissances", nous indique Julien Carretier, Docteur en Santé Publique au Département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon Bérard.
Pain grillé : il exposerait à des substances cancérigènes
Un message diffusé en 2017 par la Food standards agency, l'agence de sécurité sanitaire britannique, alertait les anglais sur les risques des toasts et pains grillés du petit déjeuner.
Lorsque le pain (ou les pommes-de-terre, très riches en amidon), sont grillés ou cuits à plus de 120°C, cela pourrait provoquer une réaction chimique et former de l'acrylamide. Cette substance est potentiellement cancérigène. Et plus le toast est grillé, plus il contient d'acrylamide.
Si la Food standards agency ignore encore quel peut être le seuil de tolérance de notre organisme face à l'acrylamide, elle pense que nous en consommons déjà en trop grande quantité. Notre alimentation inclue une part prépondérante de fritures et aliments cuits à haute température.
Une théorie partagée par l’Institut National du Cancer. « Certains modes de cuisson mettant en jeu des températures supérieures à 200°C ou exposant directement les aliments aux flammes (fritures, grillades, barbecue...) peuvent entraîner la formation de substances cancérigènes ou potentiellement cancérigènes (comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques), mais les données scientifiques disponibles sont limitées pour conclure à une relation avec le risque de cancer de l’estomac. Il est ainsi plus prudent de ne pas consommer fréquemment, ou en grande quantité, des aliments calcinés », déclare l’Institut.
Pour minimiser notre exposition à l'acrylamide, les autorités sanitaires britanniques recommandent de ne pas cuire ou frire les aliments au-delà d'une couleur jaune d'or.
Pain blanc : associé au risque de cancer du poumon
Selon une étude dévoilée en 2016 par des chercheurs de l'Université du Texas, les aliments présentant un indice glycémique élevé comme le pain blanc, augmenteraient de 49 % les risques de cancer du poumon.
Les auteurs expliquent que l'augmentation de la glycémie provoquée par ces aliments a pour conséquence d'augmenter l'insuline dans le sang, ce qui déclencherait la sécrétion d'un certain type d'hormones : les Insulin-Like Growth Factors (IGFs). Plusieurs études antérieures auraient montré un lien entre les IGFs et le cancer du poumon.
Bagel : pourquoi il faut aussi vous en méfier
Selon le même bilan de l’étude des chercheurs de l'Université du centre médical MD Anderson, au Texas, les bagels font également partie des aliments avec un indice glycémique, susceptibles de jouer un rôle dans la survenue de cancer du poumon.
Pain brioché : aliment ultra-transformé et cancérigène
Les pains et brioches industriels font partie des aliments dit « ultra-transformés ». Dans un récent rapport publié par l’American Cancer Society, on apprend qu’ils sont réellement à limiter car peuvent favoriser la survenue de cancers.
En outre, dans une étude française, que l’Inserm avait publié le 15 février 2018 dans le British Medical Journal, les chercheurs ont observé qu’une augmentation de 10 % de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire était associée à une augmentation d’environ 10 % des risques de développer un cancer tous sites confondus et un cancer du sein plus spécifiquement.
En cause ? "Parmi les différentes hypothèses qui pourraient expliquer ces résultats, la moins bonne qualité nutritionnelle globale des aliments ultra-transformés peut être avancée", soutient l’Inserm. En outre, la présence d’autres composés (additifs, substances formées lors des processus de transformation, matériaux au contact des aliments, etc.) pourrait également jouer un rôle.
Cancer : misez sur le pain complet !
Les aliments céréaliers complets, également appelés féculents complets, comme le pain complet, les pâtes complètes ou encore le riz complet, sont particulièrement riches en fibres alimentaires.
"La consommation d’aliments riches en fibres est associée à une diminution du risque de cancer colorectal, partage l’Institut National du Cancer. De plus, ces aliments contribuent à diminuer le risque de surpoids". Il recommande de consommer au moins un produit céréalier complet par jour, en favorisant autant que possible les produits issus de l’agriculture biologique.
Alimentation, Institut National du Cancer, 5 décembre 2019
ALIMENTATION ET CANCER, Fondation contre le Cancer
Un additif alimentaire commun favorise le cancer du côlon chez la souris, Science Daily, 2016
Food Standards Agency (FSA)
Cancer Research UK
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