Problématique escamotée sous le sapin, le gaspillage alimentaire est une habitude qui pourrait passer pour une tradition, tant elle est monnaie courante : 8 Français sur 1O reconnaissent gaspiller de façon importante pendant les fêtes, selon un sondage Too Good To Go, mené avec YouGov, paru le 29 novembre 2023. L’envie de faire plaisir pendant ces moments de retrouvailles entre proches peut expliquer cette tendance à acheter (et manger) plus de raison. Mais chez la majorité des Français, ce comportement puise aussi ses racines dans une peur irrationnelle de manquer. Selon l’enquête, 6 Français sur 10 (63 %) reconnaissent acheter plus de nourriture que nécessaire afin de s’assurer de ne manquer de rien. Une tendance qui s'avère encore plus marquée chez les 18-34 ans (71 %).
Le pain et les féculents, les aliments les plus gaspillés
Dans le palmarès des aliments les plus gaspillés pendant les fêtes, le pain arrive en haut du panier (37 %), talonné par les accompagnements (32 %) tels que le riz, les pâtes ou encore les pommes de terre.
Sur la troisième place du podium, on retrouve les apéritifs : les toasts et les verrines comptent parmi les plus gaspillés (29 %), en particulier chez 36 % des 18-24 ans.
La générosité de Noël rime souvent avec repas gargantuesque et record de calories (comptez 3 000 calories en moyenne pour le repas du Réveillon auquel s’ajoute 3 000 calories pour le repas du 25). Cette surcharge alimentaire s’accompagne inévitablement d’une propension à en laisser dans l’assiette : les desserts, la viande, les sauces et les lichouseries à foison ne sont pas épargnés par cette gabegie.
De la difficulté à viser juste en quantité dans l'assiette
Alors que ces agapes pantagruéliques sont compensées par une diète, cure de soupes et autres astuces détox post-fêtes destinées à s'alléger, on peut s’interroger : pourquoi consommer autant si c’est pour jeter par la suite ? Pour Raphaël Gruman, nutritionniste, cette surconsommation festive qui finit en gaspillage (et parfois overdose alimentaire) trouve son origine dans la convivialité et la difficulté à évaluer les bonnes quantités.
"En cette période de fêtes, nous avons tendance à nous réunir à plusieurs. Il est parfois difficile de calculer les bonnes quantités pour chaque convive. C’est d’autant plus vrai pour les grandes tablées avec la succession de plats. Et les fêtes de fin d’année sont l’occasion de multiplier les plats sur un même repas". Autrement dit, nous avons tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre.
60 % des Français vont changer leurs habitudes alimentaires pour les fêtes
A l’heure de l’inflation alimentaire, de nombreux Français cherchent cette année à diminuer la note et à réduire le gaspillage alimentaire. 60 % des sondés vont changer leurs habitudes alimentaires pour les fêtes, précise encore le sondage Too Good To Go. Pour un tiers des répondants, ce comportement éco-raisonné passe par une réduction de la quantité de nourriture achetée.
En pratique, quelles solutions anti-gaspi peut-on mettre en place pour éviter de jeter, sans pour autant rogner sur la bonne chère ? Raphaël Gruman nous donne 7 conseils à l’approche des fêtes.
Noël anti-gaspi : que faire des restes de verrines, de viandes, de sauce ?
"Les verrines peuvent tout simplement être reproposées tel quelles, si elles n’ont pas subi de choc thermique", explique Raphaël Gruman à Medisite.fr.
Les verrines contenant des aliments "fragiles" comme le poisson cru et la viande crue connaîtront un sort différent : "il faudra les jeter pour éviter une intoxication alimentaire".
En revanche, les viandes qui ont été cuites peuvent être facilement réutilisées : "les viandes peuvent servir dans un hachis parmentier que ce soit de dinde, de boeuf ou de canard, ou encore une tourte à la viande. La sauce peut servir à lier la viande dans le hachis pour éviter qu’il ne soit trop sec", conseille le nutritionniste.
Quant au poisson, il peut servir de base pour une terrine de la mer.
Peut-on conserver au frigo les restes des repas de fêtes ?
Face à la quantité de restes, la tentation est grande de garder au réfrigérateur les aliments pour les consommer les prochains jours. 41 % des Français ont pris cette habitude de partager les restes avec leurs proches, selon le sondage To Good To Go. Prudence toutefois à la durée de conservation des aliments, prévient Raphaël Gruman. "Tout dépend du type d’aliment que l’on souhaite conserver. Par exemple, pour les fruits de mer et les poissons et viandes crues, il n’est pas possible de les conserver pour les consommer plus tard. Il est cependant possible de cuire les poissons et la viande pour la consommer le lendemain. Pour les viandes cuites et poissons cuits, il est possible de les consommer jusqu’à 3 jours à condition de bien les filmer".
Congeler les restes, bonne ou mauvaise idée ?
Placer les restes des repas de fêtes au "congélo", une astuce qui emporte l’adhésion de 63 % des Français, selon le sondage Too Good To Go. Une bonne chose ? "Oui, abonde notre nutritionniste, à condition que les aliments soient bien cuits au préalable. Il est préférable d’avoir une sauce qui entoure ses aliments car la surgélation et le fait de réchauffer les restes dessèche le produit, explique le spécialiste. Il faut également penser à étiqueter le produit pour avoir une date de congélation. On ne conserve pas plus de 6 mois des aliments que l’on a congelés soi-même".
Peut-on donner les denrées non consommées à son entourage ?
Dans la lignée du partage des restes, il y a ceux qui donnent généreusement les restes à leurs convives, amis ou leur famille pour qu’ils puissent les emporter chez soi. Une stratégie qui a du sens, à condition là aussi de faire montre de vigilance. "Attention de ne pas avoir de rupture de la chaîne du froid surtout sur les produits sensibles comme ceux qui contiennent de la crème fraîche ou des oeufs crus, comme la mayonnaise, ou encore la sauce à la crème", prévient Raphaël Gruman.
Peut-on mitonner des recettes anti-gaspi pour réutiliser ses restes ?
Les Français aiment la cuisine. Et les restes des repas de fête peuvent servir de bons ingrédients à des recettes anti-gaspillage. 34 % y ont d’ailleurs recours, d’après l’enquête To Good To Go. "C’est une très bonne idée, confirme Raphaël Gruman. Il suffit de s’assurer de bien recuire les produits pour éviter tout risque sanitaire. La cuisson à coeur du produit garantit l’élimination des bactéries. C’est surtout vrai pour la viande et le poisson".
Doit-on ranger et vérifier son frigo plus souvent après les fêtes ?
Notre expert conseille de faire un grand nettoyage du réfrigérateur avec de la javel, une fois les agapes terminées : "Compte tenu des grandes quantités de produits qui ont transité par le réfrigérateur et des potentiels renversements de restes, je préconise de bien nettoyer son réfrigérateur, une fois qu’il est bien vidé, suggère Raphaël Gruman. Ce sera aussi l’occasion de trier les produits trop anciens comme des sauces même si elles sont industrielles (Ketchup, mayonnaise, moutarde…)".
Planifier les repas des fêtes, une parade efficace contre le gaspillage alimentaire ?
Organiser les repas de fêtes est une habitude embrassée par de nombreux Français, afin d’éviter tout oubli et de déconvenue le jour J. Cette technique est bienvenue pour gérer les quantités et minimiser les restes alimentaires, note Raphaël Gruman qui encourage à la suivre. "Le planning des repas permet de compter au plus juste les portions pour éviter d’avoir trop de restes. C’est une bonne chose quand les repas de fêtes de succèdent (24 au soir, 25 à midi, 31 puis 1er janvier…). Les réunions de famille ou entre amis sont l’occasion de prévoir de grandes tablées et établir le menu et les plannings de repas, permet donc de ne pas trop acheter et d’éviter ainsi de perdre trop d’aliments."
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