
S'il y a bien un pays où l’obésité ne progresse pas, c’est le Japon. L’archipel compte 3,7 % d’obèses contre 17 % en France. Selon une étude alarmante publiée dans la revue scientifique The Lancet le 8 mars 2025, cette épidémie mondiale touchera six adultes sur dix d’ici 2050. Les conséquences sur la santé sont nombreuses : diabète, maladies cardiovasculaires, stéatose hépatique… tous les organes sont affectés. Mais quel est le secret des Japonais pour échapper à cette maladie ?
En 2008, les autorités japonaises ont décidé de faire la guerre au surpoids. Pour y parvenir, elles ont adopté un texte législatif : la loi "métabo", qui oblige les autorités locales et les employeurs à mesurer le tour de taille des employés lors des examens médicaux classiques. Cette mesure est scrutée à la loupe et ne doit pas dépasser 85 centimètres pour les hommes et 90 centimètres pour les femmes.
Une loi anti-obésité
Les entreprises et les autorités locales ont l’obligation, sous peine de sanctions, de suivre et conseiller les personnes en surpoids afin de les aider à modifier leurs habitudes alimentaires et à pratiquer une activité physique.
Une autre mesure phare de cette loi vise à sensibiliser dès le plus jeune âge aux repas équilibrés et aux produits locaux. Le School Lunch Act intègre ainsi le concept de Shokuiku (une éducation nutritionnelle). Cette décision comprend la suppression des distributeurs automatiques, l’instauration d’un minimum de 56 % de produits locaux dans les cantines, la formation de nutritionnistes, et 50 heures de cours par an sur la nutrition.
Une alimentation saine
Malgré un léger changement des habitudes alimentaires chez les jeunes dû à l’arrivée des fast-foods, la gastronomie japonaise reste l’une des plus saines. Elle contient tous les apports nutritionnels nécessaires à une bonne santé. Les produits de la mer et les végétaux sont omniprésents dans l’alimentation japonaise.
Le régime Okinawa
Le régime de l'île d'Okinawa est un mode alimentaire dont les Japonais s’inspirent. Riche en antioxydants, il permet de lutter contre les radicaux libres, responsables du vieillissement des cellules.
Le goya champuru, connu pour ses vertus sur la longévité, est particulièrement consommé. D’autres aliments comme le chou, les radis, les champignons et les algues permettent d’atteindre la satiété sans consommer de grandes quantités.
Les aliments et condiments très consommés en Occident comme la viande, le pain, le sucre, le sel, le beurre et les céréales sont, quant à eux, peu utilisés par les Japonais.
La méthode Hara Hachi Bu
Mais l’alimentation seule n’explique pas le taux d’obésité excessivement bas au Japon. La manière de manger joue également un rôle essentiel. Cette méthode porte un nom : le Hara Hachi Bu. Elle consiste à ne manger qu’à 80 % de sa faim.
En mangeant plus lentement, les Japonais laissent le temps à leur estomac d’envoyer un signal de sensation de satiété au cerveau, ce qui permet d’éviter les excès et de réduire l’apport calorique. Au départ, la faim peut se faire ressentir, mais pas de panique, l’estomac s’adapte vite.
Toutefois, cette méthode n’a rien de magique. Pour être efficace, elle doit s’accompagner d’une hygiène de vie globale, notamment d’une activité physique régulière.
L’obésité : un fléau dans huit pays du monde
Selon l’étude The Lancet, plus de l a moitié des adultes en surpoids ou obèses vivent aujourd’hui dans seulement huit pays : la Chine avec 402 millions, l’Inde avec 180 millions, les États-Unis avec 172 millions, le Brésil avec 88 millions, la Russie avec 71 millions, le Mexique avec 58 millions, l’Indonésie avec 52 millions et l’Égypte avec 41 millions.
Si elle n’est pas prise en charge, cette épidémie aggravera la pression sur les systèmes de santé, déjà à bout de souffle, notamment dans les pays à faibles revenus. "La prévention de l’obésité doit être au premier plan des politiques dans les pays à revenu faible et intermédiaire", estime la Dr Jessica Kerr, de l’Institut Murdoch de recherche sur les enfants en Australie, et coauteure de l’étude.