Ballon gastrique Allurion : après une perte de poids conséquente, le cauchemar débuteCrédit : Emmanuel Ville
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C’est à la suite d’un accident de voiture qu’Emmanuel commence à devenir plus sédentaire. Un accident qui a eu des conséquences sur sa vie et son état psychologique. "Je bougeais beaucoup moins et je commençais à prendre beaucoup de poids". Alors qu’il ne supporte plus cette surcharge pondérale, Emmanuel découvre par son médecin le ballon gastrique Allurion en juillet 2022, une sorte de capsule anti-obésité qui permet de perdre du poids sans chirurgie. Mais trois mois après l’avoir avaler, il entend comme un claquement s’accompagnant d’une douleur abdominale terrible.

Alors que cette souffrance ne cesse pas, Emmanuel décide d’appeler les services d’urgences. "Le samu est venu, il suspectait une dissection carotidienne", se souvient-il. Il se rend alors à l’hôpital, des examens montrent une occlusion intestinale. Nous sommes le 19 octobre 2022.

"J'étais à bout de souffle, j'étais déshydratée, j'ai perdu 18kg avec l'occlusion. Le dimanche midi au bloc opératoire, ils m'ont dit que j'aurais peut-être une colostomie"

"A l'hôpital, ils n'ont jamais voulu prendre en charge l'occlusion car il n'y avait pas de retour sur le ballon. Ils m'ont dit de contacter le médecin de la clinique qui m’a opéré", livre-t-il. Sa femme tente alors de contacter le chirurgien. Elle organise elle même le transfert dans la clinique le 22 octobre. "J'ai passé quatre jours à vomir mes selles. J’ai été opéré le 24 octobre et le 25 j’expulsais le ballon", explique-t-il.

"Le dimanche 23, j'étais à bout de souffle, j'étais déshydratée, j'ai perdu 18kg avec l'occlusion, j'avais envie de mourir. Le dimanche midi au bloc opératoire, ils m'ont dit que j'aurais peut-être une colostomie que je n’ai finalement pas eu", souligne Emmanuel. Au scanner, le ballon est visible dans le côlon ce qui a permis à Emmanuel de le rejeter. Il rentre à son domicile une semaine plus tard.

Au départ, il voit pourtant cette technique comme une porte de sortie à son obésité. "À l’époque c'était une technique de perte de poids peu connue du grand public. Le ballon se loge dans l'estomac où la place qu'il occupe induit un sentiment de satiété", explique Emmanuel Ville. "J’ai commencé à perdre facilement du poids, et j’étais vraiment satisfait", raconte-t-il.

Un remède miracle pour perdre du poids

"Au début on est dans l’euphorie parce qu'on perd du poids mais ce que je reproche c'est qu ’il n'y a pas de suivi de la part du corps médical", déplore-t-il. "On a un staff "virtuel" qui s'occupe de nous mais il n'est pas présent pour nous conseiller, la psychologue est totalement inexistante".

"Au départ de la prise en charge nous avons un rendez-vous en clinique privée, nous sommes assistés d'un médecin et d'un radiologue, il nous fait prendre la capsule jusqu'à un repère et il s'assure qu’elle est en place. Ensuite nous rentrons chez nous", explique-t-il. En cas de douleurs abdominales, une infirmière peut se rendre au domicile du patient pour des perfusions d’antalgiques. "Concernant le suivi, le premier mois le médecin nous fixe un rendez-vous tous les 15 jours et ensuite un par mois jusqu’au 4ème mois".

Deux ans après, le quotidien d'Emmanuel est chamboulé. "Je ne vais plus à la selle comme avant, je ne peux plus me retenir si l’envie survient". Son alimentation doit changer. "Les aliments épicés je ne peux pas les manger, ça me crée des douleurs. Ma vie est devenue un vrai calvaire", exprime-t-il.

Un ballon gastrique retiré du marché par l’ANSM

Le 6 août 2024, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé suspendre "la mise sur le marché, la distribution, l'utilisation et la publicité des ballons gastriques Allurion" et a appelé la société américaine à "procéder sans délai au retrait des produits du marché français". La décision de l'ANSM fait suite à l'augmentation du nombre de signalements d'effets indésirables ces deux dernières années, tels que celui d’Emmanuel.

L'agence sanitaire avait déjà appelé mi-juillet les médecins à la vigilance concernant l'utilisation de ces ballons gastriques. Elle dénonce aujourd’hui "une absence de suivi des poses de ces ballons gastriques, un manque de formation spécifique à la gestion de ces complications hors des lieux de pose, ainsi qu’à la publicité des ballons Allurion non conforme à la réglementation".

Aujourd’hui Emmanuel envisage une procédure judiciaire auprès de son avocate Géraldine Adrai-Lachkar. "Ma qualité de vie est terrible, ce n'est plus comme avant, rien n'est plus comme avant", témoigne-t-il.

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