Vous surveillez régulièrement l'apparition de rides ou de cheveux blancs ? Ce phénomène est tout à fait normal, en revanche, lorsque cela devient une obsession, on parle de gérascophobie.
"La gérascophobie c’est une peur du temps qui passe et qui est liée au vieillissement. Cela se rapproche de la thanatophobie, la peur de la mort", explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris.
"C’est une phobie qui est très difficile à vivre car elle est présente à l’esprit tous les jours dans le reflet qu’on a de soi dans le miroir, dans notre capacité à faire des efforts physiques et à nous servir de notre corps, dans notre capacité à développer des compétences cognitives… La personne phobique développe une sorte d'hyper vigilance à tous les signes du marqueur du temps, qui sont la preuve du temps qui passe et du vieillissement, sur lesquels elle n’a aucun pouvoir", ajoute l’experte. Cette peur est présente au quotidien, et a de nombreuses conséquences sur la personne phobique.
Gérascophobie : comment se caractérise cette phobie ?
La gérascophobie a énormément d’impact sur la vie de la personne. En effet, la personne concernée va avoir envie de garder le contrôle sur le temps qui passe, ce qui se caractérise notamment par une vérification excessive. "On vérifie sa peau, on vérifie son corps, si notre mémoire est toujours la même… En fait, on surveille si on maintient toujours la même image et la même façon d’exister malgré le temps qui passe", précise la psychologue.
Certaines personnes vont également essayer de corriger les marques du temps qui passe. "Il y a des personnes qui vont juste faire le constat du temps qui passe ce qui va leur provoquer une souffrance. Puis il y a celles qui vont entrer dans des mécanismes presque de toc, de vérification (par exemple en utilisant des crèmes, en s’observant dans le miroir…). Cela va passer par la mise en place de comportements excessifs, pour baigner l’illusion du contrôle du temps qui passe", explique Johanna Rozenblum. "Une quête qui est très dure parce qu’elle est vaine, on arrête pas le temps", ajoute la spécialiste.
Gérascophobie : quel impact cette phobie a sur le quotidien ?
Au-delà de cette obsession, la phobie impacte la personne au quotidien. Johana Rozenblum explique : "En plus de cette hyper vigilance et de toutes ces vérifications, il y a tout ce que ça engendre. Il y a la phobie de base, puis il y a tout ce que ça génère affectivement, émotionnellement derrière". En effet, les conséquences sur la vie de la personne qui en souffre sont multiples, l’experte cite notamment :
- de la tristesse ;
- de la peur ;
- de l’appréhension ;
- de l'inquiétude ;
- des troubles du sommeil ;
- une perte de confiance en soi ou d’estime de soi ;
- une peur quant à l’avenir.
Si cette phobie impacte le quotidien, il est bien évidemment possible de s’en débarrasser. Toutefois, cela nécessite de faire un vrai travail sur soi, encadré par un professionnel. Johana Rozenblum, psychologue clinicienne a dévoilé pour Medisite les 5 étapes à suivre pour parvenir à se libérer de cette phobie.
Sortit du déni
"Il y a très peu de déni dans cette phobie en général", partage la psychologue. Pourtant, dans certains cas, la personne phobique peut avoir une phase de déni.
"Dans un premier temps il y a du déni, les personnes concernées ont tendance à se dire : j’adore prendre du temps pour moi, m’occuper de moi, faire du sport…. Mais très rapidement, elles voient qu’elles ont un rapport compliqué par rapport à cette réalité", ajoute Johanna Rozenblum. Sortir de ce déni est la première étape pour se débarrasser de cette phobie.
En parler
Une fois la phase de déni dépassée, il faut parler de sa phobie. S’il est indispensable d’en parler à un professionnel, cela peut être à un proche dans un premier temps. "Il faut vraiment en parler parce que ça peut vraiment gâcher un quotidien et affecter la vie de la personne qui en souffre et même son entourage. En effet, c’est très dur de voir un proche ne pas vivre sa vie avec tout ce qu’elle lui offre", explique l’experte.
Ne pas culpabiliser
La psychologue insiste sur l’importance de ne pas culpabiliser. Selon elle, il est important de : "se rappeler que cette phobie vient d’une histoire personnelle. Il y a quelque chose à travailler et ça peut s’arranger". Ainsi, il ne sert à rien de s’en vouloir. La personne phobique n’est pas responsable, et elle peut travailler dessus pour arranger les choses.
Accepter de faire un travail sur cette phobie
Une fois que la personne est sortie du déni et a accepté la phobie, il faut qu’elle accepte de faire un travail sur cette phobie. "Il y a forcément quelque chose qui nous a fait du mal au fil du temps pour qu’on l’aime si peu. C’est vraiment un parcours de vie, il ne s’agit pas d’une phobie anodine. Il faut pouvoir se retourner, soit sur son enfance, soit sur sa propre vie…". La personne phobique doit être ouverte à ce travail profond et comprendre ce qui a déclenché cette phobie pour pouvoir y mettre fin.
Trouver un professionnel
Une fois qu’elle est au stade où elle est prête à travailler sur sa phobie, la personne doit trouver un professionnel. En effet, ce travail ne se fait pas seul et il faut trouver un professionnel avec qui on est suffisamment en confiance pour faire ce "travail cognitif et comportemental". Le psychologue travaillera sur les causes de cette phobie et proposera des clés à la personne pour y remédier, tout en allant à son rythme.
Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne et auteure de "Hypersensibilité : comment en faire un atout ?", éditions Alpen
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