Cancer : après le combat, s’installe le brouillard cognitifImage d'illustrationIstock
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Des clés introuvables, un code de carte bancaire oublié, la page de ce roman tant apprécié impossible à imprimer : autant de symptômes qui peuvent survenir à la suite d’un événement traumatique tel que le cancer. Mais la maladie n’est pas le seul coupable. Le traitement peut l’être aussi. Les médecins l’appellent : le brouillard cérébral. "Cela induit un ralentissement cognitif, une sorte de lenteur mentale, des difficultés de concentration et d’attention avec parfois de la confusion", explique, lors d’une interview pour le média Le Temps en avril dernier, le Dr Nicolas Neveux, psychiatre et auteur du site e-psychiatrie.fr et du livre Pratiquer la Thérapie Interpersonnelle chez Dunod.

Des troubles qui peuvent varier selon le traitement proposé et le type de cancer. "Une radiothérapie de la tête, du cou ou du corps entier peut endommager les cellules du cerveau", explique la Société canadienne du cancer sur son site. Avec ce type de thérapie, les troubles cognitifs apparaissent habituellement un ou deux ans après la radiothérapie, précise la société savante. "J’étais constamment en train de chercher mes affaires. J’avais cette impression d’être dans un flou permanent", se souvient Marie-Louise, en rémission d’un cancer du sein.

"Leurs résultats ont mis en évidence des atteintes de la mémoire verbale et de la flexibilité de la mémoire, voire une diminution de la matière grise du cerveau"

La chimiothérapie peut aussi causer des troubles de l’attention, de la mémoire ou de la résolution de problèmes. Certains traitements peuvent même provoquer une perte auditive. Quant à l’hormonothérapie, la diminution de certaines hormones joue un rôle dans la mémoire. "L’œstrogène protège les cellules nerveuses et la fonction cognitive. Une baisse des taux d’œstrogène dans le corps peut donc entraîner des troubles cognitifs", indique la Société canadienne. Ces troubles cognitifs sont le plus souvent transitoires, mais ils peuvent perdurer de 6 mois à 10 ans.

Pour comprendre ce phénomène, des scientifiques ont réalisé des tests neuropsychologiques ainsi que des examens de neuro-imagerie chez des femmes atteintes d’un cancer du sein. "Leurs résultats ont mis en évidence des atteintes de la mémoire verbale et de la flexibilité de la mémoire, voire une diminution de la matière grise du cerveau", rapporte le média scientifique The Conversation.

Les médicaments modifient la perméabilité de la barrière censée protéger le cerveau

L'une des théories mises en avant par les chercheurs : le processus inflammatoire généré par les traitements. "Les médicaments modifient la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, une structure qui a pour fonction de protéger le cerveau contre des agents nocifs, ce qui conduirait au passage de substances qui, normalement, sont retenues par cette barrière", souligne le média scientifique.

Tout ce qui contribue à exercer la mémoire est bénéfique

Aujourd’hui, les médecins spécialisés en cancérologie prennent mieux en compte cette problématique. Parmi les différentes thérapies, l’activité physique est celle qui présente le plus de résultats : marche, course, danse, vélo, tout est bon tant que cela permet de se vider l’esprit.

Des jeux cérébraux tels que les puzzles, le sudoku ou les mots fléchés semblent démontrer leur efficacité. L’instauration de rituels peut aussi porter ses fruits. Le blog contre le cancer du sein du Centre hospitalier du Luxembourg donne quelques exemples : regrouper les articles de la liste de courses selon leurs catégories, utiliser des aide-mémoire comme un agenda, ou, au moment de laisser la voiture dans un parking, prendre dix secondes pour trouver un point de repère pour la retrouver à la sortie.

La remédiation cognitive pour traiter le "brouillard cérébral"

La remédiation cognitive utilise des exercices pour traiter des processus cérébraux tels que la mémoire, l’attention et les fonctions exécutives. Les exercices proposés en groupe ou au cours de séances individuelles sont généralement ludiques. Il peut s’agir de jeux collectifs.

"Cette approche est basée sur la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se réorganiser et à former de nouvelles connexions, ce qui est essentiel pour récupérer et améliorer les fonctions cognitives. Ces innovations visent à la récupération des capacités affectées, ce qui offre de l’espoir et améliore de manière significative la qualité de vie des personnes touchées", explique The Conversation. Il reste néanmoins encore du chemin à parcourir pour enfin prendre en charge tous les aspects qui gravitent autour du cancer.

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