Qu'est-ce qu'un adénome de la prostate ?

L'adénome de la prostate se traduit par une augmentation du volume de la glande. Si la prostate devient trop volumineuse, elle entraîne la compression de l'urètre, et donc des difficultés pour uriner. On appelle également cette croissance excessive l'hyperplasie ou hypertrophie bénigne de la prostate (HBP).

Qu'est-ce que la prostate ?

La prostate est une glande du système reproducteur masculin, entourée par une enveloppe fibreuse de protection. La prostate se situe sous la vessie, en avant du rectum. Elle entoure l'urètre, canal qui sort de la vessie et qui permet d'évacuer l'urine. La prostate sécrète le liquide qui compose le sperme. Elle fonctionne grâce aux androgènes, hormones sexuelles produites par les testicules et les glandes surrénales.

Schéma de la prostate

Qu'est-ce que la prostate ?© Creative Commons

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1. Conduit déférent, 2. Ampoule du conduit déférent, 3. Vésicule séminale, 4. Conduit excréteur de la vésicule séminale, 5. Contour de prostate, 6. Conduit éj,aculateur, 7. Utricule prostatique, 8. Substance glandulaire, 9. Sphincter de l'urètre, 10. Urètre, 11. Colliculus séminal, 12. Crête urétrale

Quelle est la prévalence de cette maladie ?

Après 70 ans, 37 % des hommes présentent un adénome de la prostate avec des symptômes urinaires.

En 2012, près de 50 000 d'entre eux ont subi une intervention chirurgicale à cause d’un adénome de la prostate.

Adénome : quelle différence avec le cancer de la prostate ?

Il n’existe aucun lien entre l’adénome et le cancer de la prostate. Autrement dit, un adénome de la prostate n’augmente pas le risque de cancer. Il arrive que certains patients soient atteints des deux maladies simultanément, mais cela ne veut pas dire qu’il existe un lien de cause à effet.

Le PSA “Antigène Spécifique de la Prostate” est dosé sur un simple prélèvement sanguin dans tous les laboratoires d’analyse. C’est le test le plus efficace actuellement pour suspecter un cancer de la prostate avant l’apparition des signes cliniques. Plus le chiffre de PSA est élevé, plus le risque de cancer augmente.

Le guide sur le cancer de la prostate donnera plus de détails.

Adénome : quelle différence avec le cancer de la prostate ?© Fotolia

Quels sont les symptômes de l'adénome de la prostate ?

Le grossissement de la prostate gène la vidange de la vessie. Les principaux signes sont donc des troubles urinaires avec :

  • Des difficultés à uriner (dysurie). La personne doit pousser pour uriner ;
  • Des mictions fréquentes survenant d'abord la nuit (nycturie), puis la nuit et le jour (pollakiuries) ;
  • Des envies urgentes d'uriner (une impériosité ou urgenturies) ;
  • Une faiblesse du jet avec des gouttes d'urine qui continuent à s'écouler pendant une à deux minutes après la miction (gouttes retardataires) ;
  • L'impression que la vessie n'est jamais vraiment vide ;
  • Des douleurs peuvent être ressenties dans le bas du ventre et du dos.

L'adénome augmente le risque d'infections urinaires, de saignements dans les urines, de problèmes rénaux (insuffisance rénale) ou de compression partielle de l’urètre (rétention chronique d’urines marqué par des résidus post-mictionnels) ou complète (très occasionnelle) qui constitue une urgence médicale (rétention d'urines aiguë).

Quelles sont les causes ?

On ne connait pas encore les causes de cette maladie, même s’il existerait une prédisposition familiale. Des modifications de la production d’hormones mâles (la testostérone), liées à l'âge, pourraient être à l’origine de l'adénome de la prostate, mais cette hypothèse n'a pas encore été confirmée.

Quels sont les facteurs de risque ?

Les facteurs de risque de l’HBP sont l’obésité, le diabète et l ’inactivité physique. Le régime alimentaire semble jouer un rôle important. Plusieurs études ont retrouvé une corrélation entre les habitudes alimentaires occidentales: consommation importante de viande rouge, de sucres et de céréales et l’hypertrophie de la prostate.

Quels sont les aliments à éviter ?

Réponse du Dr Marc Fourmarier :

"L'alcool, les boissons gazeuses et les piments sont à éviter."

Quelles sont les personnes à risques ?

L’adénome de la prostate est une maladie fréquente de l’homme à partir de 50 ans.

Adénome de la prostate : Quelle est la durée ?

La durée de l'hospitalisation est variable et décidée par le chirurgien. De un à cinq jours.

Est-ce contagieux ?

L’adénome de la prostate n’est pas contagieux, mais il existerait une prédisposition familiale

Qui, quand consulter ?

Consultez dès l'apparition des symptômes. Votre médecin écartera les autres causes possibles comme un cancer de la prostate, qui est plus rare que l'adénome avant de mettre en place un traitement adapté à votre cas.

Examens et analyses

Analyser les symptômes :

Augmentation des mictions de jour comme de nuit, nécessité de pousser pour uriner, faiblesse du jet... et une palpation de l'abdomen, sont plusieurs symptômes à prendre en compte.

Le toucher rectal pour examiner la prostate

C’est l’examen indispensable qui est pratiqué vessie vide. Il met en évidence l'augmentation du volume et le caractère homogène (ou non) de l’hypertrophie de la prostate.

Le test urinaire par bandelette

À l'aide d'une bandelette réactive, qui permet de rechercher une éventuelle infection urinaire. Si le test est positif, un examen cytobactériologique des urines est nécessaire.

Analyse sanguine

Pour connaitre le dosage de l 'antigène spécifique prostatique (PSA). Dans le cadre du dépistage du cancer de prostate de 50 à 75 ans.

Examens complémentaires

La qualité du jet urinaire peut être appréciée par la réalisation d'une débitmétrie (uriner dans un appareil qui mesure la vitesse du jet) et l’évaluation d’un résidu d’urines dans la vessie à l’aide d’un échographe.

Le médecin peut ensuite décider de prescrire un bilan avec une échographie de la vessie, de la prostate et des reins ou éventuellement un uroscanner.

"Ces examens, à l'exception de l'examen de la débimétrie) permettent d'écarter la possibilité d'un cancer de la prostate", rappelle le Dr Marc Fourmarier.

Quels sont les traitements de l'adénome de la prostate ?

Choix du traitement de l'adénome de la prostate ?

Le choix du traitement de l'adénome de la prostate dépend :

  • De l'importance de la gêne ressentie ;
  • Du volume de l'adénome ;
  • De son retentissement dans la vie de tous les jours ;
  • Et de l'état de santé général du patient.

En cas d'adénome de la prostate de petit volume :

Si les troubles urinaires sont minimes et stables, que la gêne est légère ou bien supportée et qu’il n’existe pas de complications alors une simple surveillance est nécessaire avec un examen annuel.

Avez vous des recommandations particuliéres ?

Réponse du Dr Marc Fourmarier :

"Il faut respecter les règles hygiéno-diététiques : régime, boissons abondantes et régulières, éviter alcool, pétillant-gazeux,…"

Traitements médicamenteux

En cas de troubles plus importants, le patient peut se voir prescrire des médicaments. Le traitement médical ne fait pas disparaître l'adénome, mais améliore la vie au quotidien. Certains médicaments à base de palmier nain ou d'extraits de prunier d'Afrique semblent avoir une certaine efficacité, mais ne font pas l’objet de recommandations officielles et ne peuvent dispenser d’une surveillance médicale régulière.

Il existe différentes classes de médicaments, utilisées seules ou en association, dont les principales sont :

  • La prise d’inhibiteur de la 5 alpha-réductase (finastéride et dutastéride), qui agit sur le volume de la prostate en le faisant diminuer (+/- 30% à 1 an de traitement) ;
  • Les Alpha-bloquants (Tamsulosine®,silodosine, Térazosine®...) qui permettent le relâchement des fibres musculairesde l’urétre prostatique (ce qui facilite la miction) peuvent être proposés.

Une association alpha-bloquant et inhibiteur de la 5-alpha-réductase, en seconde intention.

Recours à la chirurgie :

En l'absence d'efficacité de ces traitements, de complications ou d’effets indésirables du traitement médicamenteux, une opération chirurgicale peut être envisagée.

  • La technique la plus utilisée aujourd'hui est la résection endoscopique de prostate. Un instrument endoscopique équipé d'une caméra et d'un résecteur (anse électrique) est inséré dans l'urètre par le pénis. La partie centrale hypertrophiée est réséquée (désobstruée), grâce à un courant électrique mono-polaire ou -bipolaire, pour libérer le passage de l'urine, la prostate périphérique étant laissée en place.
  • Il existe aussi l'incision cervico-prostatique qui consiste à pratiquer une petite incision de la prostate par voie endoscopique pour élargir le col vésical. Cet acte ne permet pas de retirer l'adénome de la prostate.
  • D'autres techniques comme l'adénomectomie (où l’on enlève la glande tout entière) par voie ouverte (courte incision en bas de l'abdomen réservée actuellement aux formes compliquées et lorsque le volume de la prostate est important) peuvent être réalisées. De moins en moins pratiquées depuis l’avènement des lasers !
  • La pose d'un stent (« tube métallique ») prostatique, placé dans le canal par lequel s'écoule l'urine (l'urètre), au niveau de la prostate. Cette intervention peut être proposée pour faciliter l'écoulement de l'urine. Ce traitement est proposé aux personnes qui ne sont pas ou ne peuvent pas être opérées.
  • Depuis 2010, les services d'urologie utilisent les lasers. Il existe plusieurs lasers (fonction de la longueur d’onde) avec des propriétés différentes sur les tissus. Il existe ainsi un laser de vaporisation et des lasers permettant résection et énucléation (ablation de toute la partie centrale de la prostate quel que soit le volume de l’adénome). La technique de vaporisation ne permettant pas de faire analyser les tissus, il faut donc être sûr que l'adénome est bénin et qu'il n'y a pas de cancer. Le laser permet de maintenir certains traitements anticoagulants ou antiplaquettaires ou de les stopper brièvement, réduisant ainsi considérablement le risque de saignement.

Suivi chirurgical : la sonde urinaire, peut être souvent retirée dès le lendemain en cas de traitement au laser avec un séjour soit en ambulatoire soit en hospitalisation traditionnelle courte (2 à 3 jours).

Quelles sont les complications ?

L'adénome de la prostate peut entraîner certaines complications si la prise en charge thérapeutique n’est pas réalisée :

  • Une rétention chronique d'urine dans la vessie, responsable :
    • D'infections urinaires ;
    • D'infection de la prostate (prostatite) ;
    • De calculs de la vessie ;
  • Un retentissement sur le fonctionnement des reins avec apparition d’une insuffisance rénale.
  • Une rétention aiguë d'urine : impossibilité d’uriner, l’adénome obstruant l’évacuation de l’urine). Il s'agit, dans ce cas, d'une urgence. La rétention aiguë nécessite une hospitalisation pour réaliser un bilan et un sondage afin de vider la vessie.

Peut-on prévenir cette maladie ?

Suivi médical :

Difficile de prévenir l'adénome de la prostate. Il est possible cependant de réduire l'inconfort, voire les complications en :

  • Urinant quand le désir vous vient. Se retenir longuement d'uriner peut irriter la vessie.
  • Évitant certains aliments comme les plats épicés et salés, l'alcool, les boissons riches en caféine qui aggravent les symptômes.
  • En vérifiant, en cas de rhume, que les médicaments pris ne contiennent pas de décongestionnant comme la pseudoéphédrine. Ces substances rendent l'émission d'urine plus difficile.

Vous n'avez pas été opéré de votre adénome de la prostate :

Selon l'Association française d'Urologie (AFU), une surveillance des symptômes est recommandée tous les ans pour confirmer le diagnostic d'adénome de la prostate et faire le diagnostic différentiel avec le cancer de la prostate. Mais, cette surveillance est utile aussi pour prévenir les risques de complications urinaires e n l'absence de traitement (rétention aiguë d'urines, infection urinaire, incontinence voire une insuffisance rénale...).

Vous avez été opéré de votre adénome de la prostate :

Après traitement chirurgical, il faut revenir 6 semaines après pour vérifier l'absence de complications et être informés des résultats anatomopathologiques. L'efficacité du traitement ne peut être évaluée qu'à partir de 3 mois.

Adénome de la prostate : quelle est l'évolution ?

Les signes s'aggravent le plus souvent avec le temps, avec une augmentation des symptômes et de leur retentissement sur la vie quotidienne. Il se développe le plus souvent après 40 ans. De façon générale, à partir de 80 ans, la presque totalité présente cette pathologie.

Sites d’informations et associations

Union d'urologues

Association Française d'urologie

Sources

https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/adenome-prostate

Ameli.fr