Les animaux de compagnie bientôt admis en Ehpad

Accueil de l’animal dans les Ehpad : "une avancée sociétale"

Du côté de la Fondation 30 Millions d’amis, on se réjouit de ce qui augure d’une "avancée sociétale". "Aujourd’hui, nos refuges accueillent trop souvent des chiens et chats dont les maîtres ont été contraints de s’en séparer à contrecœur, lors de leur transfert en Ehpad, regrette Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis sur son site. Une tragédie pour ces animaux privés de leur maître de toujours, mais aussi pour ces personnes âgées qui perdent leur soutien émotionnel, parfois même leur seul lien affectif. Il est indispensable et plus que temps que la loi mette fin à ces situations dramatiques !"

Cet amendement va donc dans le sens d’une meilleure prise en compte des bienfaits des animaux de compagnie sur le bien-être des personnes âgées. Des vertus sur lesquelles s’appuient de nombreux projets de médiation animale dans le secteur de la gérontologie. "Les activités de médiation animale en Ehpad ou en maisons de retraite font partie des premières initiatives mises en place il y a 30-35 ans", observe Boris Albrecht, directeur de la Fondation A et P Sommer. Cette fondation neutre et indépendante financièrement, placée sous l’égide de la Fondation de France, valorise, promeut et finance les programmes de médiation animale.

Contacté par Medisite.fr, il se réjouit lui aussi de l’accueil prochain des animaux domestiques en Ehpad. "C’est très positif, mais il y a toujours la question de l’opérationnalité, de savoir comment cela va se mettre en place", tempère-t-il.

Un travail de préparation et de formation nécessaire en amont

De nombreuses inconnues restent à résoudre avant une concrétisation de cette mesure. "Si on se base sur les programmes de médiation animale actuels, entre l’idée de départ et la mise en place, il faut compter en général entre 18 et 24 mois, car on touche à l’organisation de la structure, note Boris Albrecht. Parmi les questions auxquelles il va falloir répondre, il y aura notamment celle de l’hygiène autour de l’accueil de l’animal, ou encore, si l’animal est autorisé dans la chambre du résident, autour de la question de la gestion des moments de la toilette du résident, des sorties, etc. Cela ne me paraît pas si simple à mettre en place".

Autre paramètre à prendre en considération, l’animal qui intervient dans un Ehpad ou une maison de retraite (dans 90 % des cas il s’agit d’un chien) doit aussi bénéficier aussi d’une éducation et d’une préparation dès son plus jeune âge. "Il faut que le chiot ait été habitué à la présence des résidents en maison de retraite, qu’il ait été habitué aux odeurs, à l’atmosphère des lieux", précise le spécialiste.

Chez les soignants, une formation pourrait s’avérer nécessaire pour apprendre à travailler avec l’animal, à s’appuyer sur ses réactions, et pour "savoir veiller à la fois au bien-être des résidents et à celui de l’animal. Car si l’animal se sent bien, les effets positifs se multiplient".

Un vecteur de lien pour les résidents et les soignants

Si les contours du dispositif restent à définir, notre expert est convaincu de ses apports positifs sur le bien-être des résidents, mais pas seulement. Quand la présence de l’animal est bien préparée et bien amenée, elle améliore la qualité de vie des résidents, ça abaisse le rythme cardiaque, ça les aide à rompre la solitude et l’isolement. Mais au-delà de la relation entre l’animal et le résident, il peut se créer toute "une dynamique positive" autour de l’animal. Celui-ci renforce les liens entre les résidents, apaise les résidents mais aussi les soignants, explique Boris Albrecht.

La présence de l’animal "recentre dans le réel"

Toutes les expériences de médiation animale dans les établissements pour personnes âgées témoignent du pouvoir thérapeutique liée au contact de l’animal avec ce public. Des effets positifs profitent au bien-être mais aussi à la santé mentale. Plusieurs études ont mis en lumière l’impact positif de la compagnie de l’animal sur le déclin cognitif et la préservation de la mémoire. Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la présence de l’animal aide à "se recentrer sur le réel, à être dans le concret, cela a un effet positif sur la mémoire", en faisant remonter certains souvenirs.

"Une balise dans le quotidien"

Boris Albrecht le confirme, vivre avec un animal domestique rejaillit positivement sur la santé globale et constitue un atout pour bien vieillir. "Cela été démontré, les propriétaires de chiens tendent à être en meilleure santé et à mieux vieillir car le fait d’avoir un animal, de le promener plusieurs fois par jour", les rend plus actifs (ce qui lutte contre les effets de la sédentarité) et "développe le lien social. Cela oblige à une régularité dans ses activités et contribue à entretenir ses compétences", assure-t-il. Et de conclure : "La présence de l’animal est vraiment une balise dans le quotidien de la personne".