Vendée Globe : conseils de skipper pour supporter le manque de sommeilCrédit : Castel Franck/ABACAabacapress
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C’est une victoire pour Charlie Dalin. L’arrivée record de ce skipper de 40 ans au port des Sables-d’Olonne ce mardi matin, après 65 jours en mer, l’inscrit pour la première fois au palmarès des vainqueurs de cette course mythique. Une traversée qui impacte considérablement le sommeil de ces sportifs. "Notre sommeil est fractionné, on dort quelques minutes ici et là. Parfois, on a la chance d'avoir des conditions favorables où on arrive à bien se reposer, mais ça reste toujours très fractionné", témoignait en 2020 à France Info le vainqueur de la course en 2013. Pour supporter cette dette de sommeil, les skippers comptent sur leur endurance et quelques techniques de récupération rapide.

Le sommeil se divise en plusieurs phases : le sommeil lent et léger, lent et profond qui permet au cerveau de se régénérer, et paradoxal. Cette dernière phase dure entre 30 minutes et une heure et permet au cerveau de rêver et de faire redescendre l’anxiété de la journée. Avec l’aide de médecins du sommeil, les navigateurs doivent apprendre à contrôler ces trois périodes. "Généralement, les gens font génétiquement entre 3 à 5 ou 6 cycles par nuit, certains de 1h30 et d'autres de 2h", détaille François Duforez, médecin au Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu et au Centre européen du sommeil à Paris, qui suit Charlie.

"La dette de sommeil entraîne un déficit évident qui peut déboucher sur une perte de lucidité contre-productive et parfois même dangereuse"

Lors d’une course en solitaire comme le Vendée Globe, la gestion des intempéries empêche les navigateurs de pouvoir dormir correctement. Ils accumulent donc une dette de sommeil. Elle correspond à leur temps idéal de repos en fonction de leur cycle circadien et au temps où ils dorment réellement. "Cela entraîne un déficit évident de repos qui peut déboucher sur une perte de lucidité contre-productive et parfois même dangereuse", explique Isabelle Joschke, navigatrice au Vendée Globe de 2024. Une dette qui peut entraîner une faillite de sommeil, laquelle se caractérise par des hallucinations dangereuses pour ces sportifs de l'extrême.

Stocker le sommeil pour éviter une dette

Pour éviter d’en arriver à ce stade, ils doivent donc apprendre à stocker le sommeil. "Il est très important de préparer cette dette les jours qui précèdent la course. Nous recommandons aux skippers de dormir le plus possible avant le départ et d’emmagasiner un maximum de sommeil", précise, lors d’une interview à 60 Millions de consommateurs, le Dr François Duforez. Une technique qui permet d’atténuer les effets de la privation et de maintenir une bonne vigilance. Mais ce n’est pas suffisant.

La micro-sieste pour améliorer la vigilance

Les skippers sont des adeptes de la micro-sieste. "Ce sont des moments où ils vont respirer tranquillement les yeux fermés. Le cerveau peut ainsi vite s’échapper. On les appelle, les siestes flashs, qui durent entre 30 secondes et 5 minutes. Cet instant de repos ne permet pas de récupérer de la mémoire de travail, mais des automatismes", explique à France Info François Duforez. "En mer, il faut être capable de dormir sur commande, pas longtemps, et avoir un sommeil très récupérateur", précise Isabelle Joschke.

Après avoir identifié le moment de la journée où la vigilance chute, il est conseillé de placer à ce moment précis des siestes courtes entre 10 et 40 minutes selon le cycle et les habitudes des navigateurs.

Une alimentation sucrée favorise l’endormissement

Pour bien dormir, l’hygiène de vie et les rituels sont essentiels. "Une bonne alimentation est très importante pour bien dormir, car la digestion peut vraiment perturber le sommeil", explique Isabelle Joschke. Pour le médecin spécialisé en sommeil, la nutrition et le sommeil sont liés. Par exemple, les aliments sucrés facilitent l’endormissement. "Le sucre active la synthèse du tryptophane, un précurseur de la sérotonine, l’hormone du sommeil", souligne à 60 Millions de consommateurs François Duforez. À l’inverse, des aliments riches en protéines comme la viande des Grisons favorise, quant à elle, la vigilance.

D’autres rituels comme la musique, l’auto-hypnose et la méditation sont des techniques qui fonctionnent en fonction des personnes. Chaque skipper a ses propres astuces pour s’endormir et son propre "rituel d'endormissement qui permet de réduire l’anxiété", ajoute le médecin à France Info.

Le dernier point important pour optimiser au mieux la récupération de sommeil reste la literie. Les skippers disposent de couchettes adaptées. "Avec la société Bultex, nous avons développé des prototypes de couchettes sur mesure : des sortes de sarcophages rembourrés avec de la mousse qui atténuent les chocs et améliorent la qualité du sommeil", raconte à 60 Millions de consommateurs François Duforez.

Pour Isabelle Joschke, à terre, il est primordial de se coucher à heures régulières, de dîner léger, d'éviter les écrans et le sport deux heures avant le coucher, et surtout de trouver son propre fonctionnement.

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