
Syndrome de la sauveuse, dénigrement, addiction, forcing, en passant par le love bombing, la liste des comportements problématiques dans une relation est longue. Mais comment se protéger des blessures émotionnelles ? Comment repérer certains signes avant qu’il ne soit trop tard ? C’est pour répondre à ces questions qu’Anne Latuille, thérapeute en psychotraumatologie, et Jessie Magana, autrice engagée dans la lutte contre le sexisme, ont eu l’idée d’écrire un guide accessible à tout le monde, quel que soit l’âge.
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Manipulation et gaslighting : huit signes à ne pas ignorerCet indispensable de la table de chevet aborde avec fraîcheur tous les signaux d’alerte, ces fameux red flags dont le mot circule sans cesse sur les réseaux sociaux. L’étymologie de ce terme provient du drapeau que l'on voit sur les plages : lorsqu'il est rouge, on ne se baigne pas. Le drapeau rouge symbolise une alerte, un danger. Avec Internet et les réseaux sociaux, son sens s'est élargi. Par exemple, on utilise les red flags pour désigner ce qu’on n’aime pas, ce qu’il ne faut pas dire ou ce qu’il ne faut pas faire.
Le guide d’Anne Latuille et de Jessie Magana nous fait découvrir toute une palette de termes représentant des comportements toxiques à fuir.
Le body count
À la lettre B, on retrouve le body count. Cette pratique sexiste, reprise sur les réseaux sociaux, consiste à compter le nombre de relations sexuelles qu’une personne a eues. "Avec le backlash qui revient et qui dit que les femmes doivent rester pures, et que si elles ont eu beaucoup de partenaires, c’est mauvais, elles ne sont pas respectables, pas dignes d’être en relation sérieuse et d’être bien traitées", précise Anne Latuille.
À l’origine, le body count (décompte des corps) est un terme employé dans le domaine des faits divers pour qualifier le nombre de victimes lors d’un accident ou d’une catastrophe naturelle.
Le love bombing
À la lettre L se trouve le love bombing, autrement dit, le bombardement d’amour. En résumé, le love bombing, c’est lorsqu’après un premier rendez-vous, son ou sa partenaire tombe tout de suite dans l'excès d’amour, du moins dans sa façon de le manifester. Voyages, textos incessants, déclarations enflammées… Puis, soudainement, sans prévenir, cette personne ne donne plus de nouvelles, et c'est la chute. "Il faut passer du temps pour connaître les gens, c’est un peu ce que je prône aujourd’hui", souligne Anne Latuille.
Le gaslighting
Le gaslighting est aussi un comportement décortiqué par les autrices. Cette notion désigne aujourd'hui le fait de faire croire à des personnes saines d'esprit qu'elles sont folles, à des fins personnelles, ciblant bien souvent des femmes. Le terme trouve son origine dans le film du même nom, Gaslight, sorti en 1944, dans lequel un mari manipule sa femme en lui faisant croire qu'elle perd la tête.
"Ce n’est pas forcément facile de refuser des relations qui ne sont pas bonnes pour nous, parce que l’on préfère ça plutôt que rien du tout", analyse la thérapeute. "Savoir ce que l’on veut ou ce que l’on ne veut pas est très important. Même si on aimerait bien avoir un peu d’attention, un peu d’affection, il faut se demander : comment puis-je m’apporter cela par ailleurs ?"
Le syndrome de la sauveuse
Le syndrome du sauveur ou de la sauveuse est un autre comportement problématique abordé dans le livre de ces deux autrices engagées. À première vue, ce comportement peut apparaître comme de l'altruisme, mais en creusant un peu, il représente plutôt une quête de reconnaissance infinie de la part de la personne qu’il ou elle aide.
"Même encore aujourd’hui, dans les films, on retrouve cette idée selon laquelle l’amour guérit tout", dénonce Anne Latuille, qui recommande de se poser la question : pourquoi avons-nous envie de sauver l’autre ? Le dernier film qui aborde indirectement ce sujet est L'Amour ouf, de Gilles Lellouche.
À la fin du guide, les deux autrices proposent quelques exercices, comme établir la liste des points non négociables comme avoir des enfants, ou vivre dans un autre pays, avant d'envisager toute relation.
Anne Latuille a écrit le livre qu'elle aurait aimé lire à la fin de son adolescence. Son expérience personnelle est un élément déclencheur qui l’a poussée à guider les autres sur le chemin de relations plus saines et épanouissantes.