Le système nerveux autonome parasympathique échange constamment des informations entre le cerveau et le système digestif. Au centre de tout ce phénomène se trouve le nerf vague. Connu pour être le plus long nerf du corps, il relie le cerveau à tous les organes principaux et transporte des informations vitales dans les deux sens, afin de contrôler des fonctions telles que le rythme cardiaque, la respiration, la fonction immunitaire et la digestion. Le stimuler serait bénéfique pour notre santé, notamment pour lutter contre l’inflammation et gérer la douleur. Depuis quelques années, des scientifiques s'intéressent à ses propriétés pour trouver de nouveaux traitements. Dans une étude publiée en novembre 2024 dans la revue Science, des chercheurs ont étudié un mécanisme clé : la SUMOylation, un processus cellulaire qui façonne la réponse immunitaire et dont l’inhibition contribue à calmer l’inflammation.
La stimulation du nerf vague, initialement développée pour le traitement de l’épilepsie réfractaire, est en cours d’évaluation dans plusieurs maladies, telles que la polyarthrite rhumatoïde ou la fibromyalgie. "Il a été démontré que cette stimulation améliore la fonction immunitaire et calme les cytokines pro-inflammatoires (protéines de signalisation du système immunitaire) dans certaines affections gastro-intestinales", explique au média Time le Dr Thomas Abell, professeur de gastro-entérologie et directeur de la recherche sur la motilité gastro-intestinale à l'université de Louisville. Cette stimulation est aussi efficace que certains médicaments. "Les douleurs abdominales ont disparu et mes selles sont beaucoup plus saines", explique Joseph, aujourd'hui âgé de 16 ans, qui vit avec sa famille à Farmingdale, dans l'État de New York, au média Time.
"Nos médicaments s'améliorent sans cesse, mais le taux de réussite n'est que de 50 à 60 %", explique au média Time le Dr Sahn, gastro-entérologue. "Il reste donc beaucoup de personnes qui ne parviennent pas à une rémission ou qui obtiennent des réponses partielles aux médicaments"
La stimulation du nerf vague fait partie d'une classe de traitements appelée thérapie de neuromodulation. Dans une étude publiée dans la revue scientifique Medicina, les chercheurs ont conclu que ces techniques sont prometteuses dans le cadre de maladies inflammatoires de l’intestin, en particulier pour les personnes qui ne sont pas suffisamment soulagées par les médicaments ou qui en subissent les effets indésirables.
Nerf vague et inflammation, un lien étroit
Dans l’étude publiée en novembre, la modulation de la SUMOylation par stimulation du nerf vague pourrait constituer une nouvelle voie de traitement en ciblant directement l'inflammation. Depuis 2022, l’équipe travaille sur les effets de la stimulation du nerf vague sur la SUMOylation, afin de déclencher une réponse anti-inflammatoire naturelle qui calme la réponse immunitaire.
"L’une des conclusions surprenantes est que l’inhibition de la SUMOylation semble imiter les effets bénéfiques de la stimulation vagale, ce qui permet une réduction des symptômes cliniques de la colite", précise l’auteur principal, le Dr Ayman Youssef, ancien chercheur à Duke en Caroline du Nord et aujourd’hui au Vanderbilt Medical Center dans le Tennessee, aux États-Unis.
Une thérapie prometteuse
La neurostimulation s’effectue à travers un fin filament implanté autour du nerf vague dans le cou. Il est relié à un générateur glissé sous la clavicule. Ce même générateur émet des impulsions électriques toutes les 5 minutes, par exemple, pour stimuler le nerf et potentialiser son rôle anti-inflammatoire. "Je ne remarque pas les effets immédiatement, mais lorsqu'ils se manifestent, les visites aux toilettes sont beaucoup plus agréables", témoigne Joseph.
Cette thérapie prometteuse nécessite encore de la recherche mais elle suscite de l’espoir pour les patients. Cependant aujourd’hui, les spécialistes des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin considèrent la stimulation du nerf vague comme une thérapie complémentaire. "Ce n'est pas quelque chose qui remplacera les médicaments, mais si votre traitement médical n'est pas suffisant, c'est une solution raisonnable à envisager", explique au Time le Dr Vaughn.
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