Alors que le soleil fait son grand retour, il est possible que votre peau réagisse mal à la rencontre des rayons ultraviolets (UV). "Cela peut se traduire par diverses réactions inesthétiques. Le plus souvent bénignes, elles sont parfois invalidantes", indique auprès de The Conversation Corine Bertolotto, directrice de recherche de l'équipe Biologie et Pathologies des mélanocytes au Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire à l’Université de Côte d’Azur.
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Allergie au soleil : 5 gestes pour la soulagerOn parle alors "d’allergie au soleil". "Elles regroupent notamment la lucite, qu’elle soit estivale bénigne (fréquente) ou polymorphe (plus rare), l’urticaire solaire ou des réactions de photosensibilisation", continue la spécialiste.
Les différents types d’allergies au soleil
La lucite estivale bénigne, la lucite polymorphe et l’urticaire solaire sont les trois formes les plus répandues d’hypersensibilité au soleil. Il existe une forme plus rare : la photodermatose printanière juvénile. Elle se caractérise par une éruption cutanée croûteuse au-dessus des oreilles, plus fréquente chez le garçon, entre 5 et 12 ans. Cette atteinte est généralement bénigne.
La lucite estivale bénigne
Il s’agit de la forme la plus fréquente, mais aussi la moins grave des allergies au soleil. Plus fréquente chez les femmes, les symptômes apparaissent quelques heures après l’exposition au soleil, surtout en début de saison estivale. Il s’agit de petits boutons rouges, qui apparaissent sur les zones les plus exposées comme les bras, le décolleté, mains pieds et épaules. Le visage n’est généralement pas touché.
Ces éruptions cutanées s’accompagnent souvent de démangeaisons qui peuvent être intenses. Cependant, la lucite disparaît spontanément en quelques jours, généralement en une semaine, à condition de ne plus s’exposer au soleil. Elle récidive chaque année et à tendance à diminuer avec le bronzage.
La lucite polymorphe
Moins fréquente, mais plus grave que la lucite estivale bénigne, la lucite polymorphe peut toucher les enfants et les jeunes adultes. Elle tend à récidiver d’année en année tout en s’aggravant.
Elle apparaît souvent dès le printemps, même par temps couvert ou lors d’une exposition derrière une vitre, quelques heures après l’exposition au soleil. Elle provoque des petits boutons rouges accompagnés de plaques. Les boutons peuvent être remplis de liquide et suinter, donnant un aspect d’eczéma. Ils apparaissent sur toutes les zones découvertes, y compris sur le visage.
Également présente sur la peau bronzée, la lucite polymorphe nécessite une consultation chez un dermatologue, car les lésions peuvent persister toute l'année.
L’urticaire solaire
L’urticaire solaire est une allergie au soleil qui se déclenche dans les 15 minutes qui suivent l’exposition. Les rayonnements responsables peuvent être les UVA, les UVB ou la lumière visible. Ce sont plus souvent les femmes jeunes qui en sont atteintes, entre 20 et 30 ans.
Les symptômes les plus fréquents de l’urticaire solaire sont :
- des boutons sur les bras, les jambes et/ou le décolleté,
- des démangeaisons intenses comme celles qui sont provoquées par des piqûres d'orties,
- des sensations de brûlure, d'engourdissement ou des picotements au niveau des zones atteintes,
- des maux de tête ;
- des vertiges ;
- des sensations de malaise.
Les symptômes disparaissent spontanément en quelques heures, et ce, sans traitement après l’interruption de l’exposition au soleil. De plus, l’urticaire solaire peut disparaître au fil des années.
"Toutes les peaux peuvent être touchées par des allergies au soleil. On considère ainsi que 10 à 20 % de la population française serait concernée par les lucites estivales", révèle Corine Bertolotto auprès de The Conversation. "Ces dernières se manifestent plus fréquemment chez les femmes jeunes de 20-30 ans (90 % des cas)… ce qui ne veut pas dire que les hommes sont épargnés. Enfin, avoir la peau claire augmente les risques d’être affecté."
Allergies au soleil : quelles sont les causes ?
"Elles se produisent le plus souvent sur des zones de la peau habituellement peu exposées ou qui n’ont pas été exposées depuis un certain temps (au sortir de l’hiver par exemple)", indique la spécialiste. Toutefois, "la cause exacte de ces allergies n’est pas toujours connue. On sait simplement que les photodermatoses sont une réaction inflammatoire anormale de la peau à la lumière."
Par exemple, pour ce qui est de l’urticaire, les professionnels de santé ont conclu qu’elles résulteraient d’une réaction des cellules immunitaires présentes dans la peau. "En réponse à l’exposition aux rayons UV, les cellules immunitaires, en particulier les mastocytes et les basophiles (tous deux de la famille des globules blancs), peuvent libérer de l’histamine, un médiateur majeur des réponses allergiques", complète l’experte.
Pour d’autres, comme les réactions de photosensibilisation, "l’allergie serait provoquée par une réaction chimique entre une exposition solaire et un produit appliqué sur la peau (parfum, cosmétique…)", signale Corine Bertolotto. Certains médicaments comme des antibiotiques, des diurétiques ou encore des antifongiques seraient responsables d'allergies au soleil.
Comment s’en prémunir ?
Selon la spécialiste, la meilleure manière d’arrêter les symptômes est d'interrompre l’exposition au soleil. Pour cela, portez un tee-shirt, un chapeau ou une casquette, privilégiez les zones d’ombre et utilisez une crème solaire avec un indice fortement protecteur (au moins 50). "Et dans le cas des photosensibilisations, il faut éviter les allergènes connus."
"Les symptômes vont parfois persister ou être plus importants. Dans ce cas, une intervention médicamenteuse peut être nécessaire pour les apaiser", recommande Corine Bertolotto auprès de The Conversation. "Les traitements proposés sont des applications topiques de crèmes apaisantes pour les cas les plus bénins, ou à base de corticoïdes, et la prise orale d’antihistaminiques qui bloquent les effets de l’histamine et de l’inflammation."
Par ailleurs, il est également conseillé d’exposer progressivement sa peau au soleil afin de l’habituer au rayonnement UV. Donc, évitez les horaires durant lesquels le soleil est le plus agressif, autrement dit entre 12h et 15h. "Vous pouvez également prendre des compléments alimentaires comme des bêta-caroténoïdes, précurseur de la vitamine A, aux propriétés photoprotectrices, ou en ayant recours à un traitement reposant sur de l’acide para-aminobenzoïque", suggère l’experte. "En cas de lucite polymorphe, des antipaludéens de synthèse (type Plaquenil) peuvent être prescrits en amont."
https://theconversation.com/allergies-au-soleil-quelle-s-origine-s-et-comment-reagir-186338
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