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L’interaction sociale serait-elle régulée par le cerveau et l’intestin ? Mieux comprendre les interrelations entre le microbiote, l’intestin et le cerveau fait partie des dernières recherches d’intérêt en santé. Par exemple, les études permettent d’identifier les facteurs pouvant engendrer des maladies métaboliques telles que le diabète de type 2.

Le microbiote intestinal régule l’appétit et le métabolisme

L’une d’entre elles met en évidence comment le microbiote est un acteur clé de la régulation de notre appétit et de notre métabolisme, et comment il serait impliqué dans le développement des maladies métaboliques. Pour rappel, le microbiote intestinal regroupe des milliards de micro-organismes vivant (bactéries, virus et levures) dans notre appareil digestif, en symbiose avec le reste de l’organisme, pour le meilleur et pour le pire.

"Les données disponibles suggèrent que l’écosystème intestinal communique avec le système nerveux central grâce à différents canaux, dont le nerf vague", explique Hilke Plassmann, responsable de l’équipe Contrôle cognitif – intéroception – attention à l’Institut du Cerveau (Paris). "Il utilise aussi des signaux biochimiques qui déclenchent la libération de neurotransmetteurs, tels que la dopamine et la sérotonine, qui sont essentiels pour le bon fonctionnement du cerveau."

Un lien entre microbiote et compétences sociales ?

Cette voie biologique pourrait impacter nos prises de décisions selon une précédente étude franco-allemande. "La compréhension des choix alimentaires et de l'alimentation nécessite une approche interdisciplinaire qui prenne en compte les interactions complexes entre le métabolisme d'une personne, le microbiote intestinal et les circuits cérébraux qui sous-tendent la prise de décision en matière d'alimentation", écrivent les auteurs.

Par ailleurs, les chercheurs notent un lien entre la composition du microbiote et les compétences sociales, mais ne savent pas exactement comment l’un contrôle l’autre.

Une collaboration entre l’Institut du Cerveau et l’Université de Bonn (Allemagne) a cherché à préciser cette association. D’ordinaire menée chez la souris, l’expérience a été transposée à l’homme.

Un jeu sur la sensibilité à l’injustice

Le "jeu de l’ultimatum" a recruté 101 hommes de 20 à 60 ans. Le principe ? Attribuer une certaine somme d’argent à un joueur, qu’il doit partager avec un autre joueur du montant qu’il souhaite (équitable ou non). Le second joueur est libre soit d’accepter la somme d’argent, soit de décliner l’offre s’il la juge insuffisante. Auquel cas, aucun des joueurs ne reçoit d’argent.

Pour les chercheurs, refuser la somme d’argent équivaut à ce que l’on appelle une "punition altruiste", c’est-à-dire un besoin de sanctionner quelqu’un si la situation est perçue comme "injuste". Pour le second joueur, rétablir une l’égalité (personne ne reçoit d’argent) peut être plus important que d’obtenir une récompense, même infime. Ce jeu permet donc de mesurer la sensibilité à l’injustice.

A noter qu’environ la moitié des participants ont consommé des suppléments alimentaires pour l’équilibre des bactéries dans l’intestin (probiotiques et prébiotiques) pendant sept semaines. L’autre moitié ont reçu un placebo. Les résultats montrent que l’utilisation des suppléments alimentaires augmentait la volonté des participants de renoncer à un gain monétaire lorsqu'ils étaient traités injustement, notent les chercheurs.

Voies biologiques impliquées

D’après le communiqué, les scientifiques ont avancé dans la compréhension des mécanismes biologiques impliqués dans l’axe "microbiote-intestin-cerveau". "Ils ont observé [au sein du groupe supplémenté] une forte diminution des niveaux de tyrosine, un précurseur de la dopamine, après les sept semaines d'intervention. Pour la première fois, un mécanisme de cause à effet se dessine : la composition du microbiote intestinal pourrait influencer le comportement social par l'intermédiaire des précurseurs de la dopamine, un neurotransmetteur qui intervient dans les mécanismes cérébraux de la récompense".

On pourrait donc moduler notre comportement social en fonction de notre apport alimentaire, avec des implications potentielles pour l'éducation et la politique.

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