Il y a six ans, le mari de Catherine Laborde a décelé les premiers symptômes de la maladie à corps de Lewy qui, désormais, la ronge à petit feu. Une démence neurodégénérative, à mi-chemin entre Alzheimer et Parkinson. C’est la raison pour laquelle, deux ans plus tard, l’ancienne présentatrice météo de TF1 a fait ses adieux à la chaîne.
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Roger Moore : son sacrifice depuis son diabèteCe dimanche, elle est néanmoins revenue devant les caméras, le temps d’une interview bouleversante, accordée à l’émission Sept à Huit. Elle y décrit les symptômes dont elle souffre au quotidien mais, surtout, l’impact de sa pathologie sur sa vie quotidienne et sur son couple.
“J’ai des pertes de mémoire sans arrêt”
“Quand vous me demandez si je vais bien, je vous dirais que oui, quelquefois. Et quelquefois ça ne va pas très bien”, commence Catherine Laborde, en toute honnêteté. Cette dernière ne cache pas, d’ailleurs, qu’elle se sent peu à peu “engloutie” par le monstre de la peur. “La peur qui paralyse, qui empêche”. Et qu’elle a ressenti dès lors qu’elle a compris que sa maladie allait être de plus en plus grave.
“Ça m’a projetée hors du monde des autres humains”, explique l’ex-animatrice de 69 ans. “C’est un état extrêmement pénible, comme si j’avais un poids à porter, que je sois d’accord ou pas. C’est plus que lourd. Il faut me mettre à côté. À côté de ma vie, pas dedans”.
“Quand j’étais petite, je disais ‘je ne veux pas savoir que je vais mourir’. J’ai exaucé le vœu de la petite fille que j’étais”.
Perte de mémoire, déséquilibre, désorientation… des symptômes qui fluctuent
Ses symptômes, qu’elle subit en dents de scie - un peu comme des “montagnes russes” - sont typiques des maladies neurodégénératives. “J’ai des pertes de mémoire sans arrêt. Là je viens de vous parler, je ne sais plus ce que j’avais dit une demi-heure plus tôt”, détaille-t-elle. Elle parle “d’accès de mémoire”, puisque les moments où elle se rappelle succèdent à ceux où les souvenirs lui échappent.
Depuis peu, un autre signe commence à se manifester. “Je ne sais plus, quand je suis dans le noir, si je suis en haut, en bas… J’ai l’impression d’être dans une sorte de machine secouée et je ne sais pas trop où je suis, ni qui je suis. C’est un état d’esprit qui, là aussi, accentue la peur et que je connais depuis très peu de temps”.
Catherine Laborde ne sort plus dans la rue sans son mari
Catherine Laborde dit aussi perdre l’équilibre et trébucher très souvent. D’ailleurs, elle ne sort plus de chez elle sans son mari ou ses filles. “C’est une sécurité dont j’ai besoin maintenant”, précise-t-elle. Une condition qui lui fait ressentir “un désespoir total : comme un enfant qui a perdu ; comme une personne qui n’a plus de lien avec l’extérieur”.
“Le travail du neurologue, c’est d’équilibrer tout ça pour qu’il n’y ait pas de dinguerie apparente, [...] pour rester dans le monde des vivants”. Parfois, elle se sent mieux. Dans les bras de son mari, notamment, où elle décrit qu’elle tremble moins. “Ça me rassure”. Mais la maladie n’est pas dénuée d’impact sur son couple, comme nous vous le dévoilons à la page suivante…
Son mari, “énervé” par ses symptômes
Dans son combat contre la maladie, Catherine Laborde peut compter sur ses proches. Et notamment, sur son mari, Thomas Stern. Ensemble, ils ont publié un dialogue qui relate leur récent parcours : Amour malade, quand aimer devient aider. Car au fil des mois, son amant est peu à peu devenu son aidant.
“C’est très compliqué d’aider quelqu’un qui a cette maladie”, explique l’ex-présentatrice météo. “Est-ce qu’il va savoir me soigner ? Est-ce qu’il va savoir me prendre en charge ? En même temps, c’est ma maladie”.
Quand aimer devient aider…
D’après elle, la meilleure façon de l’aider est pourtant de se comporter “comme quand je n’étais pas malade. C’est-à-dire en amoureux, en amant”. C’est d’ailleurs aussi, selon elle, la plus belle façon de l’aimer. “Mais c’est compliqué”, reconnaît la sexagénaire. “Ce qui le désarçonne, c’est qu’il me considère comme un malade”.
Un constat qui la désole, et la fait regarder avec nostalgie vers le passé. “Je regrette. J’aimerais l’entraîner encore pour aller faire des balades… Y’a un temps qui est terminé. Et avant de vivre cette maladie, je ne le savais pas”.
La question du désir se pose également, d’autant que son couple a toujours été porté par la passion charnelle. Une question à laquelle Catherine Laborde prend le temps de répondre, car elle la juge vitale. “Oui, bien sûr, il y a encore du désir entre nous. Mais il y a aussi ce danger que l’aidée prend la place de l’aimée”.
Thomas Stern raconte le “désir de meurtre” de l’aidant
En outre, l’ancienne animatrice est persuadée que ses symptômes énervent son conjoint… Parfois au point d’avoir des envies de meurtre. “Mais, je pense qu’il a besoin d’être énervé, d’avoir les dents qui grincent quand je suis près de lui, pour m’aimer. Il a besoin d’être insolent, rigolo, très fâché, très en colère… et donc très aimant”.
Dans le dialogue qu’ils ont rédigé, Thomas Stern évoque, en effet, “le profond désir de meurtre qui travaille souterrainement l’aidant”. Des mots forts, violents même, mais qui ne choquent pas Catherine Laborde. “Je comprends ce qu’il dit, je crois. Ce désir de tuer celui qui apporte du mal, du mauvais. Forcément, la solitude, elle est pour lui”.
Si elle comprend la colère de son amoureux, cela ne l’empêche pas d’en souffrir, d’être blessée. “C’est trop dur… À moins d’être un héros, je ne sais pas, mais sinon c’est trop difficile”, souligne-t-elle.
“C’est la maladie qui va l’emporter”
C’est également avec nostalgie que Catherine Laborde repense aux années où elle présentait la météo sur TF1. Pendant 30 ans, de 1988 à 2017 plus précisément, elle a fait la pluie et le beau temps devant des millions de Français. Aujourd’hui, tout cela lui “semble loin”.
Elle précise : “c’est la maladie qui va l’emporter, je pense, à un moment ou à un autre. C’est dommage, j’aurais bien aimé que ça dure encore longtemps. Mais je sais bien qu’il y a un moment où ça doit s’arrêter”.
Lorsqu’on lui dit qu’on ne l’oublie pas, cela lui fait “très plaisir”. D'ailleurs, quand elle rencontre quelqu’un, elle entend souvent des mots d’encouragement, le plus fréquent étant “soignez-vous bien”.
“Ce qui paraît vraiment quelque chose d’anodin - tout le monde dit ‘bonne santé’ - là ça prend une dimension très vraie, très intense, très réelle”, explique l’ancienne animatrice. “Parce qu’il faut être vivant, il faut être dans le mouvement de la vie. Et ça ne se fait pas tout seul, mais la vie continue, toujours”.
Catherine Laborde, mon couple face à la maladie, Sept à Huit, 4 octobre 2020.
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