La peau peut être un excellent indicateur de votre état de santé. En effet, des signes précurseurs de nombreuses maladies peuvent se manifester sur l’épiderme : boutons, plaques, rougeurs, pâleur, taches… Ces dernières sont d’ailleurs à surveiller tout particulièrement, car elles peuvent être le symptôme d’une grave pathologie, comme l’hypermélanose, la septicémie ou le cancer.
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Taches brunes sur la peau : un signe de cancer ?Taches brunes : le signe d’une hyperpigmentation
Les taches brunes, parfois appelées taches de vieillesse, de soleil ou lentigo, sont liées à une hyperpigmentation de la peau, qui peut résulter d’un excès de mélanine, explique le Dr Hanène Boudabous, oncologue au sein de l’Hartmann Oncology Radiotherapy Group, et membre du Comité Scientifique de l'Institut Rafael. On parle alors d’hypermélanose.
Ces petites taches apparaissent généralement sur les mains, le visage, le cou, la poitrine, les épaules ou les bras, après des années d’exposition au soleil. “L'hyperpigmentation linéaire focale est souvent due à une phytophotodermatite, qui est une réaction phototoxique due à la lumière ultraviolette”, explique la spécialiste.
Les taches brunes peuvent révéler une maladie cancéreuse
La mélanine va alors se concentrer à certains endroits, et prendre une pigmentation plus foncée. Il ne s’agit donc pas d’une marque de vieillesse à proprement parler, même si ces taches brunes apparaissent le plus souvent après la quarantaine.
Le plus souvent, elles sont bénignes et ne nécessitent pas de traitement. Néanmoins, elles peuvent parfois être confondues avec un mélanome, ou être révélatrices de maladies cancéreuses. C’est pourquoi “il est indispensable de les surveiller et de faire une consultation au moindre changement de l’aspect de la tache brune”, recommande le médecin.
Pétéchies : si ces taches rouges persistent, il faut consulter
“Une pétéchie est une petite tache cutanée de couleur rouge à violacée, ne blanchissant pas sous la pression”, explique le Dr Boudabous. Celles-ci sont dues à l'infiltration de sang sous la peau, induite par la rupture d'un capillaire sanguin. “Il s'agit d'une présentation particulière des lésions dermatologiques regroupées sous le nom de purpura”, précise la spécialiste.
Les pétéchies peuvent être causées par une mauvaise circulation sanguine ou encore de petits traumatismes locaux. “Elles peuvent aussi être un signe de thrombocytopénie ou, plus rarement, de vascularite”, indique l’oncologue. La première étant un taux anormalement pas de plaquettes dans le sang, et la seconde, une inflammation des vaisseaux sanguins.
“Certaines tumeurs malignes peuvent produire des pétéchies”
Si elles sont généralement inoffensives, et disparaissent d’elles-mêmes au bout de quelques jours, ces petites taches peuvent aussi être le signe d’un problème bien plus grave. La spécialiste ajoute qu’il peut aussi s’agir d’une réaction allergique, de troubles auto-immuns à une chimiothérapie ou à une septicémie, et que “certaines tumeurs malignes peuvent aussi produire des pétéchies”.
“C'est pourquoi, en cas de doute, l'apparition de pétéchies devrait donner lieu à une consultation chez un dermatologue” - en particulier si elles persistent ou récidivent. Le médecin déterminera d’abord la cause de ce trouble, afin de pouvoir prescrire le traitement adapté.
Mélanome : le pronostic vital peut être engagé
Avec 15 404 nouveaux cas de mélanomes cutanés en 2017 dans l’hexagone, cette pathologie représente près de 4 % de l’ensemble des cancers, selon l’Institut National du Cancer. Ils se développent à partir d’une cellule qui se transforme et se multiplie de façon anarchique, jusqu’à former une tumeur maligne.
“Cette tumeur peut apparaître sur une peau saine - dans 70 à 80 % des cas - ou résulter de la transformation maligne d’un nævus(ou grain de beauté, ndlr), prolifération bénigne des mélanocytes”, indique le Dr Boudabous.
Le diagnostic repose sur les examens clinique et anatomopathologique
“Le diagnostic clinique d’un mélanome cutané repose sur l’analyse sémiologique d’une lésion pigmentée à l’aide de la règle ABCDE”. À savoir :
- Asymétrie : une lésion susceptible d’être un mélanome est de forme asymétrique.
- Bordure : cette lésion a des bords irréguliers, encochés, polycycliques.
- Couleur : elle est aussi de couleur hétérogène, c’est-à-dire associant plusieurs couleurs (brun clair ou foncé, rouge, bleuté, noir...).
- Diamètre : cette lésion a généralement une taille supérieure à 6 mm.
- Évolution : elle a pour caractéristique de changer d’aspect, de taille, de couleur, d’épaisseur.
“Ce diagnostic clinique doit toujours être confirmé par l’examen anatomopathologique sur une pièce d’exérèse complète de la lésion, et non sur une biopsie qui peut entraîner des erreurs diagnostiques”, souligne l’oncologue. En d’autres termes, la totalité de la lésion est retirée par le médecin - c’est l’exérèse diagnostique - avant d’être analysée au microscope. Cela permet de vérifier s’il s’agit bien d’un mélanome, et de déterminer son stade.
Lorsque le diagnostic de cancer est confirmé, des examens complémentaires sont alors nécessaires, pour orienter les médecins vers le traitement adapté. Si la lésion est épaisse, une seconde opération est souvent requise, pour s’assurer que toutes les cellules cancéreuses ont bien été retirées.
Mélanome de la peau : quels sont les traitements ?
“Les options thérapeutiques sont définies en fonction notamment de la localisation, du stade, de l’histologie, de la lésion et de l’état général du patient”, explique Hanène Boudabous. Lorsqu’il n’est pas métastatique, la chirurgie est son traitement de référence. “En situation métastatique, le traitement peut être de l’immunothérapie, une thérapie ciblée, ou encore la chimiothérapie et la radiothérapie”.
Si vous constatez une tache suspecte sur votre peau, correspondant aux critères ABCDE, il est important de consulter rapidement votre médecin traitant, qui pourra vous orienter vers un dermatologue si nécessaire. En vous y prenant trop tard, “vous risquez une maladie qui évolue rapidement et devient métastatique ou inopérable, ce qui aggrave le pronostic”, met en garde l’oncologue.
Merci au Dr Hanène Boudabous, oncologue au sein de l’Hartmann Oncology Radiotherapy Group, et membre du Comité Scientifique de l'Institut Rafael.
Épidémiologie des cancers cutanés, Institut National du Cancer, 8 mars 2019.
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