Blue Monday : le soutien des proches peut réduire le risque de dépressionFotolia

Comment vaincre la dépression ? Alors que ce lundi 16 janvier marque le Blue Monday, soir le jour censé être le plus déprimant de l’année, une étude vient nous donner des pistes pour lutter contre la dépression. Selon une étude publiée le 11 janvier 2023 dans The American Journal of Psychiatry, être entourée et bénéficier du soutien moral d'autrui dans les moments de stress peut atténuer l'impact du risque génétique de dépression.

L'étude des chercheurs de l’Université du Michigan montre l'importance du soutien social dans l'atténuation du risque de développer des symptômes de dépression en général, en utilisant les données de deux groupes très différents de personnes stressées : des nouveaux médecins dans leur première année de formation la plus intense, et des personnes âgées dont le conjoint est décédé récemment.

Dépression : l'importance du lien sur le risque génétique

Résultat, l'effet le plus important du soutien social sur le risque de dépression a été observé chez les personnes qui présentaient le plus de variations génétiques augmentant le risque de dépression. "Nous espérons que ces résultats, qui intègrent des scores de risque génétique ainsi que des mesures du soutien social et des symptômes dépressifs, éclairent les interactions gène-environnement et plus particulièrement l'importance du lien social dans le risque de dépression."

Pour parvenir à ces conclusions, la nouvelle étude des chercheurs américains a utilisé les données de deux études à long terme qui recueillent toutes deux des données génétiques, d'humeur, d'environnement et autres auprès de populations d'individus. La première est l'Intern Health Study et avait recruté 1 011 internes en première année de médecine en formation dans des hôpitaux du pays, dont près de la moitié étaient des femmes. Le seconde, sur la santé et la retraite, basée à l'Institut de recherche sociale de l'Université du Michigan était financée par le National Institute on Aging. Il avait recruté 435 personnes récemment devenues veuves, dont 71% de femmes, qui disposaient de données provenant d'enquêtes menées avant et après le décès de leur conjoint.

Dépression : +126% de symptômes chez les internes

Les chercheurs de l’Université du Michigan ont constaté que chez les internes en médecine, les symptômes dépressifs ont augmenté de façon spectaculaire de 126% au cours de l'année stressante de formation qui comprend des heures de travail longues et irrégulières et qui se déroule souvent dans des environnements éloignés des amis et de la famille.

Chez les veuves et les veufs, les symptômes dépressifs ont également augmenté de 34% par rapport à leurs résultats avant le veuvage. "Ces résultats sont en corrélation avec des recherches antérieures montrant que la perte d'un conjoint peut être l'un des plus grands facteurs de stress dans la vie d'une personne", a déclaré Jennifer Cleary, étudiante en doctorat de psychologie ayant participé à l’étude.

Dépression : les étudiants sans soutien plus touchés

Les chercheurs ont ensuite combiné les résultats des symptômes de dépression avec le score de risque polygénique de dépression de chaque personne, ainsi que leurs réponses individuelles aux questions sur les liens avec les amis, la famille et les autres soutiens sociaux. Ils ont ainsi constaté Les internes qui présentaient les risques génétiques de dépression les plus élevés et qui avaient également perdu le soutien social étaient ceux qui souffraient le plus de dépression. À l’inverse, les étudiants en médecine qui présentaient le même niveau élevé de risque génétique et qui ont bénéficié d'un soutien social présentaient eux des symptômes dépressifs beaucoup plus faibles. En fait, ils étaient même inférieurs à ceux de leurs pairs présentant un faible risque génétique, quoi qu'il arrive à leur soutien social. Les chercheurs appellent cela un "effet croisé". Ainsi, l’étude révèle l’importance du rôle des proches dans une période de stress pour diminuer le risque de dépression.

Contrairement aux internes, certaines veuves ont signalé une augmentation du soutien social après la perte de leur conjoint, peut-être parce que des amis et des membres de la famille leur ont offert de l'aide ou une simple oreille attentive. Mais l'effet croisé était également visible chez ces personnes. Les veuves présentant un risque génétique élevé de dépression qui ont bénéficié d'un soutien social ont montré une augmentation beaucoup plus faible des symptômes dépressifs que leurs pairs présentant un risque génétique similaire et qui ont perdu le soutien social après la perte de leur conjoint.

Dépression : des conseils personnalisés pour la prévention ?

"Une meilleure compréhension des différents profils génétiques associés à la sensibilité à la perte de soutien social, au manque de sommeil, au stress professionnel excessif et à d'autres facteurs de risque pourrait nous aider à élaborer des conseils personnalisés pour la prévention de la dépression. En attendant, ces résultats réaffirment l'importance des liens sociaux, du soutien social et de la sensibilité individuelle à l'environnement social comme facteurs de bien-être et de prévention de la dépression", conclut Srijan Sen, l’auteur principal de l’étude. L'équipe de chercheurs espère également que d'autres chercheurs étudieront cette même interaction entre le risque génétique, le stress et le soutien social dans d'autres populations.

Sources

Polygenic Risk and Social Support in Predicting Depression Under Stress, The American Journal of Psychiatry, 11 janvier 2023. 

https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.21111100 

Support from others in stressful times can ease impact of genetic depression risk, study suggests, Science Daily, 13 janvier 2023.

https://www.sciencedaily.com/releases/2023/01/230113112733.htm

https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/41970-Depression-soutenir-proches-empecher-survenue 

mots-clés : dépression
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