Une maladie redoutable
Un diagnostic tardif : "Il peut exister des lésions pré-cancéreuses*, mais quand le cancer du pancréas débute, il est souvent rapidement évolutif. Quand les personnes présentent des symptômes tels qu’une douleur permanente, il est bien souvent trop tard pour espérer enlever la tumeur par une opération. Celle-ci traduisant l'extension de la maladie en dehors du pancréas", explique le Pr Hammel.
A lire aussi :
Ventre plat : 5 astuces risquées à ne pas suivrePourquoi : le pancréas est un organe constitué de 2 tissus différents. Le 1er assure la production d'enzymes nécessaires à la digestion, et le 2ème gère la production de plusieurs hormones, comme l'insuline**.
L'incidence : "Près de 10 000 nouveaux cas par an en France et 80 000 en Europe." Ce cancer est plus fréquent après 50 ans.
* qui évoluent lentement pendant des années
** l'insuline régule le taux de glucose dans le sang
Des douleurs abdominales
Les manifestations : des douleurs intenses de l'estomac, parfois augmentées la nuit en position allongée, et qui irradient typiquement sous les côtes, dans le dos, vers la colonne vertébrale*.
Pourquoi : le pancréas se trouve derrière l'estomac, devant la colonne vertébrale, ce qui explique les douleurs dorsales lorsque la tumeur grossit. Elles sont souvent progressives, permanentes et gênantes**.
Assez souvent, ce symptôme se conjugue à une jaunisse si la tumeur est dans la tête du pancréas. Lorsque celle-ci s'est développée dans la queue du pancréas, loin du canal biliaire (1/3 des cas), les douleurs peuvent constituer le seul signe révélateur de la maladie.
Sachez-le : "Avec les maux de dos, les personnes atteintes consultent souvent un rhumatologue. Elles sont redirigées vers des spécialistes de l’appareil digestif après", explique le Pr Hammel.
* Il arrive parfois au début du cancer que les douleurs soient exclusivement localisées dans le dos.
** Rarement, elles se manifestent brutalement à l’occasion d’une inflammation du pancréas appelée pancréatite aiguë, si la tumeur bouche le canal pancréatique principal.
La coloration jaune de la peau
Les manifestations : un jaunissement de la peau et du blanc des yeux, des selles décolorées et un peu grasses, des urines foncées. Il arrive que la tumeur provoque également de fortes démangeaisons (prurit) sur l'ensemble du corps*.
Pourquoi : le développement du cancer au niveau de la tête du pancréas (2/3 des cas) crée un obstacle au niveau des voies biliaires. "Il se crée une compression du canal cholédoque, qui évacue normalement la bile depuis le foie vers l'intestin en vue de la digestion. En cas de tumeur obstructive, la bile reflue dans la circulation sanguine et entraîne une "jaunisse"**. Celle-ci permet parfois, de révéler la tumeur assez tôt alors qu’elle est encore petite", explique le Pr Hammel.
* Plus rarement, on retrouve dans les symptômes, si on attend trop longtemps, une infection de la bile appelée angiocholite.
** Pas de panique : d’autres causes peuvent l'expliquer, comme, un calcul qui se bloque dans le cholédoque ou une hépatite aiguë.
Un amaigrissement rapide et une fatigue intense
Les manifestations : une perte de poids importante et rapide sans cause apparente, une perte d'appétit, une fatigue importante, une sensation permanente d'estomac plein.
Pourquoi : "Il existe plusieurs causes pour expliquer l'amaigrissement comme les douleurs qui coupent l’appétit, une moins bonne digestion des aliments due à une sécrétion insuffisante d’enzymes du pancréas, une anxiété qui aggrave le manque d'appétit et l'apparition d'un diabète qui peut faire perdre rapidement du poids*. Sans oublier que la tumeur "consomme" beaucoup d'énergie car elle entraîne une forte inflammation" explique le Pr Hammel.
Il est important de traiter chacune de ces causes pour limiter l’amaigrissement.
* le sucre sanguin ne parvient plus à rentrer comme il faut dans les cellules de l’organisme.
Phlébite, diabète... les autres symptômes
Lesquels :
- les phlébites : la tumeur peut entraîner des anomalies de la coagulation du sang liées à la sécrétion de certaines substances*.
- les vomissements : apparaissent tardivement dans l'évolution de la maladie, et sont dus à une obstruction de l'intestin par la tumeur**
- la diarrhée : la destruction du pancréas peut entraîner une insuffisance pancréatique avec une mauvaise absorption des nutriments, des selles molles, associées à des ballonnements du ventre.
- le diabète : il s'agit d'une complication fréquente (30% des patients). "Il arrive qu’une portion importante du pancréas soit détruite par la tumeur, entraînant un diabète. Mais le plus souvent, la tumeur sécrète des substances qui empêche la production de l'insuline par le reste du pancréas", explique le Pr Hammel.
- la dépression : sans cause évidente, peut précéder la découverte de la tumeur.
* qui favorisent l’apparition de caillots dans les veines. Cela peut provoquer des phlébites du mollet voire une embolie pulmonaire.
** Ils peuvent également être causés par les traitements.
Quel est le taux de survie ?
Le cancer du pancréas est le plus souvent diagnostiqué par un scanner, puis confirmé par écho-endoscopie*.
On distingue 3 grandes formes de cancer : le cancer avec métastases (2/ 3 des cas), le cancer "localement évolué" non métastatique** (25% des cas) et le cancer opérable d’emblée (15% des cas).
En fonction des résultats des examens, le médecin détermine le stade d'évolution du cancer, le pronostic et le traitement. Il n'est cependant possible de formuler un pronosticprécis qu’après un certain temps d’observation de la tumeur.
L'évolution : "En France, le taux de survie à 5 ans après le diagnostic d'un cancer du pancréas est d'environ 5%. C'est l'un des cancers les plus graves. S'il est possible d'enlever entièrement la tumeur, le taux monte à 20%. Il existe également des possibilités de longue survie" explique le Pr Hammel.
* Cet examen demande une anesthésie générale. La sonde d’échographie est descendue par la bouche dans l’estomac ou le duodénum et se trouve ainsi très près du pancréas. Elle permet d’examiner la tumeur mais aussi et surtout de faire des biopsies du pancréas.
** la tumeur envahit les artères ou veines autour du pancréas et n’est pas "enlevable" par chirurgie, mais il est moins évolué que dans le cas précédent.
Remerciements au Pr Pascal Hammel, gastro-entérologue, spécialisé en cancérologie digestive à l'hôpital Beaujon, APHP, à Clichy.
Remerciements à la fondation A.R.C.A.D. (Aide et Recherche en Cancérologue Digestive).
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