Problèmes de thyroïde : 10 causes auxquelles on ne pense pas©FotoliaFotolia
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La thyroïde est une petite glande en forme de papillon située à la base du cou. Si elle ne fait que 5 cm de diamètre, elle joue un rôle important puisqu’elle sécrète les hormones qui agissent sur l’organisme. Elles ont plusieurs rôles :

  • elles contrôlent le métabolisme des cellules de notre corps ;
  • elles régulent différentes fonctions comme l’énergie musculaire, l’humeur, la température du corps, la croissance ;
  • elles agissent sur le rythme cardiaque ;
  • elles jouent un rôle dans l’utilisation et la transformation des glucides, des lipides et des protides.

Parfois, la mécanique très précise de cette glande s’enraille et provoque plusieurs pathologies. Les plus communes sont l ’hyperthyroïdie (surproduction d’hormones thyroïdiennes) et l’hypothyroïdie (sous production d’hormones thyroïdiennes). Toutefois, les problèmes de thyroïde peuvent avoir d’autres causes qu’un trouble de la production des hormones. Le Dr Alain Scheimann, endocrinologue, les détaille dans cet article.

Un virus qui passe du nez à la thyroïde

Dans le cas de la thyroïdite de De Quervain, c’est un virus qui est à l’origine d’une hyperthyroïdie.

Cette inflammation fait généralement suite à une infection virale comme une grippe, une otite, une sinusite ou encore une rhinopharyngite, lorsque le virus passe de la sphère ORL (nez, bouche, gorge et oreilles) vers la thyroïde. Elle se caractérise par de la fièvre, des douleurs, des rougeurs, une sensation de chaleur et un gonflement au niveau du cou.

L’explication de l’endocrinologue : "La thyroïdite de De Quervain peut entrainer une hyperthyroïdie qui évoluera vers un retour à la normale, parfois vers une hypothyroïdie. Selon les symptômes, si l’inflammation est trop douloureuse, le médecin prescrira des corticoïdes. Ceux-ci agiront contre l’inflammation et induiront une diminution de la quantité d’hormones thyroïdiennes", détaille le Dr Alain Scheimann, endocrinologue.

Rappel : L’hypothyroïdie correspond à une production inadaptée ou insuffisante d’hormones thyroïdiennes par la glande thyroïde. A l’inverse, l’hyperthyroïdie est une production excessive d’hormones thyroïdiennes par la thyroïde.

Des aliments qui dérèglent la thyroïde

L’alimentation "goitrogène" est une alimentation pauvre en iode (peu de poissons ou de fruits de mer) et pauvre en vitamines et minéraux (peu de légumes verts et de fruits). Elle contient également des aliments qui bloquent la fixation de l’iode dans la thyroïde. C’est le cas des choux, du manioc mal cuit, des patates douces, du soja ou des arachides.

Une telle alimentation entraîne une augmentation de la taille de la thyroïde, visible par la présence d’un goitre et une hypothyroïdie.

Des médicaments qui perturbent le fonctionnement de la thyroïde

Certains médicaments ou traitements peuvent être à l’origine d’hyper ou d’hypothyroïdie. Dans ce cas, les médecins parlent de troubles iatrogènes.
Ainsi, le lithium (prescrit contre les troubles bipolaires), l’interféron (utilisé contre les hépatites virales et la sclérose en plaque) mais aussi les radiothérapies orientées contre un cancer au niveau du cou ou de la poitrine peuvent être à l’origine d’une hypothyroïdie.

À l’inverse, l’amiodarone, un médicament riche en iode prescrit contre les troubles du rythme cardiaque, et les produits de contraste utilisés lors de radiographies ou de scanners peuvent causer une hyperthyroïdie.

Enfin, certains médicaments pour perdre du poids contiennent des hormones thyroïdiennes de synthèse, ce qui augmente le risque d’hyperthyroïdie et d’accidents cardiaques.

Bon à savoir : Qu’en est-il des pilules contraceptives ? "Aujourd’hui, les pilules n’entraînent pas de troubles de la thyroïde, car les dosages en œstrogènes sont bien adaptés. Mais les femmes souffrant d’hypothyroïdie qui sont sous contraception orale ont parfois besoin d’un dosage plus fort en hormones thyroïdiennes. On doit ajuster les posologies des traitements thyroïdiens", détaille le docteur Scheimann.

Des médicaments qui perturbent le fonctionnement de la thyroïde© Istock

La ménopause

Avec l’âge, le corps peut avoir du mal à produire autant d’hormones qu’auparavant. Les hormones thyroïdiennes ne font pas exception, auquel cas la personne souffrira d’hypothyroïdie fruste ou avérée.

La ménopause peut-elle causer une hypothyroïdie ? "Les maladies thyroïdiennes surviennent plus fréquemment à la ménopause, car les œstrogènes fabriqués par les ovaires pourraient avoir un effet protecteur sur ces troubles. Quand la quantité d’œstrogènes diminue, celle des hormones thyroïdiennes peut aussi s’effondrer, entraînant une hypothyroïdie", répond le docteur Scheimann.

Des nodules thyroïdiens

Les nodules sont des sortes de kystes situés dans la glande thyroïde. Ils peuvent être isolés ou nombreux. Leur taille est variable et indépendante de leur gravité.

L’explication de l’endocrinologue : "Si ces nodules produisent des hormones, la quantité totale d’hormones thyroïdiennes augmente. Ces nodules ‘toxiques’ entraînent donc une hyperthyroïdie", décrit le docteur Scheimann.

Ce qu'il faut savoir sur les nodules : Les nodules sont généralement découverts par une échographie de la thyroïde. Ils sont favorisés par le tabac, une alimentation pauvre en iode et des facteurs génétiques prédisposants.

L’endocrinologue révèle que 5% des nodules sont responsables d’un cancer de la thyroïde, qui est guérissable dans 95% des cas.

Selon l’aspect du nodule à l’échographie, le médecin pourra faire une cytoponction à l’aide d’une aiguille pour analyser s’il est bénin ou malin. Dans le second cas, il faudra le retirer par chirurgie.

Des nodules thyroïdiens© Istock

Une carence en iode

L’iode est un élément indispensable au bon fonctionnement de la thyroïde, à condition qu’il soit bien dosé. Une carence en iode peut ainsi entraîner une hypothyroïdie.

Actuellement, l’hypothyroïdie liée à une carence en iode est assez fréquente dans les pays en voie de développement. Cependant, plus rare dans les pays développés. "Et pour cause : de l’iode est désormais systématiquement ajoutée au sel de table que l’on trouve dans nos magasins", révèle le docteur Scheimann.

Une maladie auto-immune

Dans le cas d’une maladie auto-immune, le système immunitaire se défend sans raison contre certaines cellules du corps, ici celles de la thyroïde. C’est la cause la plus fréquente de troubles de la thyroïde.

La thyroïdite d’Hashimoto cause une hypothyroïdie : le corps fabrique des anticorps qui détruisent la glande thyroïde, ce qui entraîne une inflammation de la thyroïde (ou thyroïdite chronique).

A l’inverse, la maladie de Basedow entraîne une hyperthyroïdie due à une stimulation excessive de la glande thyroïde. "L’hyperthyroïdie auto-immune est moins fréquente que l’hypothyroïdie, mais plus grave, car l’hyperthyroïdie accélère tout : le rythme cardiaque (tachycardie, qui augmente le risque d’infarctus), mais aussi le métabolisme. En conséquence, la personne maigrit très rapidement, et beaucoup, ce qui entraîne une grosse fatigue. L’hyperthyroïdie représente aussi un risque d’exophtalmie (œil qui sort de l’orbite) et donc de paralysie visuelle", met en garde le docteur Scheimann.

Une maladie auto-immune© Istock

Une exposition à la radioactivité

La thyroïde fixe de l’iode pour fonctionner. Mais lorsque cet iode est radioactif, il détruit les cellules de la thyroïde qui fabriquent les hormones, entraînant une hypothyroïdie. L’iode radioactif peut être libéré lors d’un accident nucléaire, comme Tchernobyl ou plus récemment Fukushima.

L’explication de l’endocrinologue : Les riverains des centrales nucléaires ont désormais des comprimés d’iode à disposition en cas d’accident. "Au besoin, ces cachets vont saturer la glande thyroïde en iode pour ne pas qu’elle fixe l’iode radioactif."

Un accouchement

L’accouchement peut être à l’origine d’une hypothyroïdie temporaire ou permanente. C’est la thyroïdite post-partum, qui peut survenir trois à six mois après un accouchement. Cette forme d’hypothyroïdie peut s’accompagner d’un goitre, une augmentation visible dans le cou du volume de la glande thyroïde.

L’explication de l’endocrinologue : "La thyroïdite post-partum est une maladie auto-immune révélée par un accouchement, c’est-à-dire que la femme va fabriquer des anticorps contre ses propres cellules. La jeune maman aura parfois besoin d’un traitement hormonal pour un retour à la normale", précise le docteur Alain Scheimann, endocrinologue.

Une absence de glande thyroïde

Une des causes d’hypothyroïdie est simplement l’absence totale de glande thyroïde. Dans ce cas, la personne souffre d’hypothyroïdie depuis sa naissance. "Quand il n’y a pas du tout de thyroïde, on parle d’hypothyroïdie complète", dévoile le docteur Scheimann.

L’hyperthyroïdie de naissance existe aussi. "Il s’agit alors d’une transmission de la mère à l’enfant, si celle-ci a souffert d’hyperthyroïdie pendant la grossesse", explique l’endocrinologue.

Sources

Merci au docteur Alain Scheimann, endocrinologue, nutritionniste et diabétologue à Paris 13e.

Vidéo : Thyroïde : pourquoi ces médicaments sont dangereux ?

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