Le syndrome des jambes sans repos (SJSR), aussi appelé maladie de Willis-Ekbom, touche environ 8 % de la population française, avec une prédominance féminine. Cette affection neurologique, caractérisée par une envie irrépressible de bouger les jambes et des sensations désagréables au repos, peut gravement altérer la qualité de vie des patients. Pourtant, le choix des traitements reste controversé, notamment l’usage des agonistes dopaminergiques, dont les effets secondaires préoccupent certains spécialistes.
A lire aussi :
Elle perd ses deux jambes à cause d'une piqûre de moustiqueLes risques liés aux traitements classiques
Si les agonistes dopaminergiques sont souvent prescrits en première intention pour le SJSR, ces médicaments, initialement développhés pour traiter la maladie de Parkinson, comportent des risques notables. Le syndrome d’augmentation, une aggravation paradoxale des symptômes, est l’un des principaux dangers. Comme l’explique le Dr Jonathan Taïeb, spécialiste du sommeil, ce phénomène peut entraîner une intensification des symptômes au fil du temps et nécessiter des doses croissantes, créant un cercle vicieux.
De plus, ces traitements sont parfois associés à des troubles du contrôle des impulsions tels que des comportements compulsifs, une addiction aux jeux ou encore une hypersexualité. Ces effets secondaires, bien documentés chez les patients parkinsoniens, soulèvent des interrogations quant à l’utilisation prolongée des agonistes dopaminergiques pour le SJSR.
Des solutions moins invasives
Pour éviter ces complications, les experts recommandent une approche progressive et individualisée. Avant de recourir aux traitements médicamenteux, il est essentiel d’explorer les alternatives :
Corriger les carences en fer
Une supplémentation en fer est souvent bénéfique. Selon la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS), un taux de ferritine inférieur à 75 ng/mL justifie une prise de fer. Cette mesure simple peut améliorer les symptômes dans les formes légères à modérées.
Adopter des mesures hygiéno-diététiques
- Réduction de la caféine, de l’alcool et du tabac.
- Amélioration des habitudes de sommeil (horaires réguliers, relaxation).
- Substitution de certains médicaments aggravants, tels que les antidépresseurs ou antihistaminiques.
Privilégier des alternatives pharmacologiques
- Les antiépileptiques, comme la gabapentine ou la prégabaline, sont désormais recommandés en première intention dans les cas sévères. Ces molécules, souvent utilisées pour traiter les douleurs neuropathiques, montrent des résultats encourageants pour le SJSR.
- En cas de douleurs intenses, des antalgiques comme le tramadol peuvent être envisagés, bien que leur usage doive rester ponctuel en raison de leur potentiel addictif.
Quand les agonistes dopaminergiques deviennent inévitables
Dans les formes les plus graves, et lorsque les autres options s’avèrent inefficaces, les agonistes dopaminergiques peuvent être prescrits avec précaution. Cependant, leur usage doit être strictement encadré pour limiter le risque de complications. Les recommandations actuelles suggèrent de débuter par de faibles doses et de surveiller attentivement les patients.
Un diagnostic précis pour une prise en charge efficace
Un diagnostic rigoureux est essentiel pour différencier le SJSR d’autres pathologies aux symptômes similaires, telles que le syndrome des mouvements périodiques des jambes (MPJ). Les critères cliniques incluent :
- Une envie irrépressible de bouger les jambes, souvent aggravée au repos.
- Un soulagement temporaire grâce au mouvement.
- Une intensification des symptômes en soirée ou pendant la nuit.
Des examens comme la polysomnographie peuvent aider à identifier d’éventuelles co-morbidités.
Prévention et personnalisation : la clé d’un traitement réussi
Pour les patients atteints du syndrome des jambes sans repos, une approche globale et préventive est indispensable. Les recommandations mettent l’accent sur les modifications du mode de vie, la correction des carences et le recours raisonné aux médicaments. Une telle stratégie permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des patients, mais aussi de réduire les risques associés aux traitements classiques.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.