Nombreux sont les tests qui fleurissent sur la toile, permettant à chacun de se reconnaître ou non son hypersensibilité. Définie par le fait de réagir de manière plus excessive que la moyenne aux stimuli émotionnels, l’hypersensibilité n’est autre qu’un tempérament, un certain trait de personnalité, mais en aucun cas "une pathologie", explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne et auteure du livre "Hypersensibilité, comment en faire un atout ? », publié aux éditions Alpen. "Ce n’est pas un trouble, c’est une singularité", ajoute la spécialiste.
Hypersensibilité : mieux la connaître pour mieux la comprendre
Alors que le terme d’hypersensible, quasiment méconnu du public non professionnel il y a encore quelques années, fait désormais partie du vocabulaire courant, de nombreuses questions entourent encore ce trait de personnalité particulier qui n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur. En effet, bon nombre d’hypersensibles se sent crouler sous le poids de ce qui représente pour eux un fardeau, une dette à payer chaque jour de leur vie. Et ils sont nombreux à le vivre : selon les estimations officielles, plus de 30 % des Français seraient concernés par cette sensibilité accrue.
Dans l’univers spécialisé de la psychologie, le terme d’hypersensibilité a été mis au jour en 1996 par Elaine Aron, une psychologue et chercheuse américaine, largement reconnue pour ses travaux sur ce trait de personnalité. Avant cela, les spécialistes, et particulièrement le médecin psychiatre suisse Carl Gustav Jung, évoquaient simplement du concept "sensibilité innée". Et c’est bien là toute la richesse de ce caractère : il n’existe pas un seul profil type d’hypersensible, puisqu’il s’agit de sa sensibilité propre, de traits uniques avec les variations et les états que chacun rencontre à sa façon. Évidemment, certaines caractéristiques similaires, mais "les caractéristiques générales ne permettent pas de conclure à des profils homogènes chez tous les hypersensibles", selon les recherches effectuées en neurosciences.
Quid de l’hypersensibilité dans la vie de couple ? Si elle n’est pas comprise, cette sensibilité accrue peut faire l’objet de vifs malentendus. Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, nous éclaire sur les clés d’une vie à deux heureuse et épanouie, avec ce trait de personnalité unique.
L’hypersensibilité : une chance ou fardeau ?
Ils sont nombreux à ne pas savoir composer avec cette sensibilité plus aiguë que la moyenne. Pourtant, les spécialistes n’ont de cesse de le rappeler : l’hypersensibilité n’est pas un trouble, ni un poids à porter injustement sur les épaules. Pourtant, cette sensibilité accrue peut être perçue comme une exagération, comme une réaction excessive injustifiée aux yeux d’un partenaire de vie, ou de l’entourage. Pourtant, si l’amour est présent, la compréhension se doit d’être placée au centre du sujet.
Pour Johanna Rozenblum, l’hypersensibilité n’est "ni une chance, ni un fardeau, c’est un point de départ, c’est un état de fait. Il faut comprendre les règles du jeu, le fonctionnement psychique de son conjoint pour pouvoir être dans une relation émotionnellement agréable et compréhensible. On ne peut pas extraire la personne de son fonctionnement psychique, de sa singularité. L’une des deux personnes est hypersensible, l’autre ne l’est pas, cela ne veut pas dire que l’un se trouve dans une sorte de norme alors que l’autre n’y est pas".
En effet, l’hypersensibilité est un état de fonctionnement, quand la personne n’étant pas douée de cette sensibilité exacerbée fonctionne d’une autre manière. Aucun des deux fonctionnements n’est plus légitime que l’autre. Il s’agit juste de "deux façons d’aborder les émotions, il faut simplement le comprendre, l’accepter et réussir à adapter son comportement pour pouvoir avoir une belle vie à deux", explique l’auteure du livre "Hypersensibilité, comment en faire un atout ?", publié aux éditions Alpen.
Déculpabiliser un hypersensible
Si l’hypersensibilité est vue comme un cadeau et un véritable don pour certains, nombreux sont ceux qui ne semblent pas réaliser cette chance. Ainsi, l’affluence de ses intenses émotions peut devenir une souffrance, menant tout droit à la culpabilité. La culpabilité d’être, face à tout ce que les autres ne sont pas. Alors, pour être heureux en couple, l’hypersensible se doit de se libérer de cette émotion négative générée par les incompréhensions et souffrances ressenties.
"Je pense que la déculpabilisation vient surtout du regard que l’autre posera sur sa singularité et sa personnalité. Si l’on est stigmatisé, incompris et que le temps passant, l’autre ne comprend toujours pas son fonctionnement, l’incompréhension va créer un mal-être et de la culpabilité. Le travail d’acceptation que doit faire l’hypersensible sur sa personnalité et le regard qu’il verra en retour de la personne qu’il aime, jouera pour beaucoup dans le fait que l’hypersensibilité aura un rôle dans le couple, mais pas un mauvais rôle", indique Johanna Rozenblum.
Quelle posture adopter en tant que partenaire d’un hypersensible ? La psychologue clinicienne, auteure du livre "Hypersensibilité, comment en faire un atout ?", publié aux éditions Alpen, conseille de se renseigner sur le sujet, afin de comprendre au mieux le fonctionnement de la personne hypersensible. "Il faut comprendre comment elle fonctionne pour ne pas se sentir déstabilisé, désarçonné. Puis, ça va devenir un réflexe, avec l’habitude et avec l’amour. Après, ça ne devient plus du tout quelque chose d’atypique", partage-t-elle.
Les conseils à donner à un hypersensible et à son partenaire
Pour tout un chacun, le fait de décrypter ses peurs inconscientes permet d’apprendre à mieux les dompter. Dans le cas d’un hypersensible, ce travail d’introspection peut considérablement aider à mieux comprendre cette particularité qui peut rapidement devenir une force si le pouvoir lui est donné. Pour cela, l’aide d’un spécialiste est véritablement nécessaire : "Quand on découvre son hypersensibilité, c’est très important de faire un travail avec un psychologue car un regard va pouvoir se faire sur l’histoire de la personne, un travail qui est difficile à faire quand on est seul. Mais une peur inconsciente est à travailler, car il y a peut-être quelque chose de refoulé, d’enfoui ou de légué. C’est un travail d’élaboration qui se fait avec un psychologue", explique la psychologue.
Du côté du partenaire vivant aux côtés d’un hypersensible, "il faut pouvoir s’attarder un instant sur un fonctionnement spécifique qui n’est pas le sien. S’intéresser au fonctionnement de l’autre, c’est comme apprendre les règles du jeu de son partenaire. De la même manière, un hypersensible va faire le même effort pour comprendre quelqu’un qui ne l’est pas".
Apprendre à aimer ses particularités
Aussi, la spécialiste conseille aux hypersensibles d’être "plus que jamais à l’écoute de ses émotions". En effet, il est essentiel de ne pas voir ses émotions comme un fardeau mais plutôt comme une source d’informations supplémentaires, sans oublier d’y accorder l’importance qu’elles méritent. "Les émotions, c’est une météo intérieure, pas des handicaps. Il faut faire attention a ses émotions comme on fait attention à sa santé physique, et ne pas penser que c’est quelque chose d’annexe. La régulation des émotions chez un hypersensible fait partie du bien-être au quotidien, et cela passe par l’acceptation totale de son fonctionnement et sa singularité".
Pour Johanna Rozenblum, il est important d’apprendre "à s’aimer tel que l’on est, avec toutes ses particularités. C’est le meilleur moyen de gérer. D’ailleurs, plus on écoute ses émotions, moins elles ont besoin de taper fort, donc nous avons tout intérêt à être ami avec ses émotions, à les entendre".
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