Punaises de lit : plus d’un foyer sur 10 infecté en FranceAdobe Stock
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Débarquées en France depuis les années 90, les punaises de lit se sont depuis fermement implantées dans l’Hexagone. A un niveau alarmant, puisque ces petits insectes indésirables auraient élu domicile chez 11 % des foyers en France entre 2017 et 2022, d’après un récent avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’environnement (anses).

Cette recrudescence des infestations est jugée suffisamment inquiétante par l’agence sanitaire pour qu’elle se fende d’un rapport d’expertise de 286 pages sur le sujet. Objectif : analyser les impacts de cette prolifération ainsi que les moyens de prévenir et de lutter contre ces nuisibles.

Pourquoi les punaises de lit prolifèrent-elles en France ?

Très présentes en France avant la Seconde guerre mondiale, les punaises de lit ont ensuite quasiment disparu de la circulation. Mais depuis quelques années, ces nuisibles ont fait leur grand retour à la faveur de nos modes de vie nomades.

L’essor des voyages et du tourisme (les punaises de lit sont souvent importées via les valises) explique principalement cette implantation des punaises de lit dans les domiciles des Français (un phénomène également constaté ailleurs dans le monde).

A ce motif s’ajoute la résistance accrue des punaises de lit aux insecticides pour les éradiquer. Autre facteur ayant pu influencer l’installation de ces insectes : notre mode de consommation et particulièrement le développement de l’achat de seconde main.

Punaises de lit : des insectes nocturnes photophobes et hématophages

Le mode de fonctionnement de ces insectes n’est pas étranger à l’effroi et l’anxiété des personnes qu’elles suscitent dans l’opinion publique.

Appartenant à la famille des Cimicidae, les punaises de lit sont des insectes exclusivement hématophages, c’est-à-dire qui se nourrissent de sang de leurs hôtes. "Après un repas sanguin, les punaises de lit femelles fécondées pondent, tout au long de leur vie d'adulte, environ cinq œufs par jour dans un endroit abrité de la lumière", décrit l’anses.

Ces nuisibles se faufilent et pondent sur les lieux de repos : coutures de matelas, crevasses de sommiers, espaces sous les plinthes, sur les draps, dans les canapés, les fauteuils, etc. "À température ambiante, les œufs éclosent, en 7 à 15 jours environ, en larves de premier stade, qui doivent prendre un repas de sang avant de muer au stade suivant".

Des insectes qui se nourrissent la nuit du sang de leur hôte

Craignant la lumière du jour, les punaises agissent dans l’ombre. Plus précisément la nuit, à l’insu de leurs hôtes, souvent endormis.

"Elles se rassemblent pendant la journée avec leurs congénères au sein d’agrégats situés à proximité de sites de repos de leur hôte (être humain), à l’abri de la lumière. La nuit, les punaises deviennent actives, (…) recherchent un hôte sur lequel se nourrir en suivant les stimuli thermiques et chimiques", principalement le dioxyde de carbone émis par l’hôte, détaille le rapport de l’anses.

"Une fois l’hôte trouvé, les individus se gorgent de sang en une dizaine de minutes et retournent aussitôt se mettre à l’abri". Une quête de sang qui se poursuit tant qu’elle n’est pas assouvie, jusqu’à deux heures avant les premières lueurs du jour.

Punaises de lit : les effets visibles sur la santé physique

Pour les personnes concernées par une infestation de punaises de lit, s’en débarrasser est une véritable plaie. Un casse-tête qui se solde par un coût physique, psychologique et financier.

Sur le plan santé, les effets sont connus. La morsure est associée à une réaction cutanée visible par une rougeur ou une zone enflée. Elle provoque des démangeaisons. "Pour prendre son repas sanguin, la punaise de lit injecte dans la peau de son hôte de la salive contenant différentes substances anti-hémostatiques (qui facilitent l’écoulement du sang, ndlr), ce qui facilite l’ingestion rapide de sang en induisant en même temps une réaction inflammatoire et parfois une réaction d’hypersensibilité en cas de piqûres répétées", explique l’anses.

Les lésions cutanées tendent à disparaître spontanément en une à deux semaines, si l’infestation de punaises de lit est éradiquée, sans qu’il n’y ait besoin de traitement. En cas de réaction allergique importante, des corticoïdes et/ou des antihistaminiques peuvent être prescrits par les médecins traitants.

Punaises de lit : pas de risque de maladie infectieuse

En l’état actuel des connaissances, les punaises de lit ne sont pas considérées comme vectrices d’agent pathogène et de maladies infectieuses.

Une étude du réseau Sentinelles de l’Inserm, parue en juillet 2020, a traduit en chiffres cet impact sanitaire et sur la vie des Français : les punaises de lit étaient en cause dans environ 72 000 consultations chez un médecin généraliste, entre avril 2019 et mars 2020. Des lésions cutanées étaient rapportées dans 98% des cas. "39% des patients ayant consulté souffraient d’insomnie et 39% des patients estimaient que l’infestation avait eu un retentissement sur leur vie professionnelle, familiale ou sociale".

Les régions les plus touchées par cette infestation des punaises de lit (évaluée en fonction du nombre de consultations) étaient l’Auvergne-Rhône-Alpes et la PACA (avec respectivement 216 et 145 consultations pour 100 000 habitants). Les régions Pays de la Loire et Bourgogne-Franche-Comté étaient les moins touchées.

Des effets psychologiques délétères sur les victimes

Les traces de morsure sur la peau constituent certes un stigmate bien visible de ces nuisibles sur la peau. Moins palpables mais néanmoins plus significatives sont les répercussions sur la santé mentale des victimes.

L’agence sanitaire dresse l'inventaire de cette charge mentale : troubles du sommeil, changement d’humeur, nervosité, sentiments de panique, agitation, hypervigilance et comportements d’éviction, manifestations délirantes, symptômes équivalents à un stress post-traumatique avec des conséquences socio-professionnelles.

Dans les pires cas, cette détérioration de la santé générale peut exposer à un risque de suicide et d’hospitalisation psychiatrique, poursuit l’anses.
Le cercle vicieux d’anxiété peut également se nourrir de la crainte d’être stigmatisé socialement, liée à la honte d’avoir des punaises de lit. La peur d’une ré-infestation peut également pousser les victimes à s’isoler.

Dans ces cas de figure, un accompagnement et une prise en charge psychologiques, après une évaluation de la santé mentale de la victime, peuvent être indiqués.

Infestation aux punaises de lit : aucun lien avec l’hygiène ou le niveau de revenu

Alors que les punaises de lit peuvent être à tort associées à un manque d’hygiène ou à des origines sociales, l’anses prend soin de balayer ces idées reçues : il n’existe aucun lien entre le niveau de revenu d’un foyer et le fait d’être victime d’une infestation. Tout le monde peut être concerné, sans distinction.

Punaises de lit : comment sortir de ce cauchemar éveillé ?

Pour les éradiquer, il est conseillé au préalable de "nettoyer, aspirer et ranger la pièce infestée", préconise l’anses. L’agence recommande de se tourner vers les t raitements non chimiques efficaces comme la chaleur sèche ou la congélation. Le premier sera plus adapté pour traiter une pièce dans son ensemble, tandis que la congélation se révèle plus adaptée aux vêtements ou aux objets infestés.

L’agence sanitaire met en garde contre le recours aux produits chimiques, pointant un risque d’intoxication bien réelle. Cette méthode a pour effet d’augmenter la résistance aux insecticides, les rendant moins puissants, sans compter les dommages environnementaux liés à leur usage.

Si les méthodes non chimiques ne parviennent pas à venir à bout des nuisibles, le mieux reste de se tourner vers des professionnels de la désinsectisation, qui utiliseront des produits chimiques (dont l’efficacité et les risques ont fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché).

Ces dispositifs d’éradication ont un coût non négligeable sur le porte-monnaie des Français. L’anses évalue ainsi à 83 millions d’euros le coût sanitaire pour les Français en 2019. Dans le détail : "79 millions d’euros associés à une baisse de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux impacts sur la santé mentale, 1 million d’euros lié aux arrêts de travail et 3 millions d’euros environ au titre des soins physiques".

Un numéro et un site spéciaux pour vous aider

Pour en savoir plus, un dispositif d’accompagnement a été mis en place par le gouvernement en 2020. Un numéro de téléphone est mis à disposition : le 0 806 706 806 , ainsi qu’un site internet ( stop-punaises.gouv.fr ) pour aiderà reconnaître les punaises de lit, les éliminer et s’en prémunir.

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