En 2022, la France comptait près de 12 millions de fumeurs quotidiens, d’après Santé publique France. Cette année-là, plus de trois personnes de 18-75 ans sur 10 déclaraient fumer (31,8%) et un quart fumer quotidiennement (24,5%). Ces chiffres ne sont pas à prendre à la légère. Comme l’explique l’Assurance maladie : “Le tabagisme est en cause dans la survenue de certains cancers (cancer du poumon, des voies aérodigestives supérieures, cancer de vessie...) mais favorise aussi certaines maladies cardiovasculaires et respiratoires. Il a également des impacts non négligeables sur la grossesse et la qualité de vie. En raison des effets de la nicotine, une dépendance s'installe.”
Mois sans tabac : l’occasion de se protéger du cancer
En ce mois sans tabac, c’est l’occasion rêvée pour ralentir sa consommation, voire pour arrêter le tabac ! D’autant qu’une autre conséquence nocive du tabagisme a été découverte par des chercheurs de l’Institut pour la recherche sur le cancer de l’Ontario (OICR), au Canada. Dans une étude publiée dans la revue Science Advances le 3 novembre 2023, ces chercheurs montrent que le tabac peut rendre le cancer plus difficile à soigner car il empêche l’action de certaines protéines qui luttent contre cette maladie.
Plus précisément, ces scientifiques ont découvert une association entre le tabagisme et des changements au niveau de l’ADN des patients, appelés “stop-gain mutations” en anglais. Ces mutations ordonnent à l’organisme d’arrêter de produire certaines protéines avant qu’elles ne soient complètement formées. Ces mutations sont particulièrement prévalentes dans les gènes qu’on appelle les “suppresseurs de tumeurs”, qui fabriquent des protéines qui, en temps normal, empêchent les cellules anormales de croître.
Plus on fume de tabac, plus le cancer peut être difficile à traiter
“Notre étude a montré que le tabagisme est associé à des changements dans l’ADN qui perturbent la formation des suppresseurs de tumeurs. Sans eux, des cellules anormales peuvent continuer à grandir sans être contrôlées par les défenses des cellules, et le cancer peut se développer plus facilement”, résume l’autrice principale de l’étude, la chercheuse à l’Université de Toronto Nina Adler.
Avec son équipe, Nina Adler a analysé les ADN de plus de 12 000 échantillons de tumeurs de 18 types de cancers différents. Leur observation a montré un lien fort entre les stop-gain mutations dans le cancer du poumon et l’empreinte significative que laisse le tabagisme dans l’ADN. Les chercheurs ont également voulu savoir si l’importance du tabagisme chez une personne avait un impact sur l’efficacité des traitements contre le cancer. Résultat : leur étude a montré que plus on fume de tabac, plus les mutations de l’ADN sont nocives, ce qui peut rendre le cancer plus difficile et complexe à traiter.
“Le tabac endommage beaucoup notre ADN, et cela peut avoir un impact majeur sur les fonctions de nos cellules. Notre étude met en évidence la façon dont le tabagisme désactive certaines protéines essentielles, des composantes de nos cellules, et l’impact que cela peut avoir sur notre santé à long terme”, conclut un autre auteur de l’étude, le chercheur en cancérologie Jüri Reimand.
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