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Encore une preuve scientifique de la dangerosité des pesticides sur la santé. Des chercheurs de l’université de Stanford, en Californie, ont identifié 22 pesticides associés à une augmentation du risque de cancer de la prostate, dont seulement trois étaient déjà connus. Dans l’étude publiée dans la revue Cancer le 4 novembre 2024, on retrouve notamment le 2,4-D, un herbicide de la famille des aryloxyacides très utilisé aux États-Unis et disponible en France.

Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes : "Mais les facteurs de risque modifiables restent insaisissables", précisent les scientifiques. Dans cette étude, ils ont examiné le rôle potentiel de l'exposition à 295 pesticides agricoles dans l'incidence de ce type de tumeur et la mortalité aux États-Unis.

"En nous appuyant sur ces résultats, nous pouvons faire progresser nos efforts pour identifier les facteurs de risque de ce type de tumeur et travailler à réduire le nombre d’hommes touchés"

Parmi les nouvelles substances identifiées, on trouve des herbicides, des fongicides, des insecticides et un fumigant (il s’évapore en produit gazeux au contact de l’eau ou de l’air). Parmi eux, quatre pesticides sont associés à la mortalité liée au cancer de la prostate : la trifluraline, le cloransulam-méthyl, le diflufenzopyr et le thiaméthoxame. "Seule la trifluraline est classée par l’Agence de protection de l’environnement comme un cancérogène humain possible, tandis que les trois autres sont considérés comme peu susceptibles d’être cancérogènes ou ont des preuves de non-cancérogénicité", s’alarment les auteurs de l'étude dans un communiqué.

"Cette recherche démontre l’importance d’étudier les expositions environnementales, telles que l’utilisation de pesticides, pour expliquer potentiellement une partie de la variation géographique que nous observons dans l’incidence du cancer de la prostate et les décès à travers les États-Unis", a déclaré dans un communiqué l’auteur principal Simon John Christoph Soerensen, de la Stanford University School of Medicine. "En nous appuyant sur ces résultats, nous pouvons faire progresser nos efforts pour identifier les facteurs de risque de ce type de tumeur et travailler à réduire le nombre d’hommes touchés."

La reconnaissance de maladie professionnelle

Dans un décret publié le 22 décembre 2021 au Journal officiel en France, les cancers de la prostate liés à l'exposition professionnelle aux pesticides sont reconnus comme maladies professionnelles. "Le terme ‘pesticides’ se rapporte aux produits à usage agricole et aux produits destinés à l’entretien des espaces verts (produits phytosanitaires ou produits phytopharmaceutiques), ainsi qu’aux biocides et aux antiparasitaires vétérinaires, qu’ils soient autorisés ou non au moment de la demande", précise le décret.

La loi prévoit un délai de prise en charge de 40 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 10 ans. Cela concerne notamment les professions exposées lors de la manipulation ou de l’emploi de ces produits, par contact direct ou avec les cultures, les surfaces, les animaux traités ou lors de l’entretien des machines destinées à l’application des pesticides, et par inhalation.

Des pesticides considérés comme des perturbateurs endocriniens

Cette décision était particulièrement attendue aux Antilles, où la chlordécone, un pesticide utilisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies, a infiltré les sols, polluant les eaux et les productions agricoles. Une pollution connue des autorités depuis 1960.

La population de Guadeloupe et de Martinique détient ce triste record de cancer de la prostate avec un taux d’incidence de 227 cas pour 100 000 habitants. "Ce pesticide est considéré comme un perturbateur endocrinien, mais aussi une substance toxique pour la reproduction, cancérogène et responsable de troubles neurologiques sévères", explique le Dr Allan Lipsker, chirurgien urologue et andrologue à Paris.

"Malgré l’arrêt, il y a 30 ans, de son utilisation aux Antilles comme insecticide, le chlordécone, persistant dans l’environnement, continue de contaminer les populations", s'inquiète l'Inserm dans un communiqué publié en février 2023.

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