Pourquoi les pharmacies sont appelées à faire grève et à fermer le 30 maiIstock
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Le jeudi 30 mai prochain, les Français qui souhaitent se rendre à leur pharmacie devraient trouver porte close. A l’appel de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), les syndicats de la profession appellent à une grosse journée de mobilisation dans toute la France, avec la fermeture des officines.

Les patients ayant besoin de récupérer leur traitement en pharmacie ont donc tout intérêt à prendre leurs dispositions en ce mois de mai, d'autant qu'une grève des gardes est également prévue du 18 au 20 mai 2024.

Un préavis de grève doit être déposé en ce sens, a annoncé l’USPO dans un communiqué le 19 avril. Derrière ce mouvement inédit, auquel d’autres syndicats de pharmaciens régionaux et départementaux ont décidé de s’unir, un seul mot d’ordre : exprimer leur exaspération face aux dangers qui pèsent sur la profession.

Trois motifs d'inquiétude pour les pharmaciens

Les motifs d’inquiétude portés par l’USPO sont de trois ordres : "les menaces de dérégulation se concrétisent, les difficultés économiques s’intensifient, les pénuries de médicaments ne s’améliorent pas, voire se détériorent", résume le syndicat dans un communiqué.

Les patients et les élus invités à soutenir le mouvement

Pour sensibiliser aux enjeux de cette mobilisation et rallier à leur cause les patients et les élus, les principaux acteurs déclinent une feuille de route en trois étapes : depuis jeudi dernier, les patients sont invités à signer une pétition au comptoir des pharmacies mais aussi en ligne.

Les élus (maires, députés et sénateurs) sont aussi ciblés par cette campagne d’information qui vise à "alerter sur les risques inhérents à la fermeture définitive de la pharmacie, et en premier lieu une dégradation assurée de l’accès aux soins", précise encore l’USPO.

La grève des gardes marquera une seconde étape du mouvement avant l’importante journée de mobilisation du 30 mai, qui devrait être largement suivie.

Une pénurie de médicaments qui épuise

La grève et la fermeture des officines est symptomatique d’un mécontentement qui couve depuis des mois au sein de la profession, dans un contexte qu'ils jugent de plus en plus anxiogène.

A l’origine de ce ras-le-bol, d'abord les tensions liées aux difficultés d’approvisionnement en médicaments. De plus en plus d’officines font face à des ruptures de stocks de certains traitements. Un sérieux casse-tête pour les pharmaciens qui doivent composer chaque jour avec la gestion des pénuries de médicaments, chercher des parades pour trouver les médicaments manquants (en faisant appel par exemple à d’autres pharmacies), tout en devant gérer l’impatience de certains patients.

Une "bataille quotidienne" qui finit par épuiser ces professionnels de santé, constatait impuissant Alain Guilleminot, pharmacien à La Planche (près de Nantes) et président de l’Union régionale des pharmaciens des Pays de la Loire (URPS), dans les colonnes de Ouest-France. "Chaque jour, un collaborateur de la pharmacie passe une à deux heures pour faire le point sur les médicaments en rupture de stocks", racontait-il au quotidien régional en janvier dernier.

Un appel à libérer les stocks de médicaments

L’USPO interpelle le gouvernement et plaide pour mettre fin à ces pénuries "nombreuses". "Les patients n’ont pas accès à leur traitement et les pharmaciens passent près de 12h par semaine en moyenne pour trouver des solutions alternatives. Le gouvernement doit accélérer pour renforcer la transparence des données et obliger les laboratoires à libérer les stocks de médicaments", enjoint le syndicat de pharmaciens dans un communiqué.

Une profession insuffisamment revalorisée

Autre source de grogne, les 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires annoncées en 2024 par Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. "Dans un contexte d’inflation record, la pharmacie d’officine est la seule profession à ne pas avoir bénéficié d’une revalorisation économique de l’assurance maladie depuis 2022", tempête l’USPO.

Une tendance à la dérégulation qui inquiète

Le syndicat soutient que ces coupes budgétaires dans la santé auront "une répercussion certaine sur les négociations économiques en cours avec l’Assurance maladie. [Elles risquents] d’impacter à la baisse l’enveloppe budgétaire pour la pharmacie".

Enfin, l’USPO s’inquiète d’une dérégulation de la pharmacie d’officine avec la création de plateformes de vente en ligne de médicaments qui menace les pharmacies d’officine. Un sujet d’inquiétude qui fait suite au rapport du député Renaissance Marc Ferracci qui étudie la dérèglementation des professions règlementées comme les pharmacies.

Autant de revendications qui expliquent pourquoi les pharmaciens appellent à l’action fin mai pour "défendre l’avenir de la pharmacie d’officine".

Sources

https://uspo.fr/mobilisation-3-etapes-cles-pour-une-mobilisation-efficace/

https://uspo.fr/affiche-officine-les-pharmacies-de-proximite-sont-en-danger-votre-sante-est-menacee/

https://uspo.fr/mobilisons-nous-pour/

https://www.ouest-france.fr/sante/medicaments/une-bataille-quotidienne-les-pharmaciens-de-loire-atlantique-face-a-la-penurie-de-medicaments-5cd6abc8-ac02-11ee-8ce5-c353cc4f1a17

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