Alors que les cinq dernières années ont été essentiellement marquées par le Covid, l’année 2024 met sur le devant de la scène des avancées médicales toutes plus fascinantes les unes que les autres. Des nouveaux traitements contre l’obésité aux nouvelles techniques de greffes, en passant par un anticorps pour ralentir l’évolution de la maladie d'Alzheimer, les scientifiques ont travaillé d’arrache-pied pour faire progresser la science. Voici une rétrospective.
Xénogreffe : une transplantation d’organes de cochon chez les humains
En début d’année 2024, une équipe de chirurgiens américains a pratiqué une xénogreffe sur un patient en insuffisance rénale chronique âgé de 62 ans. Le rein provenait d'un cochon génétiquement modifié pour améliorer la compatibilité et éviter le rejet.
Le patient est décédé deux mois après l’intervention, mais il s’agit d’une première qui représente un nouveau pas vers une potentielle solution à la pénurie chronique de dons d’organes.
"Le nombre de tentatives à ce jour se compte sur les doigts d'une main, mais nous sommes bien entrés dans une nouvelle ère", indique à Medscape le Dr Valentin Goutaudier. Reins, cœur et foie sont actuellement les organes qui ont été greffés.
"L'objectif actuel, c'est de réaliser des xénogreffes chez des patients vivants en France à l'horizon 2027-2028", précise au média Medscape le Dr Alexandre Loupy, professeur de néphrologie à l’Hôpital Necker à Paris et directeur de l’Institut Transplantation et Régénération d’Organes (PITOR) de l’Université Paris Cité.
Des injections d’anticorps pour ralentir la maladie d’Alzheimer
C’est au sein du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes que 30 patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade précoce participent à un nouveau traitement à base d'anticorps anti-amyloïde, une molécule qui freine l’accumulation de dépôts amyloïdes, censée ralentir l’évolution de la maladie. Son nom : le Lecanemab.
Le médicament est injecté tous les 15 jours par perfusion. Il a pour mission de capturer l’amyloïde dans le cerveau ou dans le sang afin de l’extraire et d’empêcher la maladie de progresser dans le cerveau.
Les résultats sont très positifs. Selon les experts, le traitement réduit de 25 à 30 % le déclin cognitif chez les personnes atteintes de la maladie.
Un nouveau médicament ralentit la progression de la maladie de Parkinson
Un nouveau médicament en essai clinique a fait son apparition début 2024 : un anticorps monoclonal visant à soulager rapidement les symptômes de la maladie de Parkinson, en particulier la raideur musculaire et les tremblements.
Le déficit des neurones chargés de produire la dopamine provoque graduellement l’apparition de symptômes invalidants, comme des tremblements au repos, une rigidité musculaire ou une lenteur dans les mouvements.
Les essais cliniques du Prasinezumab sont prometteurs : ils révèlent que ce traitement peut soulager rapidement certains symptômes (15 minutes après la première prise, un record).
La prise de ce médicament pourrait, à terme, réduire les souffrances quotidiennes des malades, mais aussi celles de leurs aidants.
Cancer du sein : un traitement d'immunothérapie qui diminue le risque de récidive de 35 %
Lors du congrès de la Société Européenne d’Oncologie Médicale (ESMO), qui s’est tenu du 13 au 17 septembre en Espagne, plusieurs traitements ont montré des résultats très positifs.
Le pembrolizumab, en cours d'essai clinique, en fait partie. Une étude précédente, nommée Keynote-522, avait montré que l’ajout de cette immunothérapie avant et après la chirurgie permettait de réduire significativement le risque de rechute chez les patientes touchées par un cancer du sein triple négatif de stade 2 ou 3.
Les nouveaux résultats présentés à l’ESMO 2024 confirment le bénéfice de cette thérapie. Selon le travail de recherche, le risque de récidive est réduit de 35 %, et celui de décès, de 34 %, six ans après le traitement. Selon le média Rose Up, spécialisé dans le cancer de la femme, le pembrolizumab est accessible en France uniquement pour cette indication depuis 2022.
Obésité : un nouveau traitement
Ce traitement révolutionnaire est arrivé sur le marché français en octobre 2024. En quelques semaines, sa popularité a attiré de nombreuses personnes dans les pharmacies, malgré un coût élevé : 300 euros par mois.
Depuis début décembre, la HAS préconise une prise en charge partielle sous conditions.
Une étude publiée en 2022 dans le journal scientifique The Lancet affirme qu’une personne sur huit est obèse aujourd’hui dans le monde (ce qui représente plus d’un milliard de personnes). Malgré ces chiffres préoccupants, les propositions thérapeutiques pour endiguer cette “pandémie” restent insuffisantes.
Le Wegovy, développé par le géant pharmaceutique suédois Novo Nordisk, a prouvé son efficacité et pourrait compléter les outils thérapeutiques à disposition des médecins : suivi diététique, activité physique adaptée (APA), chirurgie…
"Ce médicament amaigrissant affiche des résultats cliniques prometteurs (environ 15 % de perte de poids en moyenne)", rappelle Le Monde.
Canal carpien : une opération possible en cabinet libéral
Fin octobre, l’Académie Nationale de Chirurgie a réuni des experts pour promouvoir la chirurgie à domicile, notamment pour les "petites" opérations de la main.
Cette pathologie, causée par la compression d’un nerf au niveau du poignet (le nerf médian), entraîne des fourmillements, des douleurs, une perte de sensibilité des doigts et une perte de force. Les symptômes sont souvent plus marqués la nuit.
Aujourd’hui, il existe une nouvelle manière d’opérer ce syndrome en cabinet. "Le chirurgien vous reçoit dans son cabinet, vous fait une anesthésie locale au niveau du poignet, incise la peau, glisse une sorte de couteau pour couper la bande fibreuse en se guidant avec un appareil d’échographie, retire le couteau et referme l’incision", explique sur France Info le Dr Alexandre Laborde, chirurgien orthopédique à Montpellier. Le patient peut aussitôt rentrer chez lui.
Détecter des micro-AVC grâce aux moules
Cette année, des scientifiques de l’hôpital de Caen se sont inspirés des moules pour trouver un traitement contre les micro-AVC. Ces crustacés se fixent sur les rochers grâce à la polydopamine, une molécule issue du byssus (les filaments que l’on observe sur leur coquille).
En laboratoire, les chercheurs ont reproduit cette substance adhésive. Elle se fixe sur des particules d’oxyde de fer, dont les propriétés magnétiques confèrent un signal en IRM, permettant ainsi le diagnostic.
La qualité biodégradable de ce produit permet également de s’accrocher sur les micro-caillots comme une moule à son rocher.
Cette technique, en essai clinique sur des souris, offre une nouvelle voie pour rendre visible l’invisible.
Le Leqembi®, traitement révolutionnaire contre Alzheimer
Après l'avoir refusé en janvier dernier, l’Agence Européenne du médicament revoit aujourd’hui sa copie et vient d’autoriser la mise sur le marché du Leqembi, un traitement révolutionnaire contre la maladie d'Alzheimer. Elle limite toutefois sa prescription aux "troubles cognitifs légers (problèmes de mémoire et de réflexion) ou de démence légère" et "chez des patients qui n'ont qu'une seule copie du gène ApoE4 – un facteur de risque de la maladie - ou qui n'en ont aucune". Or, ce gène augmente nettement le risque de développer la maladie, jusqu’à le doubler chez certaines personnes.
La fondation Recherche Alzheimer s’enthousiasme : les résultats détaillés fin 2022 dans la revue scientifique New England Journal of Medicine montrent "une baisse de 27% du déclin cognitif chez les patients qui ont suivi ce traitement par rapport au groupe sous placebo. C’est la première fois qu’un anticorps anti-amyloïde prouve ainsi son efficacité !"
De fait, cette molécule (un anticorps monoclonal, autrement dit un type de protéines) a un mode d’action jusque-là inédit puisqu'elle est capable de réduire puis d’éliminer les plaques amyloïdes, responsables de la maladie d’Alzheimer. "Ces plaques se déposent entre les cellules nerveuses situées dans la substance grise du cortex cérébral, provoquant un dysfonctionnement des connexions entre les neurones", précise la Fondation Recherche Alzheimer.
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