7 risques associes aux medicaments prescrits en cas de reflux, de brulures ou d’ulcere a l’estomac (IPP)

Un médicament n’est jamais anodin. Il est en effet rarement exempt d’effets indésirables. Parfois sur le long terme. C'est d’autant plus embêtant que ces effets indésirables peuvent se conjuguer à ceux des autres traitements chez les personnes polymédiquées, les patients qui doivent composer avec une maladie chronique, et les personnes de plus de 70 ans, souvent suivies pour plusieurs pathologies.. 

Les IPP commercialisés en France

Les IPP (pour inhibiteur de la pompe à protons) sont des médicaments anti acidité très courants, prescrits en cas de brûlures d’estomac, de reflux gastro-oesophagien (RGO), d’ulcère. Les 5 molécules commercialisées en France sont l’oméprazole (Mopral®, Zoltum® et génériques), l’ésoméprazole (Inexium® et génériques), le lansoprazole (Ogast®, Ogastoro®,  Lanzor® et génériques), le pantoprazole (Inipomp®, Eupantol® et génériques) et le rabéprazole (Pariet® et génériques). 

Une large enquête publiée fin mai 2024 dans le British Journal of Clinical Pharmacology révèle que les IPP sont les médicaments pour lesquels “le pourcentage de prescription potentiellement inappropriés” est le plus élevé. Il oscille entre 42,3 % et 65,5 % selon les pays européens et se situe à 48,4 % en France. 

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : des mésusages qui posent problème

90% des IPP sont prescrit en ville (hors hôpital), en grande majorité par les médecins traitants. Mais le plus souvent, ces prescriptions se font hors AMM (autorisation de mise sur le marché) ce qui veut dire que le médicament est proposé dans des situations non répertoriées par les autorités de santé.

La Haute Autorité de Santé (HAS) pointe en outre un mésusage courant des IPP : des prescriptions trop longues. Pour le reflux gastro-oesophagien (RGO) notamment, “le traitement initial est de 4 semaines. La poursuite du traitement est rarement justifiée, notamment chez les sujets âgés polymédiqués.” Dans les faits, de nombreuses personnes poursuivent les traitements bien au-delà de la prescription initiale, d’autant que certains IPP sont disponibles en vente libre et que la plupart des malades constatent une aggravation de l’acidité à la fin du traitement (on parle d’effet rebond) 

Des effets rebond à l’arrêt du traitement

Le Réseau Français des Centres Régionaux de PharmacoVigilance (RFCRPV) indique ainsi que “de nombreuses publications, dont certaines sont récentes, relèvent une association entre des effets indésirables parfois graves et l’utilisation des IPP à long terme, alors que l’arrêt, difficile suite au rebond d’acidité, conduit à poursuivre la prise.” Les IPP peuvent ainsi être impliqués dans l’aggravation ou la survenue de certaines maladies

Voici 7 maladies qui peuvent être provoquées ou aggravées par la prise d’IPP. 

Fracture osseuse

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La prise d’IPP impacte la densité osseuse. Une étude publiée en janvier 2024 dans la revue Bones Report conclut que l’utilisation “à long terme d'IPP peut être associée à des effets néfastes sur la santé osseuse, notamment un risque accru de fracture, des altérations de la densité minérale osseuse, une hypomagnésémie et l'échec des implants dentaires.

Infection intestinale

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Parce qu’ils altèrent le microbiote (flore intestinale), les IPP prédisposent aux infections intestinales. Plusieurs études récentes suggèrent en outre que le prise d’IPP augmente la colonisation de l’intestin grêle par des bactéries pathogènes

Pneumonie 

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La Revue Médicale Suisse explique qu’il existe un lien “entre administration d’IPP et un taux plus élevé de pneumonies.” Comment est-ce possible ? On soupçonne les IPP d’augmenter le nombre de bactéries anaérobies de l’estomac, lesquelles contamineraient les voies respiratoires. “Une étude canadienne a montré que des patients de 65 ans et plus, hospitalisés pour pneumopathie communautaire étaient plus fréquemment réhospitalisés pour un second épisode de pneumopathie lorsqu’ils recevaient un traitement d’IPP” précise encore la revue scientifique suisse. 

Insuffisance rénale chronique

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Une étude américaine* datant de 2016 met en évidence que l’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) est associée à un risque plus élevé d’insuffisance rénale chronique. En l’espèce, l’insuffisance rénale chronique peut être consécutive à une insuffisance rénale aiguë ou une hypomagnésémie (faible niveau de magnésium dans le sang), elles-mêmes liées à la prise prolongée d’IPP

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Carences en vitamines en minéraux

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Les IPP peuvent perturber l’assimilation de certains nutriments, notamment certaines vitamines et minéraux. En plus du magnésium (cité dans la slide précédente), les IPP peuvent notamment être responsables d’un manque de vitamine B12, mais aussi de vitamine C, de fer ou de calcium. 

Cancer gastrique

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La science n’a pas encore apporté de preuves suffisamment solides concernant cette affirmation. Toutefois, le Réseau Français des Centres Régionaux de PharmacoVigilance (RFCRPV) indique qu’une “étude récente montre une augmentation du risque de cancer gastrique en cas de traitement au long cours avec des IPP, en particulier chez les personnes infectées par Helicobacter pylori”.

Augmentation de la mortalité

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Une étude de cohorte menée aux Etats-Unis a mis en évidence chez les utilisateurs d’IPP versus les utilisateurs d’anti-H2 (un autre type d'antiacide, NDLR), 45,2 décès supplémentaires pour 1000 patients, relève encore le RFCRPV. La cause détaillée des décès supplémentaires associés aux IPP était liée à des maladies cardiovasculaires, à une maladie rénale chronique et à des cancers du tube digestif haut.”

Sources

https://www.rfcrpv.fr/les-inhibiteurs-de-la-pompe-a-protons-les-risques-a-long-terme/

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352187224000081

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2015/revue-medicale-suisse-485/inhibiteurs-de-la-pompe-a-protons-ipp-peut-etre-pas-si-inoffensifs-que-cela

*Lazarus B , Chen Y , Wilson FP, et al. Utilisation d'inhibiteurs de la pompe à protons et risque de maladie rénale chronique. JAMA Intern Med. 2016;176(2):238–246. doi:10.1001/jamainternmed.2015.7193

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