Baptiste n’a que 25 ans, mais il exerce déjà en tant que psychologue salarié depuis un an et demi. Avant même de commencer son métier, le jeune homme était déjà suivi, quelques fois, par un thérapeute. Continuer la prise en charge lui a donc semblé évident lorsqu’il a commencé à exercer. “Quand on est dans le champ de la psychologie, c’est important d’être soi-même patient, ne serait-ce que pour en faire l'expérience, mais aussi pour être au clair avec tous les bénéfices de la thérapie”, assure le praticien. Baptiste affirme que ce suivi lui permet d’avoir du recul, chose indissociable d’une bonne pratique : “Ça apporte des connaissances nouvelles et davantage d'outils.”
“Les psychologues n’ont pas forcément toutes les réponses”
Pour Baptiste, témoigner est essentiel, car de nombreuses idées reçues et incompréhensions circulent autour de son métier. S’il assure que la plupart des psychologues de son entourage sont eux-mêmes suivis, il réalise que ses patients sont choqués de l’apprendre. “Ça permet de désacraliser le métier. C’est absurde de penser qu’on va bien parce qu’on est psy. On n’a pas forcément toutes les réponses. Tous les psychologues sont humains et nous avons tous des problématiques personnelles.”
Les incompréhensions autour du métier sont légion, malgré une démocratisation progressive de la psychothérapie. La confusion entre les trois termes clés de psychologie, psychiatrie et psychanalyse est, par exemple, encore fréquente. Pour rappel :
- le psychiatre est médecin, il a donc fait des études de médecine et est en mesure de faire des prescriptions, comme des antidépresseurs ou des anxiolytiques
- le psychologue n’est pas médecin, mais son suivi est indispensable pour les personnes souffrant de problèmes psychologiques ou traversant une passe difficile ; il ne peut délivrer d’ordonnance, mais de nombreuses formes de psychothérapie ont des bienfaits scientifiquement prouvés et sont ainsi complémentaires aux traitements médicamenteux
- la psychanalyse, enfin, est un courant ; un psychologue comme un psychiatre peuvent être d’obédience psychanalytique
À noter : pour les professionnels d’obédience psychanalytique, se faire suivre par un praticien psychanalyste est obligatoire. Ce n’est pas le cas pour les autres psychologues et psychiatres, qui sont les sujets de cette série.
“Les problématiques professionnelles deviennent parfois personnelles”
De quoi parle-t-on à son psy, quand on en est un soi-même ? Deux possibilités s’offrent à vous : évoquer les éventuels problèmes rencontrés avec votre patientèle ou parler de votre vie privée. “Personnellement, j'ai trouvé une psychologue avec laquelle je peux faire un peu des 2. Je suis libre d’évoquer des situations professionnelles ou des patients que je rencontre dans ma pratique. Après, la vie privée et ces problématiques se rejoignent souvent. C’est difficile de faire la part des choses parce qu’en tant que psychologue, mon métier me passionne, et les problématiques professionnelles deviennent parfois personnelles.”
Trouver un professionnel qui accepte de vous suivre quand on est soi-même psychologue n’est toutefois pas une mince affaire. En effet, certains thérapeutes ne se sentent pas capables de superviser quelqu’un et préfèrent passer leur tour. “J’ai rencontré des psychologues qui ne se sentaient pas légitimes pour me conseiller ou me guider dans ma pratique. Même moi, je ne me sentirais pas légitime en tant que professionnel pour guider un autre professionnel !” Heureusement, Baptiste a finalement réussi à trouver une consoeur qui a accepté de le superviser de manière informelle. Il la voit toutes les trois semaines, et les bénéfices sont immenses. “Ça permet de changer de perspective, de voir les choses de différentes manières, de voir les différentes issues possibles.”
“En sortant de l'école, les psychologues ne sont pas bien informés”
Pourtant, pendant ses années d’études, Baptiste n’a pas été informé au mieux sur le suivi psychologique destiné aux psychologues. "On sait que c'est bénéfique, c e message est plus ou moins rabâché selon les courants et écoles de pensée, la psychanalyse arrivant sans nul doute en tête, de ce que j’ai moi-même pu observer. Mais e n sortant de l'école, les jeunes ne connaissent pas vraiment les modalités du suivi."
Un comble selon lui : un thérapeute en souffrance psychique non pris en charge, ce sont des patients moins bien écoutés, et donc lésés. “Évidemment, le fait d'aller mal n'aide pas. Il faut quand même avoir les épaules un minimum solides pour accueillir le patient et être disponible pour lui. J’ai connu un psychologue qui se retrouvait pénalisé dans son activité parce qu'il était moins disponible physiquement et psychiquement. Quand on en arrive là, il faut réagir.” Même s’il a débuté son activité il y a peu, Baptiste est motivé à continuer son suivi tout au long de sa carrière. Et à briser, définitivement, le tabou autour de la santé mentale des psychologues.
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