Microbiote intestinal : manger beaucoup de tomates le restaure en deux semainesAdobe Stock

Et si manger des tomates suffisait à avoir un microbiote intestinal en bonne santé ? Selon une étude publiée dans la revue Microbiology Spectrum le 8 novembre dernier, avoir un régime alimentaire riche en tomates pendant deux semaines permet déjà d’augmenter la diversité des microbes dans vos intestins et de modifier les bactéries intestinales pour avoir un microbiote intestinal sain. "Il est possible que les tomates aient des effets bénéfiques en modulant le microbiome intestinal", a en effet déclaré l'auteur principal, Jessica Cooperstone, professeure adjointe d'horticulture et de sciences agricoles, ainsi que de sciences et technologies alimentaires à l'université d'État de l'Ohio.

Microbiote intestinal : un régime composé de 10% de tomates

On connaissait déjà les effets positifs des régimes riches en fruits et en légumes sur le microbiote intestinal à l'inverse d'autres aliments qui sont à éviter, les chercheurs américains ont souhaité étudier l’impact des tomates sur le microbiome intestinal des porcs. "Il s'agissait de notre première enquête sur la façon dont la consommation de tomates pouvait affecter le microbiome, et nous avons caractérisé les microbes présents et la façon dont leur abondance relative a changé avec cette intervention sur la tomate", a précisé l’auteure principale de l’étude. "Les habitudes alimentaires générales ont été associées à des différences dans la composition du microbiome, mais les effets spécifiques aux aliments n'ont pas été beaucoup étudiés", a en effet ajouté Jessica Cooperstone. "En fin de compte, nous aimerions identifier chez l'homme le rôle de ces micro-organismes particuliers et la façon dont ils pourraient contribuer à des résultats potentiels pour la santé."

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont utilisé des tomates mises au point par David Francis, phytogénéticien et généticien de la tomate de l'État de l'Ohio et coauteur de l'étude, et qui sont du type de celles que l'on trouve généralement dans les produits à base de tomates en conserve. En pratique, dix porcs témoins récemment sevrés ont été nourris avec un régime standard, pendant que dix autres ont consommé un régime dont 10% de la nourriture étaient constitués d'une poudre lyophilisée fabriquée à partir de tomates. Il est important de préciser que les fibres, le sucre, les protéines, les graisses et les calories étaient identiques pour les deux régimes. Les deux populations de porcs de l’étude vivaient séparément, et les chercheurs ont réduit au minimum le temps passé avec les porcs. Objectif : garantir que toute modification du microbiome observée avec le régime d'étude puisse être attribuée aux composés chimiques des tomates.

Microbiote intestinal : des bactéries plus diverses

Les microbes présents dans l'intestin des porcs ont été analysés dans des échantillons fécaux prélevés avant le début de l'étude, puis sept et quatorze jours après l'introduction du régime. L'équipe a utilisé une technique appelée "shotgun metagenomics" pour séquencer tout l'ADN microbien présent dans les échantillons. Résultat, deux changements principaux ont été constaté dans les microbiomes des porcs nourris avec le régime à base de tomates : la diversité des espèces de microbes dans leurs intestins a augmenté et les concentrations de deux types de bactéries communes dans le microbiome des mammifères ont évolué vers un profil plus favorable.

Ce rapport plus élevé entre le phyla Bacteroidota (anciennement connu sous le nom de Bacteriodetes) et le Bacillota (anciennement connu sous le nom de Firmicutes) présents dans le microbiome s'est avéré être lié à des résultats positifs en matière de santé. À l'inverse, d'autres études ont établi un lien entre un taux plus élevé de Bacillota par rapport au Bacteroidota et l'obésité.

Microbiote intestinal : des conseils diététiques pour le protéger

Pour rappel, les tomates représentent environ 22% de la consommation de légumes dans les régimes occidentaux et des recherches antérieures ont associé la consommation de tomates à une réduction du risque de développement de diverses pathologies, dont les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Cette nouvelle étude sur l'impact favorable des tomates sur le microbiome intestinal chez les porcs suggère qu'il s'agit d'une véritable piste alimentaire à explorer pour les êtres humains.

"Il s'agissait de notre première enquête sur la façon dont la consommation de tomates pouvait affecter le microbiome, et nous avons caractérisé les microbes présents et la façon dont leur abondance relative a changé avec cette intervention sur la tomate", a assuré l’auteure principale de l’étude. "Pour vraiment comprendre les mécanismes, nous devons réaliser davantage de travaux de ce type sur le long terme chez l'homme. Nous voulons également comprendre comment la consommation de ces aliments modifie-t-elle la composition des microbes présents et, sur le plan fonctionnel, quels en sont les effets ?" Selon Jessica Cooperstone, "une meilleure compréhension pourrait conduire à des recommandations diététiques plus fondées sur des preuves pour une santé à long terme".

Sources

Short-Term Tomato Consumption Alters the Pig Gut Microbiome toward a More Favorable Profile, Microbiology Spectrum, 8 novembre 2022. 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36346230/

Tracing tomatoes' health benefits to gut microbes, Science Daily, 8 novembre 2022.

https://www.sciencedaily.com/releases/2022/11/221108160814.htm

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