L’adénome de la prostate ou hypertrophie bénigne de la prostate est la conséquence du vieillissement naturel des tissus qui composent la prostate, qui gagne alors en volume.
Une problématique qui touche 37 % des hommes de plus de 70 ans selon l’Assurance maladie. “Il s’agit d’un grossissement bénin de la prostate, explique le Dr Muhieddine Khodari, urologue à la Clinique Paul Picquet à Sens (89). Quand il devient trop volumineux, l’adénome comprime l’urètre et la vidange de la vessie ne se fait plus correctement. Les symptômes – besoin fréquent d’uriner, jet urinaire faible, fuites urinaires, troubles sexuels – peuvent être très gênants.” Une pathologie qui pèse en effet durement sur le quotidien des hommes qui en souffrent.
Des médicaments aux effets indésirables fréquents
Une fois le diagnostic posé, les options thérapeutiques dépendent de la gêne provoquée par l’adénome. Ce peut être une simple surveillance avec la mise en place de gestes hygiéno-diététiques ciblés (hydratation abondante, diminution de l’alcool et des sodas, activité physique renforcée…), ou si cela ne suffit pas un traitement médicamenteux. Les principaux médicaments proposés sont, d’après l’Assurance maladie :
- Les alpha-bloquants (alfuzosine, doxazosine, tamsulosine, térazosine...) “qui luttent contre la contraction des voies urinaires et permettent d'uriner plus facilement”. Ces médicaments ciblent uniquement les symptômes provoqués par le grossissement de la glande et n’ont aucun effet sur son volume. Ils peuvent en revanche s'assortir d’effets secondaires, qui s’ils sont rares, peuvent néanmoins être ennuyeux : vertiges, maux de tête, hypotension orthostatique, palpitations cardiaques, troubles de l'éjaculation…
- Les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase (dutastéride ou finastéride) qui contrairement aux alpha-bloquants agissent sur le volume de la prostate en bloquant la fabrication de la testostérone. “Ils diminuent le volume de la prostate de 25 à 30 % au bout d'un an”, explique l’Assurance maladie, mais s'accompagnent souvent d’effets secondaires comme la baisse de la libido et les troubles de l’érection. Certaines personnes rapportent aussi des troubles psychiques comme de l’anxiété, des sautes d’humeur, de la dépression voire des pensées suicidaires.
Si l’un ou l'autre de ces médicaments ne fonctionne pas, le médecin peut parfois les associer.
La chirurgie de la prostate, souvent redoutée par les patients
En cas d'échec des traitements médicamenteux et quand la gène provoquée par l’adénome devient trop importante, les hommes se voient alors proposer la chirurgie, qui consiste à retirer le tissu prostatique en excès et réduire ainsi le volume de la prostate.
Plusieurs techniques opératoires existent “mais certains patients ne peuvent pas ou ne souhaitent pas subir l’intervention chirurgicale et l’hospitalisation de plusieurs jours qui suit”, constate le Dr Khodari.
De plus, les risques de complications existent. L’Assurance maladie liste les plus courantes et recommande de surveiller les signes suivants :
- la présence de sang dans les urines ;
- une rétention urinaire transitoire ;
- une infection urinaire ;
- une phlébite ;
- une éjaculation rétrograde très fréquente (dans environ 75 % des cas), le sperme est alors évacué vers la vessie ;
- une incontinence urinaire transitoire.
Traitement à la vapeur d’eau Rezum : une option thérapeutique rapide et accessible
Déjà pratiquée depuis une dizaine d'années aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, mais peu connue en France, cette technique mini-invasive est une alternative très intéressante aux médicaments et à la chirurgie.
Comment ça fonctionne ? Le chirurgien injecte de la vapeur d’eau stérile chauffée à 100 °C directement dans les tissus en excès, ce qui va dénaturer les cellules et les atrophier. Les tissus prostatiques peuvent repousser, mais les dernières études montrent un bénéfice sur la diminution des symptômes urinaires d’une dizaine d'années.
“Moins de 5 % des patients ont besoin d’une nouvelle intervention dix ans après, précise le Dr Khodari. De plus, à part peut-être parfois quelques difficultés à uriner les jours qui suivent l'intervention (la pose d’une sonde est de toute façon comprise dans les suites opératoires, NDLR), il n’y a pas d’effets secondaires. Et surtout, cette technique préserve les fonctions sexuelles, notamment éjaculatoires.”
Comment ça marche ?
Ce traitement à la vapeur d’eau peut être proposé quel que soit l’âge du malade, mais uniquement si la prostate ne dépasse pas 80 g (en réalité, la grande majorité des cas). Il se pratique en ambulatoire, sous anesthésie générale courte, et ne dure qu’une dizaine de minutes.
En conséquence, les suites opératoires sont légères, et les hommes peuvent reprendre une vie parfaitement normale très rapidement, en quelques jours tout au plus.
Une seule séance suffit et cerise sur le gâteau, la procédure est entièrement remboursée par la Sécurité sociale.
“Une amélioration des symptômes est habituellement constatée à partir de 2 semaines après le traitement” conclut le Dr Muhieddine Khodari.
Communiqué de presse Elsan
Interview du Dr Muhieddine Khodari, chirurgien-urologue à la Clinique Paul Picquet à Sens (89)
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