La chirurgie par ultrasons repousse les limites de la précision. "On n’opère plus avec un bistouri mais avec une souris d’ordinateur", souligne le Dr Pascal Rischmann, professeur d’urologie et membre de l’Association Française d’Urologie, lors d’une conférence de presse. Dans une étude publiée dans la revue scientifique Science Direct le 5 décembre, le chirurgien et son équipe comparent le traitement par navigation chirurgicale robotisée Focal One® à la chirurgie classique, considérée comme la référence dans la prise en charge du cancer de la prostate. Une chirurgie dont les effets sur la continence et la sexualité sont loin d’être négligeables.
Après un diagnostic de cancer établi grâce au triptyque dosage de marqueurs PSA, IRM et biopsie, et lorsque les indications le permettent, le Focal One® peut être proposé. Avant l’intervention, les images de l’IRM sont chargées dans la machine Focal One®. La sonde de traitement, introduite dans le rectum, permet d’émettre des images échographiques 3D. Ces images sont ensuite fusionnées pour permettre un repérage précis de la tumeur. La zone à traiter est définie en fonction de l’ensemble de ces données et est visible sur l’échographie en temps réel du patient. "C’est un traitement personnalisé en fonction de la tumeur", explique le Dr Rischmann.
"Pas de plaie, pas de points de suture, pas de repos dans un lit d'hôpital pendant des jours ou des semaines. J’ai porté un cathéter pendant les premières 24 heures et j’étais un peu fatigué, mais c’était tout"
L’objectif de cette technique est d’émettre des ultrasons directement sur la zone de la prostate pour détruire les cellules cancéreuses, tout en épargnant les tissus sains alentour. Cela réduit ainsi au maximum les risques d’incontinence et d’impuissance. "C’est une chirurgie mini-invasive qui repose sur l’utilisation d’ultrasons ultra-ciblés émis par une sonde endorectale", précise le chirurgien.
Les ultrasons traversent les différents tissus et produisent, sur la zone ciblée, une chaleur intense comprise entre 80 et 100 °C. Cette élévation de température entraîne la destruction instantanée et définitive du tissu, un phénomène connu sous le nom de "nécrose de coagulation".
400 tirs d’ultrasons pour détruire une zone de tissu de 5 mm
Le traitement consiste en 400 à 600 tirs d’ultrasons focalisés de haute intensité. Chaque "tir" détruit une zone de tissu mesurant 5 mm de long sur 1,7 mm de diamètre. L’intervention est réalisée sous anesthésie locorégionale en une seule séance, d’une durée allant de 30 minutes à 2 heures selon le volume à traiter. "Pas de plaie, pas de points de suture, pas de repos dans un lit d’hôpital pendant des jours ou des semaines. J’ai porté un cathéter pendant les premières 24 heures et j’étais un peu fatigué, mais c’était tout. Le traitement s’est avéré moins douloureux que les biopsies que j’avais subies", témoigne un patient dans le média Santelog en 2022.
Une sexualité conservée dans 90 % des cas
La chirurgie classique du cancer de la prostate comporte un risque d’impuissance d’environ 50 % et un risque d’incontinence d’environ 10 %. Avec ce traitement, au-delà de la destruction totale de la tumeur, le risque de diminution de la qualité des érections est très faible. "Les patients opérés par ultrasons focalisés conservent une sexualité identique dans 90 % des cas", souligne le professeur Pascal Rischmann.
Aujourd’hui, 67 centres en France pratiquent cette technique. Le cancer de la prostate, le plus fréquent chez l’homme, a touché 59 800 patients en 2018, selon Santé Publique France. "Il évolue lentement jusqu’au jour où il s’accélère. Le seul traitement curatif reste la chirurgie ou la radiothérapie. Cette technique apparaît comme très prometteuse pour les patients", conclut le Dr Rischmann.
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