Jeune retraitée de 64 ans, Sylvie a mené une carrière bien remplie dans l’univers du marketing, de la communication et des nouvelles technologies. Sa vie a néanmoins pris un tournant en 2013, après qu’elle a fait un malaise en allant voir un client. Alors qu’elle est plongée dans le coma à l’hôpital, elle vit ce que l’on appelle une expérience de mort imminente… et en ressort profondément changée. Pour Medisite, elle raconte son histoire.
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Qu'est-ce qu'on ressent lorsqu'on est dans le coma ?“J’ai vécu une rencontre avec deux proches décédés”
Retour fin 2013. “En marchant dans la rue, pour aller retrouver un client, je me suis sentie assez mal. Comme j’étais un peu en avance, je suis entrée dans un café et j’ai appelé les pompiers”, raconte l’ex-consultante en marketing. Alors que les secours lui conseillent de rentrer à son domicile, elle préfère se rendre aux urgences…
Une décision salvatrice, puisqu’elle découvre, sur place, qu’elle souffre d’une perforation de l’intestin - survenue sans aucun signe précurseur. “J’ai été opérée dans la journée… et je suis réapparue huit jours plus tard”, plaisante-t-elle, en faisant référence aux huit jours durant lesquels elle est plongée dans le coma.
Un dialogue qui l’interpelle et qu’elle peut retranscrire à la lettre
“Je n’ai pas eu le tunnel de lumière qui est souvent décrit”, raconte Sylvie. “J’ai ressenti beaucoup de bienveillance, de douceur, mais je n’ai pas non plus vu d’êtres de lumière. En fait, ce que j’ai vécu principalement, c’est une rencontre avec deux proches décédés un an auparavant : un ami qui s’est suicidé et mon père. Ce dernier avait l’air plus jeune que lorsqu’il nous a quittés, il avait le même visage qu’à 50-60 ans. Tous deux étaient assis en face de moi, comme dans un salon”.
Les deux hommes la rassurent, lui disent que tout va bien. “À la fin de notre discussion, je leur ai donc simplement dit : ‘écoutez, maintenant que je suis rassurée, il faut que je rentre, j’ai des choses à faire dans ma vie’. Et je suis revenue à la vie”.
N’ayant ni mari, ni enfant, les paroles qu’elle se souvient d'avoir prononcé l’interrogent : “qu’est-ce que je pouvais bien avoir à faire ? C’était très interpellant”. Pour autant, lorsqu’elle en discute avec sa maman, après son réveil, la sexagénaire a la certitude que ce dialogue n’était pas un simple rêve.
"Écoutez, maintenant que je suis rassurée, il faut que je rentre, j’ai des choses à faire dans ma vie."
Les couleurs, les sensations, tout était décuplé
Sylvie évoque la qualité et la richesse des sensations perçues à ce moment-là, la subtilité des couleurs… “Il y avait beaucoup plus de perceptions que d’habitude”. Mais ce qui la frappe immédiatement, c’est sa capacité à restituer l’intégralité de leur conversation, à la virgule près. “On est incapable de faire ça dans la vie, on peut restituer l’idée d’un dialogue, mais pas tout retranscrire comme un scénario de cinéma”.
À ce moment-là, elle ne sait pas encore ce qu’est une expérience de mort imminente. “J’étais à des années lumières de tout ça et si je l’avais su, immédiatement j’aurais pris un papier et un crayon et j’aurais écrit le dialogue”. Pourtant, elle n’a pas tout de suite l’occasion de se pencher sur ce qu’elle a vécu, en raison d’une prise en charge hospitalière qui laisse à désirer…
“Les médecins m’ont caché mes 8 jours de coma”
À son réveil, les médecins qui la prennent en charge ne lui disent rien au sujet des huit jours de coma qu’elle a vécu. “Je pensais avoir été endormie quelques heures, une journée tout au plus. C’est en discutant avec ma famille que j’ai découvert, par hasard, que j’avais fait un coma”. Évidemment, la patiente cherche à avoir quelques explications - ou tout au moins, des informations - de la part du personnel médical.
“Je n’ai pas pu en avoir”, déplore la sexagénaire. “J’ai été rabrouée sévèrement par la chirurgienne, qui m’a dit : ‘ce n’est pas votre métier, occupez-vous de ce que vous savez faire !’ N’étant pas, à ce moment-là, dans une forme olympique, je n’ai pas discuté et me suis plutôt occupée de mon rétablissement”.
“Même si j’ai été très bien opérée, humainement, c’était catastrophique”
C’est aussi par hasard que Sylvie découvre qu’on lui a posé une poche intestinale et qu’elle devra être réopérée six mois plus tard pour qu’on la lui retire. “Je l’ai su car le grand ponte de l’hôpital est venu faire une étude de cas dans ma chambre avec ses étudiants”. Suite à cette expérience déplorable, elle décide de changer d’établissement pour cette fameuse intervention.
“Même si j’ai été très bien opérée, humainement, c’était catastrophique. J’ai donc choisi d’être réopérée ailleurs. Pourtant, quand vous êtes extrêmement fatiguée à cause de la convalescence, et qu’il faut gérer ce type de détails administratifs, c’est dur…”
Réopérée en juin 2014 pour le retrait de la poche, puis un an plus tard à cause d’une éventration, sa vie commence à revenir à la normale en juillet 2015. Une fois ses problèmes de santé résolus, Sylvie peut enfin reprendre le cours de son existence… Mais rien ne se passe comme prévu. Découvrez la suite de son histoire à la page suivante.
“Tout ce qui m’intéressait avant ne me plaisait plus”
“C’était la panique. Tout ce qui m’intéressait avant ne me plaisait plus. À ce moment-là, j’étais dans une confusion absolue, complètement perdue”. L’ex-consultante en marketing a la chance de parler avec un ami et collègue de travail, qui met enfin des mots sur ce qu’elle a vécu : une expérience de mort imminente.
À l’automne 2015, elle croise Fabrice Midal à L'École de Méditation, où elle se rend régulièrement, qui lui conseille de se rendre à l’INREES (Institut de recherche sur les expériences extraordinaires) pour trouver de la documentation sur les EMI. “Conférences, colloques, bouquins… j’ai tout dévoré !”
Elle n’a d’ailleurs pas oublié cette certitude qu’elle a eue, juste avant de revenir à la vie : celle qu’elle avait encore des choses à faire. “Dès que j’ai été sur pieds, je me suis dirigée vers des activités beaucoup plus désintéressées, sociales, qui faisaient sens, même si ce n’était pas totalement conscient au début”.
L’une de ses missions : accompagner 3 proches en fin de vie
L’une des raisons pour lesquelles elle est revenue, en revanche, lui apparaît tout de suite : “il y avait trois personnes dans mon environnement immédiat, ma mère et mes deux tantes, que je devais accompagner jusqu’à leur fin de vie”. Si mener cette mission lui apparaît assez facile, au départ, car son EMI a complètement fait disparaître ses peurs par rapport à la mort, elle réalise qu’elle doit néanmoins se préparer à une autre épreuve : le deuil.
L’hospitalisation de sa maman, en novembre 2019, lui fait réaliser que, si elle n’a plus peur de mourir, la peur de perdre un proche est toujours présente. “C’est toute une partie affective qui entre en jeu. J’ai donc commencé à travailler là-dessus et, en mars 2020, j’ai participé à une formation sur l’accompagnement de fin de vie”. À la fin de ce même mois, la mère de Sylvie décède de la Covid-19. “Grâce à tout mon travail préparatoire, j’ai pu l’accompagner de la meilleure des manières, alors que nous étions en plein pic épidémique”.
Depuis, Sylvie travaille sur les états de conscience modifiée
Si la sexagénaire a la conviction d’être revenue sur Terre pour s’occuper de ses trois parentes, elle sait toutefois que son chemin de vie ne s’arrête pas là. “Mais le ‘après’ est encore flou”, confie-t-elle. Dans les années qui ont suivi son EMI, elle qui avait un esprit très cartésien s’est employée à “développer son cerveau droit”, et notamment son intuition, grâce à la formation en remote viewing dispensée par L’École de l’intuition.
Actuellement, elle poursuit le travail de compréhension de la transformation profonde qui a démarré ce jour-là, par la pratique quotidienne de la méditation. “Parallèlement, je suis en train de me former aux soins énergétiques. Depuis deux ans, je fais aussi des expériences accompagnées de protocoles scientifiques : TCH TransCommunication Hypnotique, Transe cognitive ; et continue à me former sur des sujets en lien avec les neurosciences et la conscience”.
Au départ, elle cherchait surtout à se remettre dans un état de conscience modifiée, afin de mieux comprendre son expérience de mort imminente. “Et cela m’a conduit à travailler sur ces états de conscience. Travailler au quotidien pour apprendre à les développer, ça change la vie. Et même si cela peut être très déstabilisant à certains moments, ce cheminement est toujours très joyeux”, conclut-elle.
Zoom sur le fonds médecine et états de conscience
Sylvie a également fait le choix de collaborer bénévolement avec le Fonds Médecine et États de Conscience, qui a pour vocation d’améliorer les conditions psychiques de fin de vie et de sortie de coma, l’intégration des EMI dans le suivi médical et le développement d’approches thérapeutiques intégratives. Tout cela en explorant et en utilisant les états de conscience modifiée.
Le fonds s'engage également pour développer la recherche scientifique et clinique, les contenus pédagogiques les plus pertinents tant pour les soignants que pour les familles et les intégrer au cœur de nos systèmes de santé.
Merci à Sylvie pour son témoignage inspirant.
Merci, également, au Fonds médecine et états de conscience.