528 millions de personnes vivent avec de l’arthrose dans le monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soit plus de 8 fois la population de la France ! Avec une augmentation du nombre d’arthrosiques qui suit le vieillissement général de la population (+ 113% entre les années 90 et aujourd’hui), car le pourcentage de personnes touchées augmente avec l’âge: environ 73 % des personnes ayant de l’arthrose ont ainsi plus de 55 ans. C’est aussi, de tous les troubles musculo-squelettiques (lombalgie, syndrome du canal carpien…), “l’un des facteurs majeurs des années de vie vécues avec un handicap”, précise encore l’OMS, en particulier car elle touche en priorité le genou et la hanche et handicape ainsi la marche.
Pourtant, cette pathologie aussi répandue soit-elle véhicule nombre d'idées reçues, chez les personnes qui en souffrent mais aussi parfois chez les médecins non spécialisés. “On a pendant très longtemps abordé l’arthrose de façon erronée et on a réussi à mettre dans la tête des gens que c’était une fatalité, déplore le Dr Etienne Dahan, rhumatologue. Non seulement c’est faux car avec un protocole thérapeutique correct on améliore très nettement le quotidien, mais en plus de nouvelles molécules vont très certainement arriver sur le marché dans deux ou trois ans et révolutionner la prise en charge car on pourra alors envisager de régénérer le tissu articulaire.”
Des approches personnalisées
L’une des particularités des douleurs de l’arthrose, c’est qu’elles sont consécutives à la fois à des facteurs intrinsèques et extrinsèques. “C’est la combinaison de ces deux facteurs qui favorise les douleurs”, précise le rhumatologue. Ainsi la sédentarité associée à un surmenage articulaire est l’une des causes courantes de l’arthrose, mais dans les faits, c’est très variable d’une personne à l’autre. Une personne très sédentaire pourra souffrir après avoir seulement fait une heure de jardinage sur les genoux, quand une personne plus active augmentera son seuil de tolérance. C’est pourquoi, les poncifs qui circulent sur l’arthrose (il faut éviter le sport, c'est inéluctable…) n’ont pas lieu d’être, car tout dépend de son profil. Dans le diaporama qui suit, le Dr Dahan tord le cou à 7 affirmations sur l’arthrose, couramment avancées.
L’arthrose est une maladie
Non. “L’arthrose est un processus physiologique normal, tout comme le blanchiment des cheveux, explique le Dr Etienne Dahan, ce n’est pas une maladie. Elle devient pathologique quand elle entraîne des douleurs ou une gêne. En un mot quand elle devient symptomatique”
Une douleur intense signe une arthrose avancée
Non. “La douleur n’est pas proportionnelle à l’étendue des lésions, indique notre rhumatologue. On peut tout à fait être perclus d’arthrose et courir un marathon sans douleur, tout comme on peut avoir peu de lésions et souffrir atrocement.”
Si on suspecte une arthrose, il faut impérativement faire une radio
Non et cela pour 3 raisons, précise notre rhumatologue. “La première, et la plus importante, c’est qu’il n’y a pas de corrélation entre la gravité (ou non) des dommages structuraux et la douleur ou l’état clinique. La seconde est que la radio devrait être systématiquement couplée à une échographie et c’est ce couple qui dresse un état des lieux des lésions (l’épanchement du liquide synovial, signe majeur d’une arthrose pathologique du genou, ne se voit pas bien à la radio mais très bien à l’échographie, NDLR). Et enfin, la troisième, en raison des deux premières, une radiographie est insuffisante pour permettre une stratégie pertinente de prise en charge.
En cas de douleur, il faut arrêter de bouger le temps d’aller mieux
Non. L’activité physique (qui doit être adaptée bien sûr) fait partie intégrante du traitement, au même titre que les médicaments. Moins vous bougez, moins vous sollicitez les cellules qui régénèrent naturellement l’articulation et plus vous entretenez la douleur. “La mise au repos complet, contrairement à une idée reçue, est en fait extrêmement délétère pour une articulation, explique le Dr Dahan. Si nous voulions faire un parallèle entre l’articulation et une voiture, souvenons-nous qu’une voiture qui reste dans une grange et qui n’est jamais « sortie », s'abîme bien plus vite qu’une voiture qui roule tous les jours.”
Bien boire ne change rien
Non. “Une bonne hydratation est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, notamment à l’effort du cartilage et à une bonne récupération (post -effort) et donc à la santé de l’articulation. La déshydratation a un impact sur l’articulation et crée des conditions délétères pour le cartilage favorisant in fine sa dégénérescence”, explique encore le Dr Dahan. La bonne attitude ? Boire 1.5 litre d’eau par jour, tout simplement.
La douleur est consécutive un choc
Non. “Il faut toujours un facteur déclenchant pour une douleur articulaire, mais celui-ci n’est pas forcément toujours un traumatisme (facteur dit « extrinsèque »), précise notre rhumatologue Cela peut être un stress répété ou non (comme un mouvement que l’on n’a pas l’habitude de faire et que l’on fait soudainement trop intensément), plus qu’un traumatisme. Ou un environnement propice, une prise rapide de poids, une maladie ou un état inflammatoire par exemple (dans ces deux derniers cas, on parle de facteurs « intrinsèques »)”.
Une infiltration règle le problème
Non, en tout cas pas isolément. “Une infiltration d’acide hyaluronique ou de PRP (les deux traitements disponibles actuellement, NDLR) est intéressante quand le niveau de douleur devient handicapant, précise le Dr Dahan. Mais pour qu'il y ait un résultat satisfaisant, il faut impérativement adopter (voir ré-adopter) de bons gestes. Parmi les mesures non médicamenteuses indispensables, on retrouve en premier lieu une augmentation de son activité physique, la perte de 2 à 3 kg (cela suffit largement), bien dormir, avoir une bonne alimentation, une bonne hydratation et je termine par mon préféré : acquérir une routine sportive ! (3 à 5 minutes/jours, tous les jours, d’exercices d’entretien articulaire).”
Interview du Dr Etienne Dahan, rhumatologue
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