Les troubles digestifs touchent une personne sur deux, en particulier les femmes. Et cette incidence ne faiblit pas. En tête des problèmes digestifs, les douleurs abdominales et les gaz se hissent sur le podium suivis par les troubles du transit (constipation/diarrhée) et les ballonnements.
“Si le nerf vague fonctionne mal, il faut composer avec une mauvaise mobilité intestinale et de mauvaises sécrétions gastriques. De plus, le nerf vague peut “bloquer” le sphincter de l’estomac, ce clapet qui empêche les remontées acides, d’où un risque de reflux.”
Les ennemis des transits perturbés ? Les aliments, bien sûr, mais aussi l’hygiène de vie et le stress. En revanche, on pense moins à ce nerf, le plus long de notre corps, qui joue pourtant un rôle essentiel. “Il achemine en priorité les informations du système parasympathique pour calmer les emballements dictés par le système sympathique, détaille Maëla Le Borgne, diététicienne nutritionniste. Si ces coups d'accélérateurs sont permanents, le nerf vague s'épuise à les contrebalancer : il ne répond alors plus aussi présent et l'équilibre est rompu.”
Le nerf vague, impliqué à tous les stades de la digestion
Le nerf vague (ou parasympathique, pneumogastrique, cardiaque) est impliqué dans l’ensemble les “régulations automatiques” de notre corps, y compris digestives. Il joue même un rôle déterminant à ce niveau en contrôlant les contractions automatiques de l’estomac et des intestins, il intervient donc à tous les niveaux de la digestion et de l’évacuation des selles.
“Le nerf vague active le système parasympathique, lui-même impliqué dans le rythme péristaltique intestinal, précise Maëla Le Borgne. C’est également un axe de communication essentiel entre les intestins et le cerveau. Si le nerf vague fonctionne mal, il faut composer avec une mauvaise mobilité intestinale et de mauvaises sécrétions gastriques. De plus, le nerf vague peut “bloquer” le sphincter de l’estomac, ce clapet qui empêche les remontées acides, d’où un risque de reflux.” A cela s’ajoute un rôle de poids : le nerf vague est en lien direct avec notre microbiote intestinal.
Un lien direct avec le microbiote intestinal
“Les échanges chimiques entre le microbiote et le nerf vague sont à double sens”, explique encore Maëla Le Borgne. Entretenir la bonne activité du nerf vague est ainsi un cercle vertueux.
L'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) rappelle dans un dossier dédié que les “micro-organismes qui constituent (le microbiote) jouent un rôle direct dans la digestion :
- Ils assurent la fermentation des substrats (glucides, lipides,protéines) et des résidus alimentaires non digestibles.
- Ils facilitent l’assimilation des nutriments grâce à un ensemble d’enzymes dont les cellules humaines sont dépourvues.
- Ils assurent la digestion de l’amidon, de la cellulose, des polysaccharides…
- Ils participent à la synthèse de certaines vitamines (vitamine K, certaines vitamines B) et à trois acides aminés essentiels : la valine, la leucine et l’isoleucine.
- Ils régulent plusieurs voies métaboliques : absorption des acides gras, du calcium, du magnésium…
- Ils produisent des neurotransmetteurs (acétylcholine, sérotonine, noradrénaline, GABA,....)
Or qui dit nerf vague efficace dit microbiote équilibré.
Le stress : grand ennemi de notre système digestif
Vous l’aurez remarqué, votre niveau de stress a une incidence directe sur votre digestion. Ce n’est pas un hasard non plus, le nerf vague est très sensible au stress. C’est d’ailleurs en présence de stress que le nerf vague dysfonctionne car il s’épuise à contrebalancer les effets “accélérateurs” du stress.
“Le stress empêche de nerf vague de fonctionner normalement ce qui a des conséquences sur les sécrétions digestives, induit des remontées acides, des ballonnements, des sensations de lourdeurs”, note la diététicienne. Des troubles du transit apparaissent car la mobilité intestinale est alors aussi affectée. En travaillant sur le nerf vague, on fait redescendre le niveau de stress, et on relance le système parasympathique porté par le nerf vague. Il fonctionne mieux, on digère mieux.
Trois exercices à faire au moment du repas
On lit souvent que les activités de relaxation en général et la méditation en particulier sont les plus efficaces pour réguler le nerf vague. “Dans la pratique, je préfère proposer à mes patients trois petits exercices simples et concrets, à pratiquer avant ou après le repas mais aussi dans la journée pour permettre d'équilibrer la pression continue liée au stress. On choisit celui que l’on préfère mais on peut faire les trois si besoin. Ces exercices sont payants quand le stress est à l’origine du trouble digestif.”
. Avec les yeux
En position assise, posez votre tête dans vos mains croisées sur votre nuque, en penchant bien votre tête vers l’arrière. Puis, regardez le plus à droite possible sans bouger la tête et tenez jusqu’à ce que vous bailliez. Puis recommencez de l’autre côté. “Le bâillement, qui intervient plus ou moins rapidement selon votre état de stress, est le signe que vous avez relâché la pression sur le nerf vague”, indique la spécialiste.
. Avec le pouce
Placez votre pouce et votre index de la main gauche sur le pouce de votre main droite, pouce gauche sur l’ongle du pouce droit, et index côté pulpe du doigt et exercez des petites pressions pendant 30 secondes. Puis, placez vos deux doigts gauches de part et d’autre de l’ongle du pouce droit et appuyez fort pendant 30 secondes. “Ce point détend le plexus solaire, détaille Maëla Le Borgne, où passe le nerf vague.” Faites le même exercice avec l’autre main.
. Avec la gorge
Pratiquez un gargarisme avec de l’eau tempérée, la tête bien en arrière pour desserrer la gorge. “Les vibrations provoquées par le gargarisme stimulent le nerf vague”, conclut la diététicienne.
Interview de Maëla Le Borgne, diététicienne
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