Chikungunya : comment reconnaître les symptômes ?Istock

Depuis 2010, 31 cas de chikungunya ont déjà été détectés en France. Ce virus est transmis à l’Homme par la piqûre du moustique tigre (Aedes). Alors que ce parasite envahit nos départements français les uns après les autres, les arboviroses se multiplient. Parmi ces maladies infectieuses provoquées par le moustique tigre, on retrouve la dengue, le virus Zika ainsi que le chikungunya.

"Le moustique tigre a déjà commencé à coloniser les départements du sud de la France (Alpes Maritimes, Corse, Bouches-du-Rhône et les départements du pourtour méditerranéen), décrit le Pr Stéphane Gayet, infectiologue au CHU de Strasbourg. En effet, il va se concentrer particulièrement dans les zones chaudes. Le moustique tigre a besoin de chaleur pour vivre. Il faut se rendre à l’évidence selon le Pr Gayet : l’insecte ne fera plus demi-tour. "Je ne veux pas créer de mouvement de panique, mais il est probable qu’il finisse par coloniser toute la France", estime l’expert.

Parmi les infections qu’il transmet à l’Homme, le chikungunya s’avère particulièrement invalidant. Certaines de ses conséquences peuvent même persister des années après la rémission et entraver considérablement la qualité de vie du patient. Voici les signes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille. À surveiller particulièrement s’ils suivent une piqûre de moustique.

Chikungunya : des douleurs articulaires persistantes

L’infection au chikungunya peut rapidement devenir invalidante. Et pour cause, les premiers signes vont se caractériser par des douleurs articulaires persistantes au niveau des poignets, des pieds, des doigts et des chevilles. Plus rarement au niveau des hanches et des épaules, partage l’Institut Pasteur. "Elles surviennent après un délai d’incubation de 2 à 10 jours et sont, souvent, très invalidantes", précise la fondation.

À cette atteinte articulaire s’associent fréquemment des maux de tête, accompagnés de fièvre, douleurs musculaires importantes, éruption cutanée ou encore par une conjonctivite. Des saignements des gencives ou du nez ont aussi été décrit par certains patients.

Habituellement, la rémission des symptômes clinique est assez rapide. Le virus disparait avec le temps. Or l’atteinte articulaire peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années, selon l’âge du sujet. "Selon une étude rétrospective sud-africaine, elle concernerait 10 % des patients 3 à 5 ans après une infection aiguë au virus chikungunya", partage la fondation.

Chikungunya : des complications neurologiques

"Alors que les formes sévères de chikungunya n’étaient qu’exceptionnellement décrites, l’épidémie de 2005 survenue sur l’Ile de La Réunion a permis de montrer l’existence de formes neurologiques graves, notamment des méningo-encéphalites (Inflammation simultanée du cerveau et des méninges, ndlr)", ajoute l’Institut Pasteur.

Ces formes sévères de la maladie sont principalement rencontrées chez des personnes âgées ou au système immunitaire affaibli. Les nouveau-nés peuvent aussi avoir été infectés in utéro lors de l’infection de la maman pendant sa grossesse.

Chikungunya : à quel moment consulter son médecin ?

Si la survenue de la maladie est moins brutale que pour la dengue, certains symptômes comme un mal-être général et une fièvre doit inquiéter. "Dès l'instant où vous tombez malade, il faut consulter son médecin", conseille le médecin.

"Il n'y a aucun traitement étiologique (de la cause) pour le chikungunya, mais ce tableau clinique peut aussi révéler une méningite bactérienne pour laquelle il existe un traitement urgent.

Chikungunya : des traitements uniquement symptomatiques

La prise en charge médicale est purement symptomatique. Elle repose sur des traitements anti-douleurs et anti-inflammatoires. Néanmoins, ils n’ont aucun effet préventif sur la maladie.

Tout comme c’est le cas pour la dengue, le seul moyen de se prémunir contre ses arboviroses générées par le moustique tigre est de lutter contre ce dernier. "A l'échelle individuelle, il s’agit de limiter sa propre exposition au moustique vecteur en portant des vêtements longs, en s’appliquant des répulsifs cutanés et en utilisant des insecticides", poursuit l’Institut.

Les personnes résidentes dans des zones tropicales peuvent contribuer à réduire le risque épidémique en détruisant des gites potentiels qui constituent toute réserve d’eau stagnante à l’extérieur ou à l’intérieur du domicile.

Et surtout, les voyageurs qui se rendent dans les pays où circule le virus de la dengue (Amérique Latine et Asie) doivent absolument prendre les mesures de protections qui s’imposent durant les heures d’activité des moustiques, en l’occurrence durant la journée.

Sources

Merci au Professeur Stéphane Gayet, infectiologue, hygiéniste au CHU de Strasbourg

Institut Pasteur

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