

Près de 2 kilos ! C’est le poids que peut atteindre les micro-organismes qui peuplent notre corps. Si, longtemps, dans un esprit de propreté parfaite et de décapage absolu, on a eu peur des micro-organismes quels qu’ils soient, on comprend de plus en plus que certains sont dignes d’être aimés et chouchoutés ! En effet, le rôle de ces virus, champignons et autres bactéries non pathogènes est de mieux en mieux connu. Les chercheurs tentent aujourd’hui de comprendre les liens entre leurs déséquilibres et certaines pathologies, en particulier parmi les maladies auto-immunes et inflammatoires.
Kahina Oussedik est docteure en biochimie moléculaire, spécialiste en équilibre nutritionnel et en biochimie alimentaire, mais aussi auteure de “La révolution des microbiotes”, aux éditions Albin Michel. Quand il faut se renseigner sur les minuscules pensionnaires de notre corps, se tourner vers elle est donc une évidence. Elle nous partage son expertise sur les bonnes bactéries du microbiote intestinal.
Qu’appelle-t-on des “bonnes bactéries” pour la flore intestinale ?
Dre Kahina Oussedik nous explique que beaucoup de désaccords animent la communauté scientifique au sujet du microbiote. “Chacun dit que telle ou telle bactérie est tantôt bonne, tantôt mauvaise. En réalité, il est dur d’épingler de bonnes ou de mauvaises bactéries. Si elles sont dans nos intestins depuis des décennies, c’est pour une bonne raison. Il y a des micro-organismes externes qui sont néfastes, mais à l’intérieur de l’intestin, chacun a son job.” Dès lors, pour l’experte, c’est le déséquilibre de cet écosystème qui crée les maux du système digestif. On parle alors de dysbiose : en cas d'altération qualitative, quantitative et fonctionnelle de la flore.
Microbiote intestinal : les bactéries causant une dysbiose
“Le microbiote est peuplé à 95 % de deux familles : les Firmicutes, et les Bacteroidetes. Quatre autres familles, dites “minoritaires”, se partagent les 5 % restants. Le plus souvent, ce sont ces 5 % qui prolifèrent anormalement, et c’est là qu’on voit apparaître des maladies. Le déséquilibre est beaucoup plus nocif quand il vient des bactéries minoritaires, mais les deux grandes familles peuvent également être en proie à des déséquilibres.” Kahina Oussedik prend l’exemple des Bacteroidetes. Quand il y en a trop, elles peuvent vouloir ‘tuer”, les fameux 5 %, ce qui peut entraîner des maladies métaboliques, ou encore le syndrome des ovaires polykystiques, par exemple.
Le Shotgun, l'examen pour connaître son microbiote
Attention donc en voyant cet article, ne vous procurez pas des probiotiques en voulant repeupler à fond votre flore : vous risquez de la déséquilibrer, et c’est tout le contraire de ce qu’on souhaite ! Ni trop, ni pas assez, c’est là l’objectif. Le mieux est donc de faire un état des lieux de votre flore intestinale, pour savoir quel levier activer. Pour cela, une seule méthode : le Shotgun, qui fait un séquençage du microbiote. Dre Kahina Oussedik nous indique que certains laboratoires promettent une analyse du microbiote, au tarif onéreux, alors qu’ils proposent des coprocultures pouvant être remboursées par l’Assurance Maladie et ne permettant pas de voir la population de la flore intestinale.
Bacteroides ovatus

Cette bactérie permet l’assainissement de nos intestins. En transformant l’inuline, un prébiotique naturel présent dans les végétaux, elle aide à lutter contre la constipation et améliore l’absorption du calcium.
Bacteroides vulgatus

Ce micro-organisme a un effet protecteur contre les infections causées par la bactérie Escharichia coli, notamment l'intoxication alimentaire.
Lactobacillus reuteri

Dans la famille des Firmicutes, je voudrais Lactobacillus reuteri ! Elle produit de la reuterine, une molécule qui permet d'éviter le développement de certaines bactéries pathogènes et autres virus. Grâce à ses vertus, elle est très utilisée dans le monde des probiotiques.
Blautia hydrogenetrophica

Cette bactérie permet la préservation des intestins et infections gastro-intestinales. Quand il vous manque ce micro-organisme dans votre microbiote intestinal, cela peut être à l'origine de flatulences, ballonnements réguliers, et perte d'énergie.
Coproccus comes

Cette bactérie est importante pour le système immunitaire. Quand on en manque, ce dernier est mis à mal. Par contre, quand on en a trop, cela augmente le niveau de lipides et triglycérides dans le sang.
Faecalibacterium prausnitzii

Cette bactérie apaise les inflammations de l'intestin. Dès lors, son manque est souvent associé à des maladies inflammatoires et chroniques de l'intestin.
Akkermansia munciniphila

Elle fait partie des familles minoritaires au sein du microbiote intestinal. Elle est l'une des bactéries dont la population est la plus diminuée chez les personnes atteintes d'obésité et de maladies métaboliques comme le diabète, l'hypertension et le choléstérol. En outre, des chercheurs belges ont montré qu'elle pouvait jouer un rôle dans le traitement de l'obésité, et semble donc être un probiotique potentiel pour la perte de poids.