"Bâtir la première génération sans tabac à l’horizon 2032". Voici l’objectif (ou chantier titanesque, c’est selon) brandi par le ministère de la Santé et de la Prévention, lors de la présentation au gouvernement du nouveau plan anti-tabac 2023-2027, mardi 28 novembre 2023. Olivier Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention, a détaillé les grandes lignes de ce programme, co-porté par les ministères chargés de la santé et des comptes publics. Une feuille de route ambitieuse qui s’appuie sur "5 engagements forts et 26 mesures" destinés à lutter contre le tabagisme.
Ce plan anti-tabac est érigé en priorité de santé publique par le gouvernement. "200 décès par jour sont liés directement au tabac, a expliqué Aurélien Rousseau, dans un post sur le réseau social X (anciennement Twitter) publié le 28 novembre. Le programme de lutte contre le tabac pose de nouvelles règles et des perspectives claires sur les prix. Ni stigmatisation, ni culpabilisation, nous aiderons chacun à décrocher du tabac. C’est une exigence de santé publique".
Le fléau sanitaire du tabagisme en France
Le tabac demeure la première cause de mortalité évitable en France avec 75 000 décès par an. Coupable d’une véritable hécatombe, il est également la première cause de mortalité précoce. Il est aussi le principal responsable de la mortalité par cancer et par maladies cardiovasculaires.
Les chiffres de Santé publique France sur la consommation de tabac témoignent de l’ampleur des efforts à réaliser : l’Hexagone compte 12 millions de fumeurs, un niveau stable depuis 2019, même si près de 6 fumeurs quotidiens sur 10 disent vouloir arrêter de fumer. "Les niveaux de consommation restent nettement plus élevés chez les personnes les moins diplômées et/ou au chômage", précise l’agence nationale de santé publique. En 2022, en France, plus de 3 personnes sur 10 âgées de 18-75 ans fument, et un quart le font quotidiennement. Seul point positif dans ce tableau inquiétant : la tendance à la hausse observée parmi la population féminine entre 2019 et 2021 a marqué le pas.
Enfin, les hommes ont toujours tendance à fumer davantage que les femmes (27,4 % de tabagisme quotidien, vs 21,7 %), détaille Santé publique France.
Pour construire une société délivrée du fléau sanitaire du tabagisme, le Programme national de lutte contre le tabagisme (PNLT) pour 2023-2027 s’articule autour de différents axes, comme autant de défis à relever. Voici ce qu’il faut en retenir : Le premier axe de cette nouvelle stratégie vise à "protéger les jeunes du tabagisme". Rien de nouveau sous le soleil, il s’inscrit dans la continuité des politiques engagées depuis dix ans, destinées à rendre les paquets de cigarettes toujours moins attractifs avec un prix de plus en plus élevé. Aussi, le prix du paquet de cigarettes va grimper à 13 euros en 2027, "avec une première étape à 12 euros en 2025". Le levier du prix "est ce qui fonctionne le mieux", a justifié Olivier Rousseau, dans un édito de son ministère. Un paquet neutre élargi à tout produit de tabac et du vapotage Le plan projette aussi de "renforcer le contrôle de l’interdiction de vente des produits du tabac et du vapotage pour protéger les mineurs et d’interdire la vente des produits du vapotage (puffs)". En France, 41,2 % des 18-75 ans déclarent avoir déjà expérimenté la cigarette électronique. Mais seuls 5,5% déclarent vapoter tous les jours, selon Santé publique France. Un paquet neutre pour tous les produits du tabac et du vapotage sera aussi instauré. Pour préserver l’environnement de la pollution liée au tabac, le plan prévoit, de généraliser les espaces sans tabac : les plages, les parcs publics, les forêts, les abords extérieurs de certains lieux publics à usage collectif, comme les établissements scolaires seront concernés. "Dans ces lieux, comme c’est déjà le cas grâce à l’engagement de nombreuses communes, l’interdiction du tabac sera désormais la norme, participant à faire reculer encore la place du tabac dans l’espace public et l’exposition des non-fumeurs, notamment les plus jeunes, au tabagisme passif", a justifié Aurélien Rousseau dans un communiqué. La mise en œuvre de cette mesure est prévue de façon progressive dès le premier trimestre 2024. Actuellement, on recense plus de 7 200 espaces sans tabac sur le territoire, disséminés dans plus de 73 départements. Alors que sortir de l’addiction au tabac est un processus complexe, le programme envisage de mieux accompagner tous les fumeurs qui souhaitent décrocher du tabac. "Cet accompagnement bénéficiera à tous, mais j’insiste sur le fait que des actions ciblées seront menées envers les publics les plus exposés, en particulier les plus précaires ", a précisé le ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Parmi les pistes proposées, le développement de l’activité physique adaptée auprès des fumeurs en processus de sevrage tabagique, ou encore, un accompagnement personnalisé par des professionnels de santé du dispositif Tabac Info Service. Toujours dans l’optique de mieux guider les fumeurs les plus vulnérables vers l’arrêt du tabac, le programme entend "systématiser le repérage du tabagisme dans le dispositif "Mon bilan prévention" et orienter les personnes concernées vers une prise en charge adéquate". En ce sens, les traitements de substitution nicotinique (TSN) devraient être plus accessibles. Une expérimentation permettra aux fumeurs de faire la demande directe d’un TSN en pharmacie. "Les pharmaciens pourront prescrire des thérapies de substitut nicotinique", a ainsi annoncé le ministre de la Santé et de la Prévention, lors de la présentation du programme de lutte anti-tabac.Un paquet de cigarettes de plus en plus cher
La généralisation des espaces sans tabac
Un accompagnement renforcé des fumeurs
Des traitements de substitution nicotinique plus accessibles
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