

Perdre son conjoint, c’est soudain se retrouver seul sur la route. Qu’il soit resté 20 ans, 30 ans ou 40 ans à nos côtés, le vide laissé par son départ semble, pour tout le monde, insurmontable. Alors, comment se relever de cette perte ? Comment continuer à avancer sans ce compagnon de voyage ? Tant de questions qui attendent des réponses. En réalité, il n'y a pas de recette miracle. Chacun gère cette situation à sa manière. Il est, dans un premier temps, important de ne pas céder aux injonctions de l'entourage, qui pense bien faire.
Le deuil est un processus d’adaptation émotionnelle normal à la suite de la perte d’un proche. “Certains jours, vous pourriez avoir l’impression que vous ne vous remettrez jamais de cette perte. Il se peut en effet que la tristesse ne disparaisse jamais complètement ; toutefois, la plupart des gens disent que la douleur se fait moins vive à mesure que le temps passe”, souligne la Société canadienne du cancer sur son site.
Comment supporter le décès de son conjoint ?
Cette expérience est d'autant plus difficile pour les personnes âgées, en raison de l'isolement social auquel elles sont soumises. Elles ont connu la perte de leur emploi et, avec cela, une certaine vie sociale. Ensuite, leurs amis, qui disparaissent petit à petit. Et, pour finir, leur moitié. Après cet événement, tous les aspects du quotidien se définissent par une chose : la solitude. "Je n'oublierai jamais le regard triste et vide de ma grand-mère devant le cercueil de son mari, avec qui elle a vécu 60 ans. C'était déchirant", témoigne Gabrielle, mère de famille de 40 ans. L'image de la reine Élisabeth II, seule lors de la cérémonie des funérailles de son mari, le prince Philip, illustre profondément ce sentiment.
Comment retrouver la joie de vivre après un deuil ?
Exprimer son chagrin, sa tristesse

Peut-on mourir de chagrin après un deuil ?
Pour beaucoup de personnes, il est difficile d’exprimer ses émotions. Pourtant, il ne faut pas se retenir de pleurer. "Pleurez aussi souvent que vous en avez besoin. Cela fait partie du processus de guérison", indique la Société canadienne de cancérologie.
Signes du deuil
Bien que la tristesse soit le sentiment auquel on pense en premier dans ce type de situation, il n’en est pas moins le seul à se manifester. L'anxiété, l'impuissance, le sentiment d'être submergé, la peur, la colère, l'impatience, la culpabilité, la dépression, la frustration et bien d'autres émotions peuvent surgir à tout moment. "Le deuil est une expérience « complète », et vous remarquerez probablement qu'il perturbe la majorité, voire toutes les sphères de votre vie. Certaines personnes peuvent mieux se débrouiller dans certaines sphères que d'autres (par exemple, vous pourriez être en mesure de le contrôler lorsque vous êtes au travail, bien que vous ayez plus de difficulté à le faire lors de votre retour à la maison)", explique la Dr Rando, psychologue clinicienne à Warwick, au Rhode Island, et directrice clinique de The Institute for the Study and Treatment of Loss, spécialisé dans le deuil.
Prendre ses distances pour éviter le deuil pathologique

Chaque objet est un souvenir qui refait surface. Mais garder son conjoint “près de soi” après son départ n’aide en rien à faire son deuil. Il faut parvenir à le mettre à distance. Cette étape est évidemment impossible dans un premier temps, mais elle reste nécessaire pour continuer sa route. Faire le tri dans ses affaires personnelles peut être une première étape. Mais, encore une fois, c’est propre à chacun. Avec le temps, jour après jour, la douleur liée à ces objets finit par s’atténuer.
Redéfinir son quotidien pour éviter la solitude et le deuil traumatique

Comme pour chaque bouleversement dans la vie, il est préférable d’éviter les changements radicaux, tels qu’un déménagement. Mais cela n’empêche pas de redéfinir son quotidien. L’appui des proches, membre de la famille ou non peut être nécessaire durant cette étape. L’idée est de remplir ses journées pour soi et se diriger petit à petit dans sa vie après la perte.
Faire preuve de patience, supporter la durée du deuil

Comment savoir si on a fait son deuil ?
Le deuil se définit par une succession d'étapes avant une reconstruction. "En dépit des croyances populaires, il n'y a pas une suite standard d'étapes à travers lesquelles vous devez passer dans votre deuil. Certes, certaines réactions en précèdent d'autres (par exemple, si vous ne reconnaissez pas la réalité de votre perte, alors vous n'avez rien à pleurer). Cependant, pour la plupart, il n'y a pas de séquence rigide qui se déroule. Parallèlement à cela, il est faux de croire que les réactions de deuil diminuent nécessairement d'intensité en ligne droite au fil du temps", explique la spécialiste américaine.
Groupe de soutien, thérapeute pour éviter la dépression

Parler de son chagrin est une manière de l’aider à s’atténuer. “Joignez-vous à un groupe de parole ou parlez à un thérapeute spécialisé dans le processus de deuil”, indique la Société canadienne de cancérologie.
L’écriture

L’écriture est un autre moyen d’exprimer ses émotions. “Écrire la mort, comme on désinfecte une blessure pour mieux se rétablir. Ça ne fera pas disparaître la blessure, mais ça l’empêchera de pourrir et de nous faire boiter à vie”, écrit Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, dans son livre Inconsolable, paru aux éditions Gallimard, qu’elle a rédigé à la suite du décès de son père.
Trouver une activité pour limiter les effets physiques

Une étude portant sur des personnes ayant vécu le décès d'un être cher à cause du COVID-19 a montré qu'un deuil compliqué à la suite d'une telle perte peut entraîner des effets néfastes sur la santé mentale, notamment la dépression et l'anxiété. Toutefois, il a été constaté qu'une tâche comme la connexion à la nature atténuait ce lien et constituait potentiellement un facteur de protection. Ces résultats ont été publiés dans l'International Journal of Environmental Research and Public Health.