a man with a skin disease in the armpit area prickly heatIstock
Sommaire

Partager :

Camille, 25 ans, est obligée de lutter contre les lésions d'une candidose depuis des semaines. “J’ai déjà eu des mycoses au niveau des aisselles il y a un an et ça a été un calvaire pour m’en débarrasser. Cette fois, j’ai de suite reconnu le problème quand j’ai découvert une plaque au niveau de l’aine et je suis allée à la pharmacie immédiatement pour traiter très rapidement avec du désinfectant et de l'antifongique. Mais même si le traitement a été efficace pour réduire la candidose, la marque rouge persiste et s'est en quelque sorte multipliée car j'en ai maintenant deux, une de chaque côté de l'aine. Cela fait des semaines que j'essaie de m’en débarrasser complètement, sans succès”.

"J'ai eu une mycose au niveau des aisselles, un calvaire pour m'en débarrasser"

Camille n’est pas la seule à devoir composer avec une mycose de la peau et des lésions récidivantes (plaques, taches, rougeurs assorties de démangeaisons...), notamment dans certaines parties du corps comme les plis cutanés. En 2013 déjà, une étude publiée dans La revue des laboratoires s'alarmait de l’augmentation des infections à Candida, des infections qui peuvent prendre des aspects très différents mais qui ont comme dénominateur commun d’être provoquées par un Candida, autrement dit, un champignon microscopique (ou levure). Il existe plus de 200 espèces de Candida, dont une vingtaine peuvent provoquer une infection chez l’humain.

Les infections à Candida peuvent-elles être bénignes ou potentiellement mortelles ?

Comme dit plus haut, ces lésions peuvent prendre des aspects différents selon la région qu’elles colonisent : les infections intestinales à Candida albicans par exemple, ou les candidoses cutanées et des muqueuses (le muguet ou l’érythème fessier des bébés peuvent être provoqués par un Candida, tout comme une mycose vaginale). De même, elles peuvent être bénignes ou potentiellement mortelles. Certaines espèces de Candida (voir plus loin) sont très virulentes.

Dans tous les cas, et même bénignes, ce sont des lésions invalidantes et particulièrement pénibles à vivre. En outre, les mycoses cutanées ou vaginales, tout comme les lésions des ongles ou la présence d'un muguet, peuvent être dues à un Candida mais aussi à d’autres types de levures ou de champignons.

Sachant que le Candida ne se trouve pas naturellement sur notre peau, mais est présent dans le tube digestif et les muqueuses génitales chez la femme, sa prolifération est souvent favorisée par des facteurs extérieurs, notamment l’humidité, la prise de certains médicaments (antibiotiques, corticoïdes…), la macération (dans les plis cutanés)... La transpiration excessive, notamment dans les zones de plis, est une cause courante de lésions.

L’humidité explique aussi que les candidoses peuvent se loger sur les pieds : c'est le fameux pied d'athlète, le champignons envahit les espaces inter orteils, mais il peut aussi contaminer les ongles. Cette atteinte des ongles se reconnaît à un décollement et un jaunissement. Certaines maladies chroniques comme le diabète favorisent également ce type d’infection.

Candidoses (mycoses) cutanées : quels sont les symptômes ?

Les infections à Candida affectent en priorité la peau et les muqueuses, qui portent les stigmates des lésions provoquées par le champignon (rougeurs, taches, démangeaisons...). “Les candidoses cutanées se développent dans les zones de transpiration, comme l’aine, les aisselles, les zones interdigitales, et sur les endroits brûlés ou écorchés. Les Candida peuvent infecter différentes muqueuses : la cavité buccale, la muqueuse vaginale et l’œsophage” apprend-on de l’Institut Pasteur. Elles peuvent se distinguer grâce à ces symptômes (qui sont en réalité ceux d’une mycose, quel que soit le champignons ou la levure en cause) :

  • Démangeaisons (souvent vives)
  • Pustules
  • Plaques rouges
  • Sensation de brûlures…

Infections à Candida potentiellement grave, comment les reconnaître ?

Quand l’infection se produit chez un patient immunodéprimé ou lorsqu’elle s'exprime dans un contexte nosocomial (infection à l’hôpital, au niveau d’un cathéter par exemple), les risques sur la santé peuvent être importants, les lésions plus larges ou très difficiles à traiter, le champignon peut même coloniser des organes et engager le pronostic vital.

On parle alors de candidoses systémiques et leur incidence est en augmentation ces dix dernières années. Un autre facteur inquiète les spécialistes : les infections à Candida sont non seulement en augmentation, mais aussi plus résistantes. A tel point, que l’ECMM (Confédération européenne de mycologie médicale), en collaboration avec l’ISHAM (Société internationale de mycologie humaine et animale) et l’ASM (Société américaine de microbiologie), vient de publier de nouvelles recommandations concernant le diagnostic et le traitement des infections à Candida.

A noter : même si la majorité des candidoses, même les plus sévères, sont dues à albicans, d’autres souches posent problème car elles affichent une résistance plus grande aux traitements antifongiques actuels. C’est le cas de Candida parapsilosis et de Candida auris.

Quelles crèmes antifongiques sont conseillées ? Comment soigner une mycose ?

Dans un article publié sur Medscape (média rédigé par des médecins), le médecin allemand Michael van den Heuvel détaille les recommandations de l’ECMM, en cas de lésions de candidoses résistantes aux antifongiques et conseille trois médicaments en cas de résistance aux crèmes traditionnellement prescrites :

. La rézafungine, un nouvel antifongique à action prolongée qui permet une prise hebdomadaire, “ce qui constitue une nette amélioration par rapport aux approches thérapeutiques antérieures”.

. Le fluconazole qui “reste une option thérapeutique”.

. Les “nouvelles substances actives comme l’ibrexafungerp et l’otéséconazole élargissent le spectre thérapeutique”, notamment pour les infections des muqueuses, comme la candidose vaginale.

Mycose : comment traiter ?

Face à l'augmentation des cas de mycoses de la peau, et notamment des formes de mycoses résistantes aux traitements traditionnels, ces nouvelles recommandations thérapeutiques sont des pistes qui s'inscrivent dans une prise en charge médicale. Attention, il ne s'agit pas de se soigner soi-même, ce qui peut potentialiser les formes résistantes. L'avis d'un médecin ou d'un professionnel de santé est toujours bienvenu. Les lésions de mycoses sont le plus souvent bénignes, mais elles doivent être soignées sérieusement, il convient d'appliquer un traitement local dès les premiers signes.

Adopter de bons gestes en prévention est également utile : éviter le port de chaussures trop serrées et les séchages insuffisants au sortir de la douche, porter systématiquement des claquette dans les lieux humides (piscines, saunas...), changer de chaussette dès qu'elles sont humides, etc.